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16e Dimanche du Temps Ordinaire (B)
19 juillet 2015
Un repos qui s’appuie sur la bienveillance de Dieu
Bruno Demers
Pendant l’année régulière, souffrez-vous de marthalisme? C’est une des 15 maladies de la curie identifiées par le pape François lors de son discours juste avant Noël dernier et qui a tant fait jaser. En référence à Marthe, dans l’évangile de Marthe et Marie, le marthalisme c’est l’excès d’activité et d’agitation dans notre emploi du temps. Excès qui conduit à ne plus trouver de temps pour nous arrêter et nous asseoir aux pieds de Jésus. C’est pour cela que Jésus nous invite ce matin : « Venez à l’écart dans un endroit désert et reposez-vous un peu ».
C’est un peu curieux parce que, dans le même texte, Jésus est tout de suite sollicité par des demandes et on dit qu’il se mit à instruire longuement la foule. Je vais donc laisser de côté cette partie du texte pour m’en tenir à la première recommandation de Jésus en fidélité au discours du pape François. Parce que, nous le savons, négliger le repos conduit au stress et à l’agitation, à l’épuisement professionnel sinon au burnout! Comme le dit Qohélet : « Il y a un temps pour chaque chose ». D’ailleurs, dans l’Évangile, on voit régulièrement Jésus se retirer à l’écart pour se reposer et prier avant d’entreprendre une nouvelle étape de sa mission.
Évidemment, dans nos Écritures fondatrices, il n’est pas question de vacances. Le mot n’y apparaît jamais. C’est une réalité toute récente dans notre civilisation. Les gens qui vivaient à la campagne, sur une terre, autrefois, ne prenaient jamais de vacances. Mais ils avaient un rythme de vie équilibré. Ils se reposaient régulièrement, la plupart du temps le dimanche. Comme Dieu l’avait fait lui-même lors de la création : « Au septième jour, il chôma, après tout son ouvrage de création ». Pour beaucoup de juifs encore, le repos du shabbat, c’est sacré.
« Venez à l’écart dans un endroit désert ». La première condition pour nous reposer, c’est d’arrêter nos occupations habituelles. Se mettre à l’écart, se retirer de l’agitation qui nous entoure. Couper avec le rythme effréné de notre société de production et de consommation. Nous sommes tellement marqués par elle que même nos vacances s’inscrivent dans son rythme. On se dépêche à se reposer pour être plus performant après. Non, le repos et les vacances sont tout d’abord pour nous-mêmes, pour retrouver notre propre rythme personnel.
C’est pourquoi la deuxième condition du repos consiste, une fois la fatigue évacuée, à faire des activités qui nous plaisent. Le temps des vacances est l’occasion de retrouver et de cultiver ce que nous aimons faire, ce qui donne de l’agrément à notre vie. Il est important de retrouver nos préférences pour renouer le contact avec ce qui nous rattache à la vie, ce qui nous donne de l’élan. Il importe de développer et d’entretenir ce qui relève de la qualité de la vie.
Les textes de ce dimanche nous proposent d’aller encore plus loin dans notre façon de nous reposer. On nous parle de repos dans la foi avec l’image du bon berger : « Jésus fut saisi de pitié parce qu’ils étaient comme des brebis sans berger. Le Seigneur est mon berger, sur des prés d’herbe fraîche il me fait reposer. Je leur donnerai des pasteurs qui les conduiront ». Cette image du bon berger nous fait spontanément sourire car elle donne l’impression de nous assimiler à des moutons.
Or cela est aux antipodes de ce que les premiers chrétiens voulaient nous dire. D’ailleurs l’image du bon berger est une des plus anciennes représentations de Jésus Christ, bien avant la croix. Elle se retrouve dans plusieurs catacombes. À l’époque, la plupart des chefs politiques étaient des tyrans. Quand en survenait un qui manifestait de l’humanité, de la bienveillance pour ses gens, on l’appelait le « bon berger ». C’est cette signification que les premiers chrétiens avaient en tête.
On peut se reposer car notre Dieu est comme un bon berger pour nous. Jésus Christ incarne cette image par son sens de la justice et de la bonté. « Et moi, je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin des temps ». Nous pouvons nous reposer parce que notre histoire est habitée par un projet de bienveillance. Nous avons à l’annoncer mais ce n’est pas à nous de convertir le monde. C’est l’Esprit saint qui le fait. Ce qui nous revient, c’est de témoigner de la venue du Royaume de Dieu. Ça nous permet de nous reposer. Ça nous permet de faire confiance au rythme de Dieu.
Bruno Demers