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Fête du Christ-Roi (A)

23 novembre 2014

  Le roi bon berger

Ez 34, 11-12, 15-17

Mt 25, 31-46

Bruno Demers

Bruno Demers

Avez-vous suivi la visite royale du prince Charles au Canada, en mai dernier? J’apprends sans doute la nouvelle à bon nombre d’entre vous! En effet, l’institution de la royauté n’évoque pas beaucoup de choses pour nous aujourd’hui. Plus de deux siècles après la révolution française, à nous qui vivons en régime démocratique, la royauté ne fait pas partie de nos préoccupations quotidiennes. Pourquoi donc célébrer, en 2014, la fête du Christ Roi de l’univers?           
           
Ce thème nous est suggéré par une réalité bien présente dans la vie de Jésus : celle du Royaume ou du Règne de Dieu. Jésus ne cesse d’en parler ou encore de le faire advenir par ses gestes, ses guérisons, ses interpellations. Jésus est donc ainsi un roi, mais un roi d’un type bien particulier. Du type « bon berger » comBruno Demersme nous le rappelait le livre d’Ézéchiel. Une des plus anciennes représentations du Christ dans l’iconographie chrétienne est celle du berger portant une brebis sur ses épaules. Pourquoi une telle représentation du Christ? Parce qu’à l’époque, les chefs des peuples étaient plutôt du genre « dictateur » ou « tyran ». Quand un chef faisait preuve de bonté à l’égard du peuple, tout de suite il se distinguait. On l’appelait alors le « bon berger ». On comprend donc pourquoi cette image a servi à représenter Jésus Christ, d’autant plus qu’il en avait lui-même parlé au cours de sa vie.        
           
Le roi berger qui nous est proposé aujourd’hui est en train d’exercer une fonction bien particulière : Quand le Fils de l’homme viendra dans sa gloire, il siégera sur son trône de gloire! En ce dernier dimanche de l’année liturgique, il nous est présenté comme un juge. Mais un juge qui ne cherche pas tant à condamner qu’à nous inviter à faire le point dans nos choix et nos décisions. Dans la vie, nous connaissons tous des moments où nous sommes conduits à faire la vérité avec nous-mêmes, avec ce que la vie nous a donné ou refusé et ce qu’elle continue à nous donner ou à nous refuser. Ici le jugement n’est pas une condamnation qui tombe d’en haut de manière péremptoire comme le verdict d’un juge qu’on attendait depuis longtemps. C’est plutôt le moment où se dévoile la vérité de ce que nous sommes face à Dieu. La suite de Jésus appelle à une exigence de vivre selon certaines valeurs. Il y a des actes qui sont porteurs de la vie du Règne et d’autres pas. Le jugement signifie que tout ne se vaut pas : certains actes sont destructeurs et d’autres sont créateurs et porteurs de vie. Le jugement dernier proclame en définitive la victoire de la justice et de l’amour sur la haine et la violence.    
           
Ce jugement se fait, vous l’avez remarqué, par séparation. Il séparera les hommes les uns des autres comme le berger sépare les brebis des chèvres. Comme lors de l’Exode, quand Moïse a séparé les eaux pour permettre aux Hébreux de connaître le salut. Comme lors de la Création, quand Dieu a séparé la lumière des ténèbres, la terre des eaux, et ainsi de suite… Comme aujourd’hui, lorsque nous avons une décision à prendre et qu’il nous faut séparer le pour du contre. Le critère de séparation, c’est le service concret du prochain. Peu importe l’attitude spirituelle que nous avons. Ce qui compte, c’est notre conduite extérieure : ce que nous faisons et ce que nous ne faisons pas à l’égard des personnes de notre entourage qui sont dans le besoin.     
           
Aucune indication ne nous est donnée quant au moment où aura lieu le jugement, hormis ce que nous faisons aujourd’hui. Ce n’est pas une date précise dans l’avenir qui compte, c’est ce que nous faisons dans notre quotidien. Tout se joue dans le moment présent, non pas à l’égard d’un code de prescriptions, de commandements ou de lois qu’il nous faudrait observer. Mais plutôt par rapport à ce que nous faisons concrètement à l’endroit des nécessiteux : J’avais faim et vous m’avez donné à manger. J’étais un étranger et vous m’avez accueilli. J’étais malade et vous m’avez visité.   
           
Toute cette mise en scène du jugement dernier ne cherche pas à nous effrayer. C’est le roi bon berger qui, en séparant en nous le bon du mauvais, veut nous sauver du chaos, de l’oppression et de la supposée fatalité du mal. Il nous indique le chemin du bonheur véritable en nous rappelant l’importance d’agir aujourd’hui en faveur de ceux et celles qui sont dans le besoin. Amen, Amen, je vous le dis, chaque fois que vous l’avez fait à l’un de ces petits qui sont mes sœurs et mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait.    
           

Communauté chrétienne Saint-Albert-Le-Grand de Montréal