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Deuxième Dimanche du Temps Ordinaire (A)

19 janvier 2014

Is 49, 3.5-6

1Co 1,1-3

Jn 1,29-34

Baptême d'Olivier et confirmation du baptême d'Aurélie

Aurélie Labbe

Aujourd’hui, nous avons parlé du baptême de Jésus par Jean Baptiste. En homme pieux, Jésus vint retrouver sur le bord du Jourdain celui qui baptisait dans l’eau. Il demanda le baptême et cet acte était voulu, réfléchi, et pensé intimement.

Aujourd’hui, notre petit garçon Olivier va se faire baptiser. Ce ne sera pas au bord du Jourdain. Son acte ne sera pas voulu, réfléchi et pensé intimement : il a seulement 8 mois. Nous, ses parents, avons décidé de penser à sa place et de demander son baptême en pleine conscience – mais avec notre conscience – non pas sa conscience.

Qui sommes-nous pour prendre une telle décision à sa place? Qui sommes-nous pour penser et choisir en son nom? Que lui restera-t-il du jour de son baptême? Quelques photos souvenirs, quelques objets précieux que nous garderons pour lui en mémoire de cette journée? Même Jésus, dont nous suivons tous ici la voie, s’est fait baptiser en pleine conscience, par choix et dans un désir intime de se laisser emporter par un courant nouveau.

Alors… Pourquoi ne pas attendre? Pourquoi choisir à la place d’Olivier? Est-ce notre choix de parents que de ne pas lui donner le choix?

Comme tous les enfants, Olivier fera son propre chemin. Il grandira au sein de l’Église, sera heureux d’y retrouver ses amis du dimanche. Puis, viendront probablement ces moments où il ne voudra plus y aller – il aura peut-être 8 ans, 9 ans, 10 ans. Il faudra le forcer doucement, le trainer un peu, car il ne pourra pas rester tout seul à la maison. Puis viendra l’adolescence où il se forgera ses propres croyances – il doutera, il se rebellera – peut-être. Il quittera l’Église – peut-être. Il reviendra – peut-être.

Olivier, un jour tu comprendras que nous te faisons aujourd’hui le plus beau des cadeaux. Nous ne t’imposons rien, mais bien au contraire nous te donnons les clés du plus merveilleux des messages. Aimez-vous les uns les autres. C’est le plus beau des commandements, celui qui rassemble les 10 autres. Aimez-vous les uns les autres, c’est ce que Jésus nous a enseigné et c’est au nom de cet amour qu’il est mort sur la croix. Olivier, nous ne chercherons pas à te transmettre notre foi – la foi ne se transmet pas, elle se vit. Par ce baptême, nous te donnons les clés, nous glissons dans ton cœur une enveloppe dans laquelle tu pourras y lire ce message d’amour que Jésus nous a enseigné. Cette enveloppe, elle s’ouvrira naturellement en toi ou bien tu la décachèteras plus tard toi même à la main lorsque tu en éprouveras le besoin. Olivier, par ce baptême, nous te donnons la vraie liberté, celle de choisir ton chemin. Car il n’y a pas de choix s’il n’y a pas de clés.


Ce qu’Olivier va vivre aujourd’hui, je l’ai vécu il y a 37 ans. Comme mon fils aujourd’hui, j’ai été baptisée lorsque j’étais bébé – j’avais 3 mois. Je n’en ai bien sûr aucun souvenir. N’ayant pas été élevée dans la pratique de la religion catholique, le petit message de Jésus que je portais au fond de mon cœur est resté ignoré pendant bien des années. Et puis il y a eu des rencontres, des personnes qui ont croisé mon chemin et qui m’ont fait prendre conscience du petit quelque chose qui brillait au fond de mon âme. Des questions ont jailli, elles sortaient de ne je sais où, mais je voulais comprendre le sens de ma vie, percer les mystères du destin des hommes. J’ai cherché pendant des années la réponse à toutes ces questions, de façon souvent très maladroite – en jugeant, en critiquant, sans toutefois arriver à trouver ma paix. J’ai cherché jusqu'à ce que ma route s’arrête par hasard devant la porte de cette église. J’ai entendu chanter et je suis entrée (je vous jure que c’est vrai!). Ce jour-là, en vous observant tous, membres de la communauté St Albert, j’ai découvert une chose qui a véritablement changé ma façon d’aborder la foi. Pour s’exprimer, ma foi ne devait pas s’enfermer dans le cadre restreint des questions/réponses. Peu importe le pourquoi et le comment, la chercheure en médecine et mathématicienne que j’étais a dû apprendre à fermer les yeux et à sauter dans le vide. Je n’aurai jamais la réponse à mes questions – de toute façon, je sais maintenant que le type de réponses que j’attendais n’existe pas. La foi va au-delà de tout cela.


Au travers de mon cheminement, j’ai aussi compris que l’Église catholique ne devait pas en tout point me ressembler pour que je m’y sente intégrée. Cette Église donne un cadre à ma foi, elle permet de la nourrir et me permet de poursuivre mon apprentissage du message de Jésus. La paix que je ressens à l’intérieur me le confirme.


À la lumière de ces années de réflexion, j’ai su que j’étais prête pour doucement décacheter l’enveloppe que j’avais au fond de mon cœur. Pendant plus de 2 ans, j’ai travaillé avec Annie qui, avec une patience et une générosité hors du commun, m’a aidée à mettre en avant les fondations du message de Jésus.

Aimez-vous les uns les autres.

C’est ce que je portais en moi depuis toutes ces années. L’enveloppe est maintenant ouverte, et je voudrais aujourd’hui confirmer devant vous mon baptême. Cette fois je le fais en pleine conscience et en toute liberté. Et c’est ce que je souhaite à notre bébé Olivier aujourd’hui : le baptême que nous célébrons, il le confirmera plus tard, s’il le souhaite, lorsqu’il sera prêt à assumer son chemin de vie, et peu importe son âge. Le baptême ce n’est donc pas une fin en soi – c’est juste le commencement.

Finalement, je voudrais terminer par un souhait : je souhaite vraiment que tous les enfants et adolescents présents ici dans cette église, et tous les autres bien sûr, puissent un jour confirmer la voie qui les anime spirituellement, comme je l’ai fait aujourd’hui devant vous. Car c’est vraiment le plus beau des cadeaux que l’on peut recevoir.

Communauté chrétienne Saint-Albert-Le-Grand de Montréal