11e Dimanche du Temps Ordinaire (C)
16 juin 2013
D’amour et de pardon
Guy Lapointe
Mais quel passage étonnant… Et libérateur aussi. On se sent en plein cœur de l’Évangile. Un long récit plein de paroles brèves et de gestes d’humanité. Cette femme, qui s’était introduite chez Simon, le pharisien, était tout simplement perçue comme une pécheresse. Jésus, lui, voyait d’abord la grande foi, le profond amour qui l’habitait. Et il dit à Simon : « Si ses péchés, ses nombreux péchés sont pardonnés, c’est à cause de son grand amour ». Cette femme n’était pas sans péché, bien sûr. Mais elle avait certainement été touchée par l’action de Jésus. Une femme de grande foi. Elle avait senti que Jésus était cet homme d’amour et de pardon. Dans la vie de chaque être humain, tout se joue dans l’expérience de l’amour et du pardon. Si on ne manifeste pas de pardon on risque de passer à côté de l’amour et vice-versa.
Jésus demande de nous regarder nous-mêmes avant de juger les autres. Dieu n’est pas celui qui juge, mais celui qui remet les dettes, celui qui pardonne. Nous avons connu ce temps où, chaque fois que nous nous confessions – aller à la confesse, comme on disait alors – il nous fallait avouer la liste complète de nos péchés. Et dès notre sortie du confessionnal, il fallait recommencer cette liste. Cette façon de faire, la plupart l’ont rejeté pour la remplacer par quoi? Je pense qu’il faut plutôt penser à des situations globales qu’à des actes particuliers; on s’accuse davantage d’être pécheur en telle ou telle situation de vie. Il n’y a de péché que ce dont nous sommes responsables. On dit le besoin que l’on ressent d’être libéré et confesser que j’attends de Jésus cette libération.
Le pardon de Dieu est toujours offert. Et ce pardon révèle une acceptation inconditionnelle de la personne. Rappelons-nous que Dieu est plus grand que notre cœur. La gratuité de l’amour de Dieu s’exprime encore dans le fait que son pardon ne se contente pas d’effacer nos péchés. Il opère en nous davantage. Il nous arrache à nos enfermements, nous libère de nos chaines. Va… Jésus ne met pas la main sur nous, il nous invite à aller notre chemin n’exigeant rien en retour, si ce n’est que nous marchions dans la fidélité à la vie.
Devant Dieu, l’important n’est pas d’analyser, en sa présence, dans quelle mesure je suis responsable de telle ou telle situation de mal ou de péché, mais de lui dire le besoin que je ressens d’être libéré et de confesser que – c’est là notre espérance – j’attends de Jésus cette libération. Telle est la bonne nouvelle qui nous parvient dans cette scène du pharisien et de la pécheresse. Jésus ne condamne ni cette femme, ni cet homme pour que se manifeste la foi.
N’est-ce pas de cette façon que la femme du récit évangélique a agi? Elle y est allée avec toute sa confiance en cet homme Jésus. La foi et la confiance ont été plus fortes que tout le reste. Elle est venue à Jésus et par ses gestes – sans paroles – elle a voulu dire sa misère et son besoin de salut. Jésus ne s’y est pas trompé. Il reconnaît sa foi. On passe de la confession des péchés à la confession de foi. Va… Reprends la route, c’est là que tu trouveras et vivras l’amour et le pardon.