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La Pentecôte (A)
8 juin 2014
Célébrer les origines
Benoît Lacroix
Célébrons ensemble en ce dimanche de la Pentecôte les toutes premières origines du christianisme. Célébrer les origines est déjà un acte de sagesse. Platon l’a dit dans Les Lois (VI, 753e) : « Le commencement est la moitié du tout. » Nous ne sommes pas sans savoir cependant que l’origine de la toute première communauté chrétienne – la Pentecôte – n’est pas de tout repos. L’évangéliste Luc est explicite : les premiers disciples ont peur, ils sont enfermés, ont verrouillé les portes… Puis viendra ce coup de vent dont nous reparlerons… dans un instant…
Sans oublier que tous les apôtres en action, sauf Jean, sont morts de mort violente.
Revenons au vent. Ce mot, Jésus l’a choisi lui-même pour nous signifier l’Esprit. Comme il le dit explicitement : « Le vent souffle là où il veut et comme il veut. » (Jn 3, 8).
Le vent : réalité et symbole. Surtout que l’été est avec nous, il fait bon de saluer déjà toute brise qui 
rafraîchit et même pour certains d’avoir le vent dans les voiles. Cependant et soit dit tout de suite : le vent n’a pas tous les pouvoirs. Nous savons déjà les malheurs des tornades, des caprices de l’océan. Les techniques du monde ne viendront jamais à bout du vent, ni non plus de l’air, ni non plus de l’eau. Prenons-en notre parti : nous ne sommes pas rois de l’univers.
Cette image du vent, nous l’aimons parce qu’elle est avant tout celle de Jésus vivant à proximité du désert, il est normal qu’il y pense souvent. Ainsi ce souffle, comme dirait Jésus, n’a pas fini de nous étonner. Il était là au début même de la vie, alors que selon les mots bienfaisants du Livre de la Genèse, « un grand souffle plane sur les eaux. »
Il demeure que c’est un honneur pour le vent que de symboliser l’action de l’Esprit en nous, autour de nous. On oserait même dire que ce grand vent de l’Esprit souffle encore sur notre planète : c’est ce goût de l’infini, ce goût du mystère ici et là jusque dans les esprits avertis, comme dans les laboratoires de recherches les plus sophistiqués. De même chez les savants du nombre, les physiciens, les astrophysiciens. La neuroscience ne cesse d’explorer les secrets de l’esprit humain.
Et que dire de ces nouveaux rapports avec les spiritualités orientales, avec les Amérindiens !
Sans compter ce besoin de liberté qu’éprouvent tant de peuples face aux grandes puissances, cette recherche des chefs spirituels, des gourous, ce retour à la pratique personnelle de la méditation, à la religion du cœur et de la joie que prêche le pape François. Tout nous porte à penser sinon à espérer que les grands vents du Refus global, tempête de sable sur le Québec, pourraient être suivis bientôt par des brises plus rassurantes, d’une vie spirituelle plus active que jamais.
En somme, pour un ami de l’Esprit, quel que soit son nom aujourd’hui, énergie, zen et autres mots à la mode, qui dit fermeture et vente d’églises ne signifie pas nécessairement la fin du sacré et de la spiritualité. Peut-être y a-t-il d’autres façons et lieux d’être spirituel… à la manière du Christ qui proclame que le vent souffle là où il veut. Jésus ne s’est pas borné à fréquenter le temple de Jérusalem. Ou plutôt, certainement pour nous qui sommes baptisés, le Seigneur n’est pas loin de là où nous sommes : « Avec vous je serai tous les jours » a-t-il promis. (cf. Mt 28, 20)
Pas seulement il n’est dans nos temples de bois ou de pierres ou de briques, mais en tout premier il est dans le temple de notre cœur, de notre esprit.
Simplement ici, à la Communauté Saint-Albert et pour résumer une histoire qui dure depuis 1970, cet Esprit Saint qui souffle là où il veut a voulu qu’ici la Parole sacrée soit l’objet premier de nos chants et de nos lectures… L’Esprit qui habite ces lieux n’est pas un esprit de peur ou de crainte, c’est plutôt la confiance en Celui qui nous a instruits le premier. (cf. Jn 4, 19)
Voilà qui nous invite à la gratitude, à la communion… et à la musique, autre lien entre ciel et terre.