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33e Dimanche du Temps Ordinaire (C)

17 novembre 2013

Témoigner de notre espérance

Hubert Doucet

Hubert Doucet

Th 3, 7-12

Luc 21, 5-19

À une première écoute, les deux lectures que nous venons d’entendre, celle de Luc et celle de Paul, peuvent nous paraître à des lieues de distance l’une de l’autre. L’équipe qui a préparé la célébration a d’abord eu cette impression. Entre, d’une part, Luc qui nous parle de la destruction d’un des édifices les plus majestueux de l’époque et dont les fidèles étaient fiers et, d’autre part, Paul qui gagne durement sa vie à construire des tentes pour n’être à charge de personne, le lien ne va pas de soi. Peu à peu cependant, la réflexion en groupe nous a permis de rapprocher les deux textes. C’est cette communauté de pensée que nous avons voulu mettre en relief en séparant la lecture de l’évangile de Luc en deux parties pour y insérer celle de la lettre de Paul.       

Si, à première vue, Luc semble décrire la fin du monde, surtout que, dans cette période liturgique du mois de novembre, nous sommes habitués à entendre des textes apocalyptiques qui nous parlent de la fin; ici, ce n’est pas le cas. Luc fait plutôt référence à des situations précises qui se déroulent au tournant des années 70 de l’ère chrétienne. En 66, Israël se soulève contre l’occupant romain. Quatre ans plus tard, les troupes de Titus, le fils de l’empereur, prennent Jérusalem, incendient le Temple et l’abattent : « Il n’en restera pas pierre sur pierre : tout sera détruit » disent les premières paroles de Jésus dans l’évangile d’aujourd’hui, tout en ajoutant : « Mais ce n’est pas la fin ». Et au même moment, les Juifs Hubert Doucetqui n’avaient pas reconnu en Jésus le Messie, persécutent leurs compatriotes devenus chrétiens. La communauté chrétienne vit ainsi une double tragédie, celle de la destruction de Jérusalem et celle de la persécution dont elle est l’objet. Comment alors se comporter?

Le texte de Paul peut nous aider à orienter notre façon d’être et d’agir. Il nous présente, me semble-t-il, deux orientations. Une première que Paul décrit ainsi : « Certains parmi vous vivent dans l’oisiveté, affairés à rien faire. » Cette phrase m’a renvoyé aux diverses tendances sectaires de type millénariste, très présentes en ces années de crise que nous traversons. Souvent, ces tendance se résument ainsi : « le monde est pourri et fichu; faites-moi confiance, donnez-moi votre argent, et moi je vous sauverai ». Jésus lui-même nous met en garde contre cette orientation : « Prenez garde de ne pas vous laisser égarer; car beaucoup viendront sous mon nom en disant : ‘Le moment est tout proche.’ » Et Jésus d’ajouter : « Ne marchez pas derrière eux! »      

La seconde orientation que Paul propose se modèle sur sa propre conduite. Dans ce temps qui apparaît hors norme, le comportement de Paul est remarquable en ce qu’il est ordinaire. Rien ne démarque cette conduite qui est celle de l’engagement dans le quotidien : vivre dans le monde qui est, non dans celui qui sera. C’est pourquoi Paul met l’accent sur le travail et ses exigences, ajoutant dans cette perspective : « Nous avons voulu être pour vous un modèle à imiter. »    

Ce monde tel qu’il est n’est pas un monde rêvé; il a toujours été fragile, rempli de guerres, de famines, d’épidémies et de persécutions. À toutes les époques, les populations ont dû faire face à ces calamités. Les chrétiens auraient-ils un statut spécial qui leur donnerait le droit d’échapper à la condition commune?    

Au contraire, c’est même une occasion de rendre témoignage : « Ne vous souciez pas de votre défense. Je vous donnerai un langage et une sagesse auxquels vos adversaires ne pourront s'opposer. » Cette sagesse que Jésus nous donnera tient à notre persévérance à être présent au monde tel qu'il est, à y agir et à y réagir de la manière appropriée, sous le souffle de l’Esprit.

Dans ce monde toujours fragile, malgré ses exploits et sa puissance, Jésus nous invite donc à témoigner de notre espérance par notre engagement dans le quotidien des hommes, des femmes et des enfants d’aujourd’hui. C’est cette espérance que nous célébrerons dans l’eucharistie qui vient.

 

Communauté chrétienne Saint-Albert-Le-Grand de Montréal