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21e Dimanche du Temps Ordinaire (C)

25 août 2013

 Une porte est toujours étroite

 

Guy Lapointe

Guy Lapointe

Luc 13, 22-30

J’ai bien conscience que ce passage d’évangile n’est pas facile à interpréter. Il suscite bien des interrogations. Il a même pu, à certains moments, susciter des craintes en nous… Cela demanderait presque un cours d’exégèse. Ce n’est pas le lieu, ni le temps. Mais à entendre ce passage, il me semble y avoir deux étapes. Ce que Luc voulait dire à ses contemporains et comment cette symbolique de la porte étroite peut nous rejoindre aujourd’hui.

Ce que ce passage voulait dire aux contemporains de Luc

Jésus est en route vers Jérusalem. Il n’a pas de lieu où demeurer; il n’est plus le bienvenu dans les synagogues. Il parle donc sur les places publiques.

La Parole de Jésus s’adresse aux juifs de son temps, héritiers de la première alliance. Mais beaucoup Guy Lapointehésitaient ou même se refusaient à accueillir cette ouverture nouvelle, cette porte qu’ouvre Jésus.

C’est alors, qu’au hasard d’une rencontre, quelqu’un lui pose la question sur le nombre des élus : « Seigneur, n’y aura-t-il que peu de gens à se sauver? ». Évidemment, on comprend alors cette question dans une perspective future, de salut éternel. Retenons que pour l’évangéliste Luc, être sauvé veut toujours dire « faire partie de la communauté de Jésus ». La question fondamentale est de savoir si le salut est réservé à un petit groupe de privilégiés, ici le peuple d’Israël, ou s’il est ouvert au grand nombre. Il s’agit à la fois du présent et du futur.

Comme il lui arrive souvent, Jésus répond à autre chose que ce qu’on lui demandait. La question portait sur le « combien », sa réponse portera sur le « comment ». Il dira aux juifs que sa venue peut tout changer. C’est ce qui est signifié par l’expression : « Quand le maître de maison se sera levé et aura fermé la porte ». Désormais, juifs ou païens sont sur un pied d’égalité : le fait d’être sauvé dépend de la façon dont chacun vivra dans la suite de Jésus. Seront exclus ceux qui ont pratiqué l’injustice. La condition essentielle est de pratiquer l’amour, comme Jésus l’a fait.

Jésus leur dit : il y a une porte nouvelle qui s’ouvre. Bien sûr que cette porte est étroite comme toutes les portes d’ailleurs. C’est celle que je vous invite à découvrir et à prendre. C’est un avertissement adressé à ses contemporains Juifs.

Alors, qu’advient-il de toutes ces personnes qui ne le connaissent pas ou ne connaîtront peut-être jamais, malgré l’honnêteté et la droiture de leur vie? Sont-elles à jamais exclues du Royaume?

Ce que ce passage peut nous dire aujourd’hui

Ce que ce passage tente de nous dire à nous aujourd’hui c’est ceci : La vie, elle, et la responsabilité que nous en avons, sont à prendre au sérieux.

La vie est un don, c’est la porte étroite. L’accès à la vie avec Dieu sera toujours donné. Si la porte est étroite, il y aura toujours des chemins parfois différents pour y parvenir. Comme croyants, nous ne sommes pas possesseurs de cette voie d’accès. Nous avons à vivre et à nous dire que tout être humain qui vit droitement, en accord profond avec lui-même et avec sa conscience, poursuit une marche qui le conduira, même s’il ne le sait pas, à franchir la porte.

L’accomplissement de la vie est toujours un don, que nous soyons croyants ou non. C’est aussi cela la porte étroite. Tout être humain qui vit dans la droiture, dans la justice et dans l’amour passe par la porte étroite. C’est cela l’espérance. Il s’y trouve toujours des femmes et des hommes de bonne volonté qui vivent avec un respect d’eux-mêmes et des autres. Comme Jésus l’a fait. La porte étroite, c’est le sens de la vie à trouver et à vivre, c’est la voie que Jésus a révélée.

Ce passage de Luc parle en fait de l’urgence de la conversion. Nous avons reçu le don de la foi. Nous appartenons à une communauté chrétienne qui tente de devenir une expérience ouverte à Dieu et au monde, à vivre selon l’Évangile, en Église, guidé par François qui veut une Église aux portes ouvertes. Mais être sauvé, n’est-ce pas tenter d’appuyer notre vie sur les deux commandements qui n’en font qu’un : celui de l’amour de Dieu et du prochain? Chaque comportement dit le sérieux de l’existence humaine. Le temps presse; une urgence. L’image de la porte étroite ne nous ramène-t-elle pas à veiller jour après jour à la qualité de notre vie, à la qualité de notre foi.

En terminant, je cite Thérèse d’Avila : « S’il y a beaucoup de demeures dans la maison du Père, il y a aussi beaucoup de chemins pour y arriver ». Mais la porte qu’il nous faut traverser sera toujours étroite. L’espérance est à ce prix. Voyez Jésus…

 

Communauté chrétienne Saint-Albert-Le-Grand de Montréal