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6e Dimanche du Temps Ordinaire (B)

15 février 2015

Trois commentaires

Yvon D. Gélinas

Du livre des Lévites (Lv 13, 1-2, 45-46)


Commentaire de Monique Morval

La lèpre est une terrible maladie, contagieuse de surcroît… On comprend donc qu’il faille isoler la personne qui en est atteinte. Mais pourquoi l’obliger en plus à porter des vêtements en lambeaux et à crier : Impur!?  C’est lui enlever toute dignité.

Cela me fait penser à un événement qui a eu lieu en France il y a plusieurs années. La télévision voulait faire un reportage dans un bidonville et rencontrer une famille qui vivait la grande pauvreté. Les personnes, pour faire honneur à leurs visiteurs, avaient rangé et nettoyé leur modeste appartement, et avaient mis leurs plus beaux habits… Les réalisateurs de l’émission n’étaient pas contents, car cette famille ne correspondait pas à l’idée que le public se faisait des personnes en situation de pauvreté!

« Interaction Famille », une maison de la famille dans Hochelaga-Maisonneuve, propose, en plus d’une halte-répit, des activités de discussion et des cafés-rencontre. Mais il y a aussi des ateliers d’arts : céramique, peinture, littérature. Il y a quelques années, les réalisations de ces personnes ont été exposées au Château Dufresne, pendant une semaine. Et ce sont les participantes de l’organisme qui en assuraient la permanence. Certaines de ces œuvres ont même été vendues. Voir la fierté de ces personnes dont on reconnaissait le talent constituait un réel plaisir!

Le mouvement ATD Quart Monde participe depuis 2011 au projet de recherche participative « ÉQUIiSanTÉ », projet impliquant des personnes en situation de pauvreté, des chercheurs et des professionnels de la santé, dans le but de réduire les inégalités d’accès aux soins et d’améliorer la relation entre les personnes en précarité et les équipes de soins. Les personnes en situation de pauvreté sont impliquées en tant que co-chercheurs du début à la fin du projet, et non pas seulement en tant qu’objets de recherche. Cette recherche s’est appuyée sur la pédagogie du croisement des savoirs. Elle a identifié des barrières existant entre les équipes de soins et les personnes en précarité et a proposé des réponses pour les dépasser.

Pourquoi, au lieu de montrer les conditions misérables dans lesquelles vivent les personnes en situation de pauvreté, ne pas montrer au contraire les efforts qu’elles font pour garder leur dignité? Pourquoi leur nier tout savoir et tout savoir-faire?



Du livre d’Isaïe Is 58, 7-10


Commentaire de Jacqueline Destez

Je ne cherche pas à être accompagnée par la gloire du Seigneur. Ce texte du prophète Isaïe m’interpelle en tant qu’être humain. Comment accueillons-nous les personnes qui s’adressent à nous?
Grâce à notre communauté, le comité « Aide-Partage et Justice sociale » s’efforce d’apporter un peu d’aide et de réconfort auprès de familles démunies, souvent immigrantes, du quartier Côte-des-Neiges, mais aussi à des membres de notre communauté qui éprouvent des difficultés, et aux jeunes du Honduras.
Réponses à des besoins matériels sous différentes formes. En plus de cet apport matériel, quel est notre souci d’écouter la réalité que vivent ces personnes?
Elles ont souvent le cœur brisé par leur difficile intégration, le travail qu’elles ne trouvent pas malgré leurs compétences. Loin de leur famille, elles ont besoin de rapports humains d’affection, de dignité.
Elles ont aussi à donner : le plat à partager, le gâteau, le verre de jus, le thé ou le café préparé pour vous faire honneur et qu’on ne peut refuser sans peiner.
Ce sont aussi les appels téléphoniques pour donner ou prendre des nouvelles, pour confier leurs soucis comme on le ferait auprès d’une amie.
À nous de les écouter, de les réconforter, de leur sourire, de leur faire entrevoir un avenir meilleur, car donner sans amour, c’est humilier.
C’est dans le partage que cette aide prend tout son sens.
« Si tu donnes de bon cœur à celui qui a faim, et si tu combles les désirs du malheureux, ta lumière se lèvera dans les ténèbres et ton obscurité sera comme la lumière de midi. »

 



Évangile de Jésus Christ selon saint Marc, Mc 1, 40-45


Commentaire de Marie Beemans

Dans l’évangile d’aujourd’hui, Jésus se laisse toucher par un lépreux. Jésus le touche et son mal s’envole.
Si la lèpre est quasi disparue, on a toujours parmi nous nos exclus qui sont prisonniers de nos peurs et de nos préjugés; on a peur de se laisser toucher.
Un cas concret : l’homme qui gisait par terre dans le métro pendant 40 minutes; les passants l’ont ignoré.
À l’ombre de St-Albert, en bas de la colline, les déracinés de notre monde atterrissent dans notre quartier dans l’espoir d’y trouver une vie meilleure.
On y arrive des fois enceinte, vivant un exil douloureux, à faible revenu, souvent sans statut, coupé de ses proches dans un monde étranger.
Bien oui, leurs coutumes, leurs croyances font peur, et pourtant, à la « Maison Bleue », à « Baobab » et dans les divers projets communautaires, il y a des bénévoles qui se laissent toucher. Tout en respectant nos différences, on partage, on s’écoute, on découvre l’autre.
Comme grand-maman pour des petits dont les grands-parents sont en Asie, en Amérique Latine ou en Afrique, les liens qui se forment m’ont créé une deuxième famille, multicolore et pleine d’amour.

 

Communauté chrétienne Saint-Albert-Le-Grand de Montréal