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2e Dimanche de Pâques (B)
12 avril 2015
La résurrection, tel un souffle!
Guy Lapointe
Vous avouerez avec moi que nous venons d’entendre un beau passage d’Évangile! À chaque année, en ce 2e dimanche de Pâques, nous retrouvons ce récit de l’évangéliste Jean. Jésus ressuscité se manifeste à ses disciples « le dimanche », premier jour de la semaine. Qu’est-ce à dire?
Les chrétiens ne se réunissaient pas tous les jours. Ils avaient eux aussi leur travail, leur vie quotidienne. Dans le passage de Jean, on voit que les disciples ont connu une période difficile — si vous me permettez l’expression — d’apprivoisement à la résurrection. Ils avaient peur, peur des Juifs, peur de leurs propres fragilités, difficultés de garder une espérance vivante. Et c’est cette peur qu’ils vivaient en commun, barricadés dans une maison. Terrorisés, ils doivent passer de la peur à la confiance en eux-mêmes et dans le Ressuscité. Un itinéraire que nous avons tous à vivre.
Jésus vivant prend l’initiative de la rencontre. Par deux fois, Il apparaît aux disciples rassemblés le dimanche. Pourtant, les portes sont closes. C’est dans une parole de paix qu’il se fait reconnaître : « La paix soit avec vous ». Les disciples avaient besoin d’un second souffle à la suite de ce qu’ils avaient vécu au moment de la Passion. La résurrection de Jésus, c’est le souffle de l’espérance retrouvée. La résurrection est une présence dans l’absence. Et c’est ici que le personnage de Thomas prend tout son sens.
De tout temps, le personnage de Thomas a frappé les esprits, au point qu’il est passé dans le langage populaire. On entend souvent: « Fais pas ton Thomas… ». Il est celui qui veut des preuves. Le parcours de Thomas peut nous aider à comprendre un peu comment la foi travaille. Car, ici, il y a un travail de la foi. La foi n’est pas la crédulité. Thomas ne veut pas croire sans appui, sans expérience personnelle. Mais que veut Thomas? Il veut s’assurer que la vision du Ressuscité n’est pas une hallucination. Il veut être sûr qu’il rencontre bien vivant celui-là même qui revient de la mort avec les signes sur le corps de sa vie et de sa mort. Il veut toucher à ses plaies. Il est l’image de celui qui veut des preuves, celui à qui on ne fait pas croire ce qu’il n’a pas vérifié par lui-même. Croire nous aide à saisir que, dans la foi en la résurrection, il y a et il y aura toujours des doutes. La foi est une expérience à partager avec les autres. C’est le fait d’être ensemble.
Thomas nous rend un fier service : les questions qu’il pose tout haut, nous nous les sommes posés tout bas. Cette demande de Thomas, ce n’est pas seulement l’expression d’un scepticisme, c’est aussi une affirmation pour notre foi. Jésus ressuscité porte toujours les plaies et les blessures de sa vie, de sa passion et de sa mort. Jésus ressuscité reste un homme. En ce sens, la résurrection de Jésus change notre regard sur notre humanité qui est ouverte, vers Dieu, Dieu fait homme.
En somme, la résurrection est une question qui a toujours une dimension d’absence. Et cela doit se vivre en communauté. Jésus dit : « Heureux ceux qui croient sans avoir vu ». Non pas heureux les crédules à qui on fait croire ce qu’on veut. Mais heureuses les personnes chez qui la confiance et le consentement ont travaillé le cœur et l’intelligence pour arriver à la confession de foi. La résurrection de Jésus peut alors nous rendre capables, grâce à l’Esprit, de réconcilier et de libérer les personnes. On ne peut vivre sa foi seul. La foi a besoin de se nourrir de la parole de Dieu et de s’alimenter de la foi des autres.
C’est pour cela que nos assemblées du dimanche sont si importantes. La résurrection est une expérience à vivre en communauté et nous en sentons la vérité. Je pense à la qualité et à l’intériorité des célébrations de la semaine sainte que nous avons vécue et je pense aussi à nos rencontres dominicales. La présence du Christ nous rassemble malgré nos divergences, malgré nos différences. Jésus ressuscité est présent et porte les blessures de notre condition humaine. La foi nous fait aller au-delà, bien en avant de ce que nous demandions. Elle nous amène en présence de Dieu vivant qui ouvre notre humanité en Jésus, grâce à l’Esprit.
Écoutons ce passage du livre des Actes des Apôtres qui montre, d’une manière un peu idyllique, comment la résurrection de Jésus a permis aux premiers chrétiens de vivre dans le partage, l’entraide et la fraternité. Ce que nous tentons de faire et de vivre, à notre mesure.