Bandeau de la communauté

Imprimer

6e Dimanche du Temps Ordinaire (A)

16 février 2014

 Évaluer notre passé

Mt 5, 17-37 
1Co 2, 6-10

Benoît Lacroix

« Vous avez appris et moi je vous dis ». Donc une double référence : référence au passé et référence au présent. Nous, ici, comment faisons-nous référence à notre passé religieux et à notre situation actuelle ? Sans exagérer, nous pouvons affirmer ensemble que notre mémoire religieuse est blessée, profondément blessée. Au passé : trop de lois, trop de péchés décidés à l’avance, trop de sanctions. Au présent, des valeurs en ébullition. L’avenir ? Plutôt incertain.
Benoît Lacroix
La lecture de cet évangile nous oblige en un sens à évaluer notre passé quelque peu troublant à la lumière de l’évangile et peut-être aussi dans l’espérance d’un changement profond de mentalité. Si d’ailleurs nous sommes encore ici ce midi, c’est sans doute parce que nous sommes capables de faire le tri entre le mal et le bien, entre nos erreurs et nos bons côtés, entre la bonté première et la générosité de nos ancêtres pratiquants, et nos critiques assez répétitives…

Si vous le permettez, nous procéderons à la manière de l’automobiliste à qui il arrive un accident : le constat, le règlement, et on continue la route, la conscience personnelle jouant le rôle de la police. Nous suivons en cela la manière même de Jésus selon l’évangéliste Matthieu entendu il y a un instant.

Jésus CONSTATE. Des pharisiens, il y en a plein la synagogue : la loi est là. Observée à la lettre, mais le cœur n’y est pas. Ils ne tuent personne, mais n’en finissent pas de juger les autres. Scribes, gens de la lettre, respectueux des apparences. Voilà pour le constat.

Le plus important après le constat est d’intégrer la réalité, voire de négocier avec le péché, non de rejeter la loi, mais d’aller au-delà, accomplir. Accomplir est d’accepter sa réalité, sa propre fragilité, non pas au nom du passé, mais en fonction de l’avenir. En termes stoïciens, cela s’appellerait peut-être : « Sois toi-même, deviens ce que tu es », ou comme disait le vieux Socrate : « Connais-toi ! » En termes chrétiens, cela se traduit : « Aime-toi, respecte-toi, juge-toi avec douceur », ou même, dirait le pape François : « Qui peut juger vraiment ? »

Il demeure que pour accomplir la loi et non la détruire, il convient d’être premièrement attentif à son jugement personnel. Ce qu’on appelle liberté de conscience.

Une fois instruits de nos fragilités, comme église, comme société, misons tout de suite sur Jésus des Évangiles : Jésus qui connaît le fond de nos cœurs, Jésus qui aime ouvertement les pécheurs, Jésus qui pardonne, Jésus qui souhaite transformer nos actes de regrets, ou notre culpabilité en actes de miséricorde… Tout ceci, il l’appellerait aujourd’hui harmonie intérieure, paix de l’esprit, lucidité, accomplissement du moi au-delà de la loi respectée, mais pratiquée moins pour et par la lettre que pour et par l’esprit… Esprit d’amour, Esprit qui vivifie, Esprit de compassion et de miséricorde…

« Vous avez dit et moi je vous dis »… Ils vous ont dit : apprenez d’abord par cœur les dix commandements de Dieu et les sept commandements de l’Église et moi je vous dis, en premier : « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de toutes tes forces, de tout ton cœur, et le prochain comme toi-même ». Ils vous ont parlé de feu et d’enfer et de damnation éternelle, et moi je vous dis : « Je t’ai aimé d’un amour éternel… Les cieux et la terre passeront et mon amour ne passera pas ».

De fait, pour conclure, il est bon de nous souvenir constamment et même avant de nous juger, que, baptisés, nous croyons que Dieu nous a le premier désirés, aimés et que Son amour précède notre liberté… et cela inclut nos fragilités et cela inclut les fragilités d’un certain catholicisme et cela signifie en même temps que toujours nous nous devons d’avoir confiance. Comme disait Thérèse de l’Enfant Jésus, et même en face de nos manques : « On n’aura jamais assez confiance ».

À la musique d’accomplir le meilleur de nos croyances !

Communauté chrétienne Saint-Albert-Le-Grand de Montréal