Imprimer
3e Dimanche de l'Avent (B)
14 décembre 2014
Soyez toujours dans la joie
Bruno Demers
Quand nous traversons le pont Champlain en direction de la rive sud, notre attention est attirée par un grand panneau publicitaire intitulé : « Une journée de bonheur! », nous montrant trois jeunes gens en planche à neige, s’apprêtant à dévaler une pente, annonçant un centre de ski. Les jeunes sont habillés avec de beaux vêtements aux couleurs vives, en santé, en forme, sans doute plutôt riches. Une belle image de bonheur. L’image habituellement utilisée pour illustrer le bonheur proposé par notre société de consommation. Une image, cependant, qui laisse de côté les gens plus âgés, moins aventureux, moins riches, sans parler de ceux qui sont malades ou handicapés.
Est-ce le type de bonheur que vous recherchez? Quel chemin de bonheur empruntez-vous, inconsciemment peut-être? En ce 3ème dimanche de l’Avent, le dimanche rose, l’occasion est belle pour réfléchir à notre quête de bonheur, au chemin de bonheur que nous propose l’Évangile.
Premier constat surprenant quand nous regardons nos textes fondateurs, le mot « bonheur » n’y apparaît pas! Évidemment il y a les Béatitudes qui utilisent l’adjectif « Heureux… », mais on ne trouve pas le nom « bonheur ». Le mot « plaisir » peut-être? Quand il en est question, c’est toujours pour le prendre en aversion!
Est-ce que ça veut dire que l’Évangile ne s’intéresse pas au bonheur? Non! Dieu merci! Pour parler de ce qui nous tient tellement à cœur, nos Écritures fondatrices utilisent le mot « joie » : Je tressaille de joie dans le Seigneur! Soyez toujours dans la joie!
Pourquoi donc parler de joie et non pas de bonheur ou de plaisir? Un premier élément de réponse vous est fourni par le dicton suivant : Le plaisir est au corps ce que la joie est à l’esprit. Le plaisir et la joie ne se situent pas sur le même plan. Alors que le plaisir renvoie à une émotion ou une sensation immédiate, la joie évoque plutôt une satisfaction intérieure donnant accès à un sentiment plus profond et durable. Comme dans le cas de l’athlète qui consent à une discipline et à certains sacrifices pour goûter à la joie de participer à une compétition de haut niveau et peut-être même de gagner. Comme ces fois où les parents s’assoient avec leurs enfants et les aident à faire leurs devoirs jusqu’à ce que ces derniers goûtent à la joie d’apprendre par eux-mêmes et de réussir des accomplissements scolaires.
Je tressaille de joie dans le Seigneur car la bonne nouvelle est annoncée aux pauvres la délivrance aux prisonniers, la guérison aux cœurs brisés. Dans l’Évangile, le bonheur ne s’atteint pas directement. Il est le fruit de la construction du Royaume. Il est comme un effet second de notre collaboration à la venue de son Règne parmi nous. L’Évangile ne nous propose pas un bonheur facile et bon marché. Car l’être humain est fait pour goûter des satisfactions profondes. C’est pourquoi le bonheur de l’Évangile implique parfois la patience et le renoncement.
La grande tradition chrétienne nous dit qu’on ne peut pas être heureux tout seul, que c’est avec d’autres qu’on peut le trouver. Le bonheur, ça se travaille. C’est souvent en contribuant à celui des autres qu’on trouve le sien. C’est en aidant les autres à être heureux qu’on peut goûter un grand contentement intérieur. C’est pourquoi l’Évangile parle de joie, ce sentiment profond d’avoir accompli quelque chose de signifiant pour un autre ou pour des autres.
Je suis la voie qui crie à travers le désert : Aplanissez le chemin du Seigneur… car quelqu’un vient derrière moi. Nous accueillons aujourd’hui ce témoignage de Jean Baptiste. Comme lui, nous sommes invités à préparer le chemin de bonheur des autres. C’est ainsi que nous pourrons goûter à la joie du Royaume, ces satisfactions profondes, comme autant d’avant-goûts de ce grand bonheur promis quand Dieu sera tout en tous.