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17e Dimanche du Temps Ordinaire (B)
26 juillet 2015
Évangile sous forme de conte
Christine Mayr
… C’est la célébration de la Parole, alors, célébrons-la!
Au lieu de vous lire l’Évangile je vais vous conter la Bonne Nouvelle.
Je suis toute contente de voir que malgré les vacances il y a des enfants, car mon conte parle d’un enfant : Ti-Jean qui habite les contes folkloriques du Québec. Mais cela aurait aussi pu être une fille, Jeannette, peu importe.
Cela se passe il y a 2000 ans. Dans un petit village en Galilée tous les adultes sont assemblés autour d’un homme : un conteur; mais pas un conteur comme les autres. Celui-ci ne conte pas des contes folkloriques. Il parle de Dieu. Il dit que le temple à Jérusalem est loin, mais que Dieu est proche. Dieu est comme un père qui aime tous ses enfants, dit-il, ceux qui peuvent sacrifier au temple et ceux qui ne peuvent pas. Les gens sont ravis, ils écoutent.
Les enfants sont loin. Ils jouent ailleurs. Mais Pierre, le cousin de Ti-Jean vient les chercher. Pierre n’est ni un enfant, ni un adulte. C’est un ado. Il annonce : « Venez, il y a un conteur au village! » Les enfants partent en trombe. Ils courent, ils sautent, ils font du bruit. Mais au village ils ne trouvent pas un conteur, mais un mur de dos — et des adultes qui se retournent et disent : « shut! ne dérangez pas! »
Vous reconnaissez l’histoire : c’est Jésus qui dit : « Laissez les enfants venir à moi. Ce sont eux qui comprennent dans leur cœur d’enfant le Royaume de Dieu. »
Et voilà les enfants assis autour de Jésus — et Ti-Jean juste en face de lui — et Ti-Jean qui décide qu’il veut suivre Jésus.
Mais, au moment où Jésus part pour un autre village, il dit à Ti-Jean : « Tu me suivras plus tard, mais aujourd’hui tu restes avec tes parents. Tu es encore trop jeune. »
Ti-Jean sait ce qu’il veut. Il garde ses yeux et ses oreilles grand ouverts. Un jour il entend un adulte qui dit : « … demain au lac de Tibériade … » Jean demande à ses parents : « Demain, Jésus sera au Lac de Tibériade? » « Oui »
« Est-ce que vous y allez? »
« Oui »
« Puis-je vous accompagner? »
« Mais voyons donc, Ti-Jean » dit la mère, « tu es encore beaucoup trop petit pour un si long voyage. Ce sont des heures et des heures de route. Il faut partir même avant le lever du soleil; pas question! »
« Papa! » implore Ti-Jean, et papa lui fait un clin d’œil : « Mon gars » dit-il, « je ne veux pas contredire ta mère. Elle a certainement raison : les enfants qui trouvent chaque soir une autre excuse pour ne pas se coucher, ne sont certainement pas capables de se lever si tôt. »
Ti-Jean a compris. Ce soir il se couche même avant le coucher du soleil. Mais il ne peut pas dormir. Il tourne et se retourne dans son lit — et dans sa tête se tournent et retournent les pensées et les craintes : Quoi, si vraiment il serait trop petit, trop faible pour ce long voyage? …
Puis il a une idée et il la met en pratique tout de suite. Il va à la cuisine et se prépare pour le lendemain. Puis il s’endort et ne se réveille qu’au moment où la porte claque. Il ouvre les yeux : il fait noir, ses parents sont partis.
Ti-Jean met les vêtements qu’il avait déjà préparés la veille. Il sort de la maison. C’est la nuit noire. Il n’y a qu’une toute petite lune. On dirait que le Bon Dieu s’est coupé l’ongle d’un doigt. — Et tout au loin, il y a une petite lumière : la lanterne de ses parents. Ti-Jean suit de loin. Il ne veut pas être découvert et renvoyé à la maison.
