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Fête du Saint Sacrement du corps et du sang du Christ (B)

7 juin 2015

  Vivre sa présence et partager

Ex.24, 3-8

Mc 14, 12-16, 22-25

Guy Lapointe

Guy Lapointe

En préparant cette homélie de la fête du Saint Sacrement du corps et du sang du Christ, — autrefois la Fête-Dieu, une appellation plus simple —  je me suis rendu compte, d’une façon encore plus claire, que les évangélistes nous montrent souvent Jésus partageant la table avec toutes sortes de personnes, pas toujours des personnes très recommandables. Repas de noce à Cana, repas chez des publicains et des pécheurs, repas avec des pharisiens, repas intime chez Lazare, Marthe et Marie. Des repas auxquels Jésus est invité et des repas aussi où c’est Jésus qui invite… Mais de tous ces repas, le plus grand, le plus significatif est un repas de fête, le dernier repas, celui auquel nous sommes aujourd’hui invités à participer, en diverses occasions, surtout le dimanche.        

Guy LapointeLe passage de l’évangéliste Marc que nous venons d’entendre, parle du repas pascal qui fait mémoire de la sortie d’Égypte et qui se vivait dans une ritualité bien connue. Jésus, avec ses disciples, refait les gestes de ses ancêtres, prononce la bénédiction et fait circuler le pain et le vin en mémoire de la libération. Mais en se mettant à table avec ses disciples, Jésus savait bien que ses jours étaient comptés.      

Et c’est là que subitement tout change. Rompant le pain, geste habituel et plein d’humanité, Jésus déclare que ce pain partagé, brisé, c’est son corps livré; faisant circuler la coupe, il annonce que s’est son sang versé pour la multitude que ses invités vont boire. Il n’est plus seulement question du passé, mais de l’avenir. Et en même temps, il rend grâce à Dieu; il prononça la bénédiction. « Ce pain partagé, c’est mon corps (=ma personne). Ce vin, c’est mon sang (=ma vie). « Faites ceci en mémoire de moi ». En effet, quand Jésus dit : « ceci est mon corps », en leur offrant le pain, il est là, devant eux, encore bien vivant        

C’est dans un geste aussi simple, un geste que nous reprenons souvent, un geste de partager le pain et le vin que nous sommes invités à nous souvenir. C’est dans la qualité de partage que la présence de Jésus est au milieu de nous. Ne cherchons pas sa présence ailleurs. Il s’est fait homme pour que sa présence nous rejoigne et puisse nous atteindre au cœur de nos vies. La vie de Jésus est dans ces gestes de partage et de présence aux autres, elle aura la qualité de notre présence.  

Malheureusement, pendant longtemps, dans notre histoire chrétienne, et jusqu’au Concile Vatican II, on communiait peu. Nous avions perdu le cadre primitif du repas. Parfois, il arrivait que seul le prêtre avait accès à ce partage. Il se partageait le pain et la coupe à lui-même. Encore aujourd’hui avec les appels du Concile Vatican II, nous avons de la difficulté à vivre le sens de ce repas, à lui redonner cette dimension de partage, et de faire de la célébration de l’eucharistie un geste de communion. Ce repas est déserté parce qu’on n’y voit plus le sens. Nous faisons mémoire bien sûr d’un événement passé, mais cet événement ouvre l’avenir à notre vie et surtout à notre humanité, humanité que Jésus a partagée jusqu’au bout de sa vie.      

Jésus est présent dans l’eucharistie pour que nous vivions de sa vie qui éclate au matin de Pâques. Jésus nous donne sa vie pour que nous la partagions à notre tour. La main qui reçoit le Corps du Christ est prête à donner du pain à celui qui a faim. Oui, dans ce don de partage, Jésus ouvre notre humanité jusqu’à Dieu. Un Dieu fait homme disons nous. Sommes-nous encore capable d’en saisir toute la force?

Ne faisons pas mourir ces gestes dans une ritualité fermée, ouvrons la parole et le geste comme Jésus l`a fait, allons au bout de nous-mêmes, prenons des risques. C’est là que le partage du pain et de la coupe en mémoire de Lui atteindra notre vie.

Nos eucharisties sont des moments d’une mémoire forte et vive qui demandent à être repris dans la vie de tous les jours. Nous communions ensemble à cette vie de Jésus et à la vie des autres.        

La Fête-Dieu, c’est la fête de tous ceux et de toutes celles qui portent l’aventure de Jésus dans notre monde et qui ouvrent notre humanité. Redonnons l’accès à la pratique eucharistique aux personnes qui le désirent. Redonnons à nos célébrations leur dimension humaine dans la foi. C’est par manque d’humanité que nos célébrations eucharistiques ne sont souvent pas prises au sérieux. Pourtant, c’est Dieu fait homme en Jésus qui nous invite à le suivre jusqu’au bout, comme il nous a aimé jusqu’au bout. Il s’est donné en partage. Qu’en avons-nous fait? Oui, la foi que Jésus nous offre à vivre dans l’eucharistie traverse la dimension humaine pour l’ouvrir jusqu’à Dieu, un Dieu fait homme. En avons-nous saisi toute la profondeur dans la vie quotidienne et dans notre pratique de l’eucharistie?

Communauté chrétienne Saint-Albert-Le-Grand de Montréal