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Dimanche de la Pentecôte (C)

19 mai 2013

 Qu'est-ce que le vent?

Guy Lapointe

 Act. 2, 1-11

Jn 14,15-16; 23b-26

Guy Lapointe

« Soudain il vint du ciel un bruit pareil à celui d’un violent coup de vent… » C’est la fête de la Pentecôte, tel un immense coup de vent qui ouvre un paysage nouveau. À la Pentecôte, c’est la fête de Pâques qui éclate. C’est la naissance de l’Église, et ce, dans une grande diversité. Ne l’oublions pas… C’est le vent de l’Esprit. Une gigantesque impulsion qui s’empare des disciples, jusque-là très timides, pour annoncer au monde la Bonne nouvelle. La diversité des langues et des cultures fait partie de cette annonce. Tout Jérusalem semble avoir entendu ce grand bruit, ce grand souffle. Chacun entend le message dans sa Guy Lapointepropre langue. Ce n’est plus la tour de Babel où on croyait — tentative humaine ratée — pouvoir abolir toutes les différences. Ici, c’est la communion avec Dieu dans la diversité des cultures, des langues. Au fond, tout ce qui fait à la fois la richesse et la difficulté de l’humanité et de l’expérience de foi. C’est un vent immense. C’est l’expérience d’Église qui s’ouvre au grand large.

En relisant ce passage si bien connu des Actes des apôtres, je me suis rappelé ce superbe dialogue entre un maître et son disciple, dialogue que vous connaissez peut-être, et que j’ai retrouvé récemment dans un livre de Gabriel Ringlet. Le maître demande à son élève : « Dis-moi ce qu’est le vent! »    

 L’élève lui répond : « Le vent, c’est ce qui fait chanter les arbres lorsque la brise du soir rafraîchit la terre ». Mais le maître réplique :   

Je ne t’ai pas demandé de me parler des arbres, mais du vent.  

L’élève reprend :    

« Le vent, c’est ce qui fait danser les blés lorsque la moisson est mûre ».       

Le maître redit :      

Ne me parle pas de la moisson, mais du vent.         

 L’élève s’essaie encore :

« Le vent, c’est ce qui fait avancer le navire lorsque ses voiles sont gonflés ».

Mais le maître lui demande encore :   

Dis-moi ce qu’est le vent!           

« Maître, je ne peux pas répondre à la question, car le vent ne peut s’attraper ».      

Dans ce dialogue, j’ai mieux compris le sens de la Pentecôte. L’Esprit ne se laisse pas attraper. On ne le retient pas, on l’attend, on l’accueille. Il est comme un souffle qu’on peut écouter. Il est comme le vent qui gonfle les voiles pour nous conduire au large. On ne peut pas retenir le vent. On ne peut pas retenir l’Esprit.    

Ce coup de vent est la Bonne nouvelle annoncée. « Ils furent tous remplis de l’Esprit Saint ». Chacun entend la même chose. Les foules assemblées d’origines culturelles diverses entendent le message. Les interprètes sont inutiles. Le dessein de Dieu sur l’humanité n’est pas l’unification niveleuse, il est le Dieu de la communion dans les diversités où chacun trouve sa juste place sans renoncer à son identité propre. Voilà ce que Dieu veut pour l’humanité   

Il m’apparaît que la fête de la Pentecôte est l’occasion de nous redire cet Esprit qui nous habite. Il me semble que notre Église a toujours besoin de cette fête pour se rappeler ce vent insaisissable qui l’habite, qui la pousse à créer une terre d’Évangile.        

Au jour de la Pentecôte, l’Esprit emplit de son souffle le cœur des apôtres et les voilà, les timorés d’hier, sur la place publique!

Il revient à l’Église, donc à chacun de nous, d’honorer cette diversité des manières de vivre et de vivre la foi dans le monde.        

Je pense à ces deux enfants — Étienne et Kianna Lee — qui vont être baptisés. Je leur souhaite du souffle dans la vie. Je leur souhaite d’avoir des proches qui ont du souffle et que, tout en respectant leur diversité, ils puissent entendre la voix et le souffle de L’Esprit. Rappelons-nous, tous et toutes : on ne peut pas retenir le vent… N’est-ce pas cela: naître d’en-haut?   

Tel un vent de Pentecôte, laissons-nous surprendre par l’Esprit qui ne cesse de recréer. N’est-ce pas lui qui brise en nous les verrous de la peur, qui élargit nos horizons, nous ouvre à l’audace et à la créativité et nous invite à donner à la Parole et à nos gestes sa résonance de Bonne Nouvelle?         

Serait-ce donc cela la Pentecôte : une étincelle de vent qui rallume constamment le feu de l’Évangile dans un monde marqué par une immense diversité, un monde qui cherche à naître, d’une Église qui cherche toujours son souffle, le souffle de l’Esprit. L’Église a encore un long chemin à faire pour s’approcher de la Pentecôte plutôt que de Babel. C’est à nous de poursuivre le chemin et de mettre toute notre confiance dans l’Esprit de la Pentecôte.          

Communauté chrétienne Saint-Albert-Le-Grand de Montréal