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L'Ascension du Seigneur (C)

12 mai 2013

Les dernières paroles du Seigneur    


Luc 24, 46-53


Acte 1, 1-11

Benoît Lacroix

Benoît Lacroix

Nous venons de chanter un psaume tout joyeux, d’une joie qui frise l’exaltation. Pourtant Jésus vient de disparaître dans les nuées… Il s’en va, quitte ses proches, les apôtres, et il est même dit selon l’évangéliste Luc qu’ils sont tout joyeux et montent au temple pour y prier… Étrange! Leur compagnon Jésus les quitte et ils sont heureux.  

Benoît LacroixMais de quelle joie s’agit-il ? Peut-on le savoir, sinon le deviner ?        

1- Peut-être que leur joie est reliée à celle de la résurrection. Il était mort… et ils l’ont revu, vivant autrement. Peut-être que les mêmes disciples sont si certains de lui qu’ils savent que, présent ou absent, il les aimera toujours. On sait à quel point un grand amour peut faire confiance. Même au manque des yeux.

Ils sont joyeux parce qu’il leur a déjà expliqué les Écritures. Il fallait que cela arrive, ce retour vers son Père. Ils ont compris.    

Ils sont joyeux comme le sont habituellement les grands amis qui sont fiers de leur amitié.         

Ils sont joyeux d’une joie de croyant, de croyante, qui ont douté de lui jusqu’à le laisser; ils l’ont retrouvé, ils sont pardonnés… Il leur a fait tellement confiance ! Tout joyeux de se sentir eux-mêmes compris, accompagnés jusque dans son absence.       

Peut-être qu’ils sont heureux, sinon comblés de poursuivre l’œuvre de salut.            

Nous n’oublions pas sa promesse qu’ils soient revêtus d’une force d’en haut. Ce qui les amène à se rendre tout de suite au Temple et bénir Dieu de ce qui leur arrive.           

Ils sont joyeux parce qu’ils sont certains de lui, certains de son message élargi à toutes les nations, certains de ce qu’ils auront à proclamer: Jésus fils de Dieu, Dieu de Jésus-Christ.            

Le Messie si longtemps attendu, ils l’ont vu, reçu et finalement identifié. Identifié en le voyant, en le touchant… ?    

Existerait-il aussi une joie toute intérieure propre au christianisme, comme celle des apôtres à l’Ascension, comme celle de Paul qui se réjouit dans ses tribulations, comme celle de tant de saints et saintes qui gardent leur sourire malgré tout… ?        

D’où viendrait cette joie de certaines personnes, et ce malgré les départs, les deuils, les échecs ? Aurions-nous oublié que chacun, chacune de nous, nous possédons une force intérieure intime plus grande que nos épreuves et nos doutes. Ni le clergé, ni le droit ecclésial ne peuvent se substituer à l’intériorité de l’homme, de la femme adulte. Toutes les règles, toutes les lois et les dogmes sont donnés pour clarifier cette voix intérieure et le discernement des esprits (cf. Martini, dans Études, janvier 2013, 64-45). Jésus l’a souvent dit : le royaume, il est d’abord au-dedans de nous. À nous de le chercher, le désirer… ici au-dedans de nous. Là est la joie.          

2- Peut-être que l’heure est venue pour nous de cette nation québécoise de souche en état de refus, de nous rappeler que christianisme est une religion positive pour ne pas dire davantage, une religion d’acceptation à la manière de Jésus, une religion d’intégration de la souffrance, du péché, voire de la mort.           

Ce côté positif et parfois exubérant de la foi chrétienne, l’histoire de l’art en a souvent témoigné. Mais pas toujours adroitement. Comme, par exemple, à partir du XVIe siècle en Occident plus qu’en Orient, d’avoir multiplié les croix et crucifix quand la coutume fut longtemps de représenter Jésus en majesté, Jésus sculpté, aux portes romanes, Jésus assis qui attend paisiblement l’arrivée de ses enfants. Cette image du Christ heureux, du Christ en attente, du Christ en gloire, le Christ de Pâques, Pan-Crator, est peut-être plus pédagogique que nos croix partout… 

En principe, la religion du Christ n’est pas une religion triste, pas plus — on l’a dit — qu’un triste saint ne soit valable, ni que Tartuffe soit un jour béatifié.     

Un regard vers le haut, une vision plus verticale de nos attentes et recherches du bonheur, nous invite à suivre Dieu, notre Dieu, Dieu de Jésus Christ, Celui qui ne peut vouloir que le bien, Dieu dit Amour selon Jn 4, 4, Dieu des pardons continus, Dieu de l’Ascension, Dieu de l’amour maternel (merci les mamans !), Dieu sur la terre comme au ciel. Dieu joyeux, Dieu qui descend vers nous pour que nous montions aussi vers Lui. Sans oublier que, baptisés, nous sommes de sa famille… Même, selon un mot cher à Jésus : nous sommes ses amis.

À la musique d’orienter nos esprits vers cette JOIE qui ce midi se double de reconnaissance vers les mamans, mamans d’hier, mamans d’aujourd’hui, Maman de demain…    

Musique! Hommage!        

Communauté chrétienne Saint-Albert-Le-Grand de Montréal