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25e Dimanche du Temps Ordinaire (C)

22 septembre 2013

 Trois questions pour ce dimanche

Amos 8, 4-7

Luc 16, 1-13

Francine Devroede

 

Les textes d’aujourd’hui sont tout à fait d’actualité.

Amos : « Nous allons diminuer les mesures, augmenter les prix et fausser les balances… »
Luc : Tu dois cent barils d’huile à mon maître?  Voici ton reçu, écris cinquante…
On se croirait à la Commission Charbonneau!

Ce qui est intrigant, c’est que dans Amos, le Seigneur condamne la tricherie et que dans Luc, le Seigneur nous dit que le maître fait l’éloge du gérant qui l’a pourtant trompé. Je me suis posée trois questions en lisant ces textes.

La première : Quel mal y a-t-il à avoir des richesses? Aucun.  Heureusement qu’il y a des gens mieux nantis; ils peuvent soulager ceux qui en ont moins.  Et voilà le problème : jamais il n’y a eu autant de richesses dans le monde et pourtant, l’écart entre les riches et les pauvres ne fait que s’élargir; la confiance en nos dirigeants est de plus en plus ébranlée parce que nous savons fort bien que c’est l’argent qui mène le monde et que les décisions et les lois sont faites, plus souvent qu’autrement, pour satisfaire des intérêts individuels plutôt que pour le bien de tous.

Amos parle d’une réalité qui est très dure : « nous pourrons acheter le malheureux pour un peu d’argent, le pauvre pour une paire de sandales. » C’est aussi notre réalité : que faisons-nous, par exemple, pour décrier l’abus, voire l’esclavage pratiqué ouvertement dans bien des pays, des enfants et des pauvres qui se tuent au travail pour une maigre pitance alors que, grâce à eux, nous pouvons économiser alors que nous possédons déjà tant?

Il me semble que nous oublions que nous sommes membres d’une grande communauté humaine et qu’en tant que tels – comme dans une famille - nous avons le devoir de veiller les uns sur les autres et de faire en sorte que chacun ait sa juste part. 

Nous avons oublié comment les premières communautés chrétiennes vivaient, mettant en commun tous leurs biens et partageant équitablement entre eux; ces premières communautés de l’Église font partie de notre patrimoine.
Bien sûr, notre mode de vie a changé, mais le partage et la fraternité doivent demeurer notre mot d’ordre afin que notre mission de bâtir un monde plus juste et plus humain puisse se réaliser, bien qu’elle nous paraisse impossible à achever.
Je suis absolument convaincue que chaque petit geste posé par amour fait boule de neige, la plupart du temps à notre insu.

Deuxième question : Quel mal y a-t-il à préparer notre avenir, à prévoir la meilleure stratégie pour pouvoir composer sereinement avec les défis et les imprévus qu’apporteront nos vieux jours?  Aucun.
L’avenir nous fait souvent peur, il est imprévisible et nous n’y avons finalement que peu de prise; c’est sûrement une bonne raison pour tenter par tous les moyens de garder le contrôle sur les jours à venir.  Disons-le franchement: il est sage et prudent de prévoir la meilleure façon d’éviter d’être sans ressources plus tard, à la charge des autres.

Alors, nous plaçons notre argent dans des fonds garantis, dans des fonds de pension, des revenus de retraite, des assurances, et nous veillons à trouver toutes les avenues susceptibles de faire profiter notre argent.

Dans le récit de Luc, le maître a raison – d’après moi - de faire l’éloge de son gérant qui a fait preuve de débrouillardise et qui s’est habilement préservé d’une déchéance future.

Cependant, écoutons la mise en garde de Jésus à ses disciples : « Aucun domestique ne peut servir deux maîtres; ou bien il détestera le premier et aimera le second…  et plus loin : « Vous ne pouvez pas servir à la fois Dieu et l’argent. »  Voilà la ligne à ne pas traverser.  L’argent est-il à mon service? ou suis-je à ce point inquiet de n’en avoir jamais assez qu’il devient ma première préoccupation?
Le message est fort dans notre monde aujourd’hui : celui ou celle qui réussit est celui ou celle qui a accumulé le plus de richesses.  Elle est où la juste part de mon prochain?

Troisième question :  Qu’en est-il de la planification de mon avenir dans la foi?  Est-ce que je pense à préparer mon avenir éternel avec autant d’astuce et d’effort que j’en mets à planifier mon avenir matériel?

Est-ce que je prends le temps de développer ma relation avec Dieu avec l’aide de tant de  ressources qui sont à ma portée?  Est-ce que je prends le temps de prier, de faire silence dans ma journée, afin de rencontrer mon Dieu?  Est-ce que j’entends Jésus, mon frère, qui me fait connaître le Père et qui m’incite à vivre son amour dans mon quotidien?  Est-ce que j’ai le souci d’être juste et honnête, quel qu’en soit le prix? Est-ce que je demeure conscient de la mission que Dieu m’a donnée, par Jésus, d’aimer tous mes frères et sœurs et de les servir comme Il l’a fait?

Finalement, il importe peu que nous ayons peu d’argent, ou beaucoup d’argent, ou pas du tout.
Ce qu’il faut se demander, c’est :  « Où est mon cœur? » « Qui est mon maître? »

 

Communauté chrétienne Saint-Albert-Le-Grand de Montréal