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21e Dimanche du Temps Ordinaire (B)

23 août 2015

Jos. 24, 1-2a.15-17.18b

Jn 6, 60-69

Guy Lapointe

À qui irions-nous?       

 

Guy Lapointe

C’est le cinquième dimanche d’affilée que nous écoutons le discours de Jean sur le pain de vie, un sommet du message évangélique. Nous avons aujourd’hui la conclusion. Discours qui fait suite à la multiplication des pains. En écoutant ce discours, on a peut-être l’impression qu’il y a des répétitions : « Je suis le pain venu du ciel… C’est mon Père qui vous donne le vrai pain venu du ciel… Ce pain-là qui descend du ciel celui qui en mange vivra éternellement… » Plutôt que des répétitions, je dirais mieux, ce sont des insistances sur une réalité que nous n’avons et que nous n’aurons jamais fini de saisir à même notre foi et notre quotidien. C’est de l’humanité de Jésus dont il s’agit; c’est aussi de notre humanité dans notre expérience de foi, à même notre quotidien, dont il est question.   

Guy LapointeLa crise est très grave. Elle gagne jusqu’aux plus proches de Jésus. Une crise de confiance. Toutes les ruptures commencent ainsi. Jésus est prêt à voir même les Apôtres le quitter. Lui, avant tout fidèle à son Père, lui-même Parole faite chair dans un corps d’homme. C’est cela qui semble intolérable à plusieurs.       

Aujourd’hui, c’est le dimanche du choix. Jésus, constatant le départ de plusieurs disciples demande à ses apôtres : « Voulez-vous partir, vous aussi? Et Simon-Pierre lui répondit : Seigneur vers qui pourrions-nous aller, tu as les Paroles de la vie éternelle. »? Dans la première lecture, Josué posait aux gens de son peuple à peu près la même question : S’il ne vous plaît pas de servir le Seigneur, choisissez qui vous voulez servir ».Le peuple répondit : « Plutôt mourir que d’abandonner le Seigneur pour servir d’autres dieux ». C’est lui qui nous a sorti du pays d’Égypte.  

Qu’est-ce que cela veut dire? Cela veut dire que chez les premiers chrétiens, et ici dans la communauté de Jean, il n’y avait pas unanimité sur la foi en Jésus Christ. C’est normal que les croyants de cette époque et nous, aujourd’hui, nous portions des questions dans notre foi et que nous trouvions des voies pour garder la confiance. La foi, c’est faire confiance. C’est l’attitude que nous retrouvons chez Pierre dans sa réponse « À qui irions-nous, tu as les paroles de la Vie… »         

Ce que Jean veut faire comprendre aux communautés chrétiennes, c’est que Jésus a assumé son humanité jusqu’au bout. Et c’est ainsi qu’il devient Fils de Dieu, qu’il donne un visage à Dieu. Et c’est en assumant notre propre humanité à nous que nous sommes invités à vivre notre foi. À travers les gestes et les paroles de Jésus, on prend conscience, avec toutes nos questions qui restent souvent sans réponse que Jésus nous parle d’un Dieu qui nous ressemble. J’ai été surpris en parcourant le livre de Benoît XVI sur Jésus de lire ceci : « Dieu s’est tellement rapproché de nous qu’il semble cesser d’être Dieu pour nous ». Et pourtant, c’est ce qui fait la richesse de notre foi dans ce que nous sommes appelés à vivre. Il faut avouer qu’on a de la difficulté à assumer notre humanité et celle du Dieu fait homme en Jésus.   

Pourtant, Dieu s’est fait reconnaître à travers un homme, Jésus de Nazareth. Où en sommes- nous aujourd’hui? Qu’en est-il de notre foi chrétienne? Il y a bien sûr ces hommes et ces femmes, et ils sont nombreux, qui ne croient pas au Christ. Ces personnes on doit les respecter. Mais les autres, celles et ceux qui y croient, comment se situent-ils par rapport à ce discours de Jean sur le Pain de Vie? Plusieurs hésitent et éprouvent des difficultés à accepter de vivre leur humanité et à croire que c’est par elle que Dieu peut encore se dire et s’exprimer aujourd’hui. C’est ce que Jésus de Nazareth est venu nous apprendre. Un croyant Juif parlant de sa tradition disait : « Nous ne sommes pas un peuple choisi, mais un peuple qui choisit ». Ce choix fondamental est important pour chacune et chacun de nous et il influence le choix des autres.         

En terminant, la question posée aux douze dans l’Évangile d’aujourd’hui : « Voulez-vous partir vous aussi? » et à laquelle Simon-Pierre répondit : « Seigneur vers qui pourrions-nous aller tu as les paroles de la Vie éternelle » c’est à nous qu’elle est posée maintenant et ce n’est pas tout d’y répondre par une phrase toute faite qui ressemblerait à la réponse de Pierre. Croire, c’est percevoir la lueur au-delà des mots et des rites. Et c’est cela aussi manger la Parole et s’en nourrir. Car accepter de poursuivre la route avec le Christ, c’est assumer notre humanité jusqu’au bout, en nous inspirant de la sienne et en nous laissant transformer par ce Jésus de l’histoire pour devenir avec lui ce qu’il est devenu à Pâque: Christ vivant ressuscité.

Communauté chrétienne Saint-Albert-Le-Grand de Montréal