Imprimer
5e Dimanche de Pâques (C)
28 avril 2013
Bâtir Son royaume dans ce monde
Daniel Pourchot
Je vous propose d’abord d’examiner et comprendre le texte de l’Apocalypse que nous venons de lire. En effet, il bouscule sans doute la façon de voir de ceux dont l’ultime espérance s’exprime par une évasion d’un corps faible détruit par la mort, une évasion de notre état de créature vers un royaume qui n’est plus physique, mais spirituel ou rationnel.
Mais entendons alors comment l’Apocalypse nous décrit la nouvelle Jérusalem qui descend des cieux vers nous ! N’est-ce pas là l’occasion de nous rappeler que la Bonne Nouvelle n’est pas l’histoire de notre ascension vers Dieu, mais fondamentalement celle de Dieu qui descend pour être avec nous. L’Évangile nous révèle un Dieu qui descend afin de demeurer avec son peuple ici sur la Terre. Jésus descend pour demeurer corporellement avec son peuple (Jn 1). Et voici que l’Apocalypse affirme que la Jérusalem céleste vient des cieux vers nous. Dieu ne nous élève pas hors de la création, de notre nature, bien au contraire, il la restore !
Dieu vient pour demeurer avec nous : la Jérusalem céleste nous donne l’Agneau qui demeurera avec nous dans ce monde. Ici, il vaut sans doute la peine d’explorer les parallèles entre le jardin d’Eden, le Temple et la Jérusalem céleste. Le jardin d’Eden était le temple où Dieu vivait avec Adam et Ève. Ainsi, lorsque Salomon édifia un temple, il en fit un reflet de l’Eden. Les murs de cèdre et le sol de cyprès. Des palmiers, des fleurs et des grenadiers les décoraient (1 Rois 6-7). Et voici que la Jérusalem céleste descend sur la Terre pour y devenir la résidence permanente de l’Agneau.
Et là où Dieu réside, la vie prospère : Et que se passe-t-il quand Dieu demeure avec son peuple ? La vieille création avec sa corruption, son mal, sa mort, disparaît, pour faire place à la vie et à la joie. Notre texte parle déjà de « la source de l’eau de la vie ». Le chapitre suivant débute par « le fleuve d’eau de La vie » qui surgit du trône de l’Agneau pour se répandre dans les rues de la ville. La Jérusalem nouvelle l’emporte même sur le Jardin d’Eden.
Si vous m’écoutez encore, peut-être vous demandez-vous comment peut-on interpréter ce texte de l’Apocalypse comme je viens de le faire, c’est-à-dire en affirmant que la demeure de Dieu avec les hommes s’établit ici, avec nous. À cette question la réponse vient sans doute de l’Évangile que nous avons lu, et particulièrement le « commandement nouveau » de Jésus à tous ceux qui l’écoutent : « Aimez-vous les uns les autres, comme je vous ai aimés. »
C’est l’amour de Dieu pour nous, exprimé et vécu par Jésus, le Fils de Dieu, qui a rétabli entre le Créateur et nous, ses créatures, le lien qui avait été brisé. Et c’est par l’amour que nous éprouverons les uns pour les autres et pour tous nos prochains que nous édifierons, ici, la Jérusalem nouvelle.
Ce n’est pas facile et je ne vous le fais pas dire. Notre seule bonne volonté n’y suffira pas. Nous savons que, quelles que soient nos bonnes intentions, il tient souvent presque du miracle de les suivre et accomplir. J’en sais quelque chose et vous aussi sans doute. Eh bien ! le miracle est possible car le Seigneur est avec nous et peut agir par nous, Ses disciples. Pour cela, il faut et il suffit que nous nous ouvrions à Son Esprit, afin qu’il nous possède, nous rendant capables d’entendre et de vivre Son commandement nouveau : « Aimez-vous les uns les autres. » Et cela commence ici, au sein de cette communauté qui nous réunit autour de Sa table. Le Christ nous donne Son corps et Son sang, afin que nous soyons UN avec Lui et Un les uns avec les autres dans l’amour qui est le facteur et le sceau de cette unité.
Prenons donc part à ce repas, en nous reconnaissant les uns les autres comme Ses disciples et prions afin qu’Il nous accompagne tandis que nous rencontrons nos prochains avec qui nous sommes appelés à bâtir Son royaume dans ce monde.