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La veillée pascale (C)

30 mars 2013

Pâques, un pari pour la vie

Guy Lapointe

 Luc 24, 1-12

Guy Lapointe

C’est émouvant de nous entendre chanter et écouter les récits. J’ai, plus que jamais, le goût de célébrer la résurrection. À mesure que j’avance en âge, je me rends compte que, sur tous les chemins du monde, la grande aventure de la vie se poursuit depuis ce matin de la création, depuis ce matin de résurrection. Je me sens près de l’étonnement des femmes au tombeau « qui rapportèrent tout cela aux onze… ». Je me sens près de Pierre qui « s’en retourna chez-lui tout étonné de ce qui s’était passé ». Je fais un grand bond pour dire qu’il me semble que l’Église, avec l’arrivée de François comme évêque de Rome, et la simplicité de ses premiers gestes, oui l’Église a des airs de matin de résurrection. Christ est ressuscité! La pierre qui bloquait le présent éclate! Le présent à un avenir. Il est à construire. Sans renier ce que nous sommes, la Guy Lapointerésurrection nous convoque à l’audace de la foi sans nostalgie, avec le courage de celui qui sait que l’Étranger d’Emmaüs est toujours à nos côtés, si nous nous risquons à prendre la route. La résurrection, c’est la confiance.

Nous avons raison de chanter alleluia, parce que, au centre de notre foi, il y a cette assurance, au cœur de nos difficultés, que Jésus est vivant. Jésus nous l’a manifesté et nous devons les uns les autres, dans nos expériences d’amour, croire que c’est aussi là qu’est le visage de Dieu. Le visage de Dieu n’est pas à chercher ailleurs; c’est celui d’une humanité en recherche de vie. En quelque sorte, c’est ce qu’il y a de meilleur en l’humain qui ressuscite. Dans la nuit de Pâques, nous ne célébrons pas seulement la victoire du Ressuscité sur la mort, mais aussi la victoire de notre foi sur le doute toujours présent, sur la malcroyance. Ressusciter, c’est se lever, se mettre debout ou bien se réveiller, sortir du sommeil. Ressusciter, c’est passer de la nuit obscure à la lumière du matin. C’est le jeu de notre vie de foi, de notre foi en la vie, foi dans ce Dieu que Jésus a voulu nous manifester.         

À chaque matin, il nous faut sortir de nos tombeaux, passer de la mort à la vie.     

La résurrection de Jésus, en cette nuit, tient en quelques images. Un linceul resté là. Une pierre qu’un inconnu avait roulée. Deux hommes en blanc, des femmes qui baissent le visage vers le sol, Pierre qui courut au tombeau se pencha lui aussi. Il faut se pencher pour croire… Ce fut d’ailleurs le premier geste de François lorsqu’il s’est présenté à la foule au balcon sur la place St-Pierre. Il s’est penché… C’est aussi en le voyant vivre ces premiers jours que j’ai senti quelque chose de la résurrection. Même si tout n’est jamais gagné, loin de là. Ce qui m’a donné le goût de célébrer cette nuit de résurrection avec encore une foi plus profonde, même avec ses doutes, mais avec un amour plus large.        

 La résurrection, telle une fumée blanche, c’est aussi une route vers un village, vers tous les Emmaüs. Jésus ne s’est pas attardé à organiser. Il a ouvert une voie, il a allumé un feu… reste à avancer. Il a mis la table… Que faire quand on rencontre Dieu?        

Nous témoignons de la résurrection chaque fois que nous parions pour la vie et pour l’avenir contre toutes les désespérances.

Nous témoignons de la résurrection chaque fois que nous aidons quelqu’un à se tenir debout et à regarder l’aube qui pointe au bout de son tunnel.        

Nous témoignons de la résurrection chaque fois qu’à force de contester l’injustifiable, nous hâtons avec d’autres l’avènement de la justice et de la paix dans nos sociétés et dans le monde. 

C’est aussi d’une immense résurrection dont l’Église a besoin. On en a déjà des indices dans les premiers gestes et paroles de François, l’évêque de Rome.           

Je termine avec cette histoire qui m’est revenue à la mémoire ces jours-ci. S. Benoît, avant de fonder les Bénédictins, commença par être ermite. On raconte qu’il perdit la notion des mois et des jours. Et voici que la fête de Pâques arriva sans qu’il s’en rendit compte. Un habitant du coin eut l’heureuse idée de lui apporter, dans son ermitage, un bon repas. L’ayant trouvé, il pria avec lui et lui dit : « Lève-toi et prends de la nourriture car c’est Pâque aujourd’hui! » Et Benoît, qui pensait toujours que l’on était un jour ordinaire, fit cette merveilleuse réponse : « Je le sais… c’est vraiment Pâques pour moi aujourd’hui, puisque j’ai le bonheur de te voir! » Quelque chose de la résurrection…         

Joyeuses Pâques à vous et que la résurrection traverse nos vies!         

 

Communauté chrétienne Saint-Albert-Le-Grand de Montréal