La lanterne de ses parents disparaît. Ils sont entrés dans la forêt. Ti-Jean y entre à son tour :
Il fait totalement noir. Jean ne voit ni la lune, ni la lanterne de ses parents, il tâtonne, il trébuche, il entend les bruits de la nuit — il a PEUR!
Mais plus grand que sa peur est son désir de voir Jésus.
« Aide-moi, je veux te voir » dit-il — et voilà que le ciel change de noir en gris — et voilà qu’il arrive à la lisière du bois et qu’à l’horizon le soleil se lève. Il a l’air d’un œil de feu qui réchauffe le cœur…
Ti-Jean reprend courage, il continue la route. Le soleil monte dans le ciel, la route monte les collines. Il fait chaud. Ti-Jean a soif. La langue lui colle sur le palais, ses pieds deviennent de plus en plus lourds. Il n’en peut plus.
« Aide-moi, je veux te voir » dit-il. Et voilà qu’il entend le petit bruit d’une source. Il se penche, il boit. Il retrouve sa force, l’espoir, la confiance…
Il monte la dernière colline et voit en bas le lac. À la rive, sur un rocher, Jésus est assis — autour de lui ses disciples, ses amis — et autour d’eux une foule; 100 personnes? Cinq cents — mille — cinq milles! Jean ne peut pas les compter.
Il dégringole la colline, et — une autre fois — se trouve devant un mur de dos. Il sait déjà quoi faire : il se met à quatre pattes et rampe à travers cette forêt de jambes et de genoux. Il en sort juste en face de Jésus, s’y assoit et écoute. Il boit les paroles de Jésus comme il avait bu à la source…
Puis, un bruit, un bruit affreux! Cela ne peut pas être une bête sauvage, ici parmi tous ces gens? Non, c’est le bruit de son estomac, et ceux de ses voisins. Un bruit affreux. Même les disciples l’ont entendu.
Ils interrompent Jésus : « Maître, les gens t’ont écouté toute la journée. Maintenant ils ont faim. Renvoie-les, qu’ils puissent manger chez eux. »
Mais Jésus ne veut rien savoir : « Donnez-leur à manger, vous autres. » dit-il.
Les disciples se regardent, haussent les épaules; le maître aurait-il pris un coup de soleil? Où prendre assez d’argent pour acheter du pain pour tant de monde? Et même s’ils en avaient — le prochain village est loin…
Ti-Jean s’est déjà levé. En trois bonds il est devant Jésus. De sa poche il tire la collation qu’il y avait mise la veille, mais qu’il n’a pas encore mangée : cinq petits pains et deux poissons séchés. « Tiens! » dit-il, « prend-les! »
Jésus le regarde — son œil est comme le soleil levant…
Ti-Jean, devenu grand Jean et vieux Jean est encore porté par ce regard…
Jésus pose Ti-Jean devant lui, met ses bras autour de lui, tient dans sa main les cinq pains et les deux poissons et dit :
« Père, je te remercie pour ce pain, fruit de la terre et du travail des hommes, bénis-le, bénis aussi ces poissons.
Je te remercie, Père, pour cet enfant, qui dans son cœur d’enfant a compris que la vie n’a de sens que dans le partage. Bénis-le! »
Et maintenant Jésus prend un des cinq pains et le donne à Ti-Jean : « Prends et mange, mon grand » dit-il, « tu dois avoir faim. Partager ne veut pas dire tout donner. Ça veut simplement dire partager. »…
Puis Jésus se tourne vers d’autres, leur donne du pain et des poissons et dit : « Prenez, partagez et mangez! » Mais ceux-là baissent les yeux et rougissent. « Maître » disent-ils, « Nous aussi avons apporté notre collation. Mais nous avons eu peur de la sortir. Cela ne sera jamais assez pour tous, avons-nous pensé. Mais maintenant, nous aussi, nous sommes prêts à partager. »
C’est ainsi que toute cette foule a mangé. Ceux qui avaient ont partagé avec ceux qui n’en avaient pas. Et c’était comme c’est toujours quand on partage, c’était comme c’est à nos repas communautaires : Après que tous ont eu fini de manger il y avait encore beaucoup de restes…