Bandeau de la communauté

Imprimer

Troisième Dimanche de Pâques (C)

14 avril 2013

Reconnaître le Seigneur

Hubert Doucet

Hubert Doucet

Ac., 5, 27b-32, 40b-41

Jean 21, 1-14

Quel contraste entre le début de l’Évangile d’aujourd’hui et les textes que nous lisions au cours des jours saints. Il y a quelques semaines, nous étions à Jérusalem, le haut lieu du pouvoir politique et religieux, une ville d’intrigues entre diverses factions et où la population change d’avis selon les faiseurs d’opinion. Il y avait une forte tension dans l’air.      

Hubert DoucetL’aventure de Jésus qui avait si bien commencé s’est abruptement terminée. Le triomphe du dimanche s’est transformé, en quelques jours à peine, en un échec particulièrement humiliant pour tous ceux qui s’étaient engagés dans le renouveau : on a tué le maître.   

Quelques jours plus tard, la scène a complètement changé. Quelques-uns des compagnons de Jésus, les plus engagés même, sont de retour dans leur patelin d’origine. Ils ont quitté Jérusalem, comme si Jésus ne leur était pas déjà apparu deux fois. Ils se retrouvent, sans grande conviction, sur le bord du lac, à la campagne. S’ils le savent vivant, ils ne paraissent pas encore très convaincus.                  

Ces compagnons d’infortune ne semblent pas trop savoir quoi faire; ils paraissent désœuvrés de sorte que, lorsque Pierre propose de partir à la pêche, de reprendre leur vieux métier, tous les autres du groupe décident de la suivre. Et là, comble de malheur, les choses ne se passent pas bien : ils ont beau pêcher toute la nuit, ils ne prennent rien.    

Ce qui frappe à ce moment précis du récit, c’est que, malgré les échecs, ces hommes n’ont pas perdu toute confiance en l’autre. À cet homme, sorti de nulle part, qui leur demande un peu de poisson et leur dit de jeter leurs filets de l’autre côté, ils le font sans se faire prier. Et voilà que, dans la confiance qu’ils ont eue dans la parole de l’autre, Jean a l’intuition que c’est le Seigneur, confessant ainsi le Ressuscité. Le texte nous dit : « Alors le disciple que Jésus aimait dit à Pierre : ‘C’est le Seigneur’. » Ce n’est cependant pas à ce moment-là que tous le reconnaissent.           

Quand alors le reconnaissent-ils vraiment? Est-ce en le voyant ? Non. C’est en le voyant faire. Au moment du déjeuner, « autour d’un feu de braise avec du poisson posé dessus, et du pain », Jésus leur partage le pain ainsi que le poisson. Et le texte ajoute : « Aucun des disciples n’osait lui demander : ‘Qui es-tu?’ Ils savaient que c’était le Seigneur. » Cet événement ressemble bien à celui qu’ont vécu les deux disciples d’Emmaüs qui avaient marché des kilomètres avec lui, sans savoir que c’était lui et qui, au moment du souper, le reconnaissent au partage du pain.           

Cette façon d’agir de Jésus pour affirmer qu’il est bien vivant nous aide à comprendre pourquoi la conviction de sa résurrection ne s’est pas imposée d’emblée à ses amis. « C’était la troisième fois que Jésus ressuscité d’entre les morts se manifestait à ses disciples. » Mais lorsque ses amis furent convaincus de la victoire de Jésus sur la mort, rien ne les arrêta plus.         

Cette conviction devint plus forte que tout. C’est d’ailleurs ce dont témoigne le texte des Actes des Apôtres que la liturgie de ce dimanche propose comme première lecture. Ici, nous voyons les Apôtres s’engager à fond pour témoigner de cette résurrection. Ce texte nous interroge sur notre propre façon de vivre cette résurrection de Jésus.     

Après la lecture de cet épisode des Actes des Apôtres, nous prendrons quelque temps de silence pour nous arrêter sur notre propre engagement face au Seigneur, le Ressuscité.           

Communauté chrétienne Saint-Albert-Le-Grand de Montréal