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5e Dimanche du Carême (C)

17 mars 2013

Un monde nouveau

Isaïe 43, 16-21

Phillippiens 3, 8-14

Jean 8, 1-11

Jacques Sylvestre

Peut-on trouver une idée directrice dans ces trois lectures de la liturgie de ce dimanche, un même thème? Ne serait-ce pas celui de la nouveauté, d’un monde nouveau?   

« Ne vous souvenez plus d'autrefois, dit le Seigneur en Isaïe, ne songez plus au passé. Voici que je fais un monde nouveau : il germe déjà, ne le voyez-vous pas? » clame le prophète.         

« Va, dit Jésus à la femme adultère, et désormais, ne pèche plus »;

Jacques Syvestre Et saint Paul écrivait aux Philippiens : « Une seule chose compte : oubliant ce qui est en arrière, et lancé vers l'avant, je cours vers le but… La connaissance du Chri… ».    

N’allons pas conclure pour autant que le passé n'a aucun poids. Ce que nous sommes est le fruit d'une histoire, d’un passé, d’une grâce. Mais retenons, en accueillant le mot du jour des Écritures, que si le passé nous marque, il ne nous enchaîne pas. Notre existence est une marche ascendante, vers un monde nouveau.   

«Ne songez plus au passé », dit Dieu par la bouche du prophète, cinq siècles avant le Christ. Quels que soient notre passé, nos difficultés ou médiocrités, quels qu’aient pu être nos torts, nos erreurs, nos fautes d’autrefois, notre vie va de l’avant et ne revient pas vers l’arrière. À chaque jour, comme pour la femme adultère, le pardon du Seigneur peut tout effacer pour avancer, achever le salut de ce monde, jeter les bases d’un monde nouveau. « Désormais ne pêche plus ».         

« Je fais un monde nouveau  

Ne le voyez-vous pas.           

Je vais faire passer une route dans le désert,          

Des fleuves dans les lieux arides       

Je fais couler l’eau dans le désert      

Des fleuves dans les lieux arides       

Pour désaltérer mon peuple, mon élu ».(Isaïe)          

           

 Un Monde nouveau…

          
L’élection de François, notre nouveau pape, nous permet-il de l’espérer ?   


François. Un homme nouveau, s’il en est, vraiment nouveau, inespéré. Un jésuite, formé dans les barriados, les favellas, parmi les plus pauvres de la terre; au temps des régimes dictatoriaux éhontés, lors d’une multiplication de sectes et d’explosions de religions nouvelles. Venu d’un continent étranger, aux confins de la terre, à l’âge de la retraite. Devenu prince d’un royaume ecclésial divisé. Un homme d’Église qui demande que l’on prie sur lui avant de prier pour nous et avec nous.        


Mais lui, seul, peut-il bâtir un monde nouveau         

Où l’eau coule dans le désert 

Où chacun peut chaque jour manger son pain,         

Où la lumière de la raison et de la foi éclaire tous les humains          

Où l’amour donne à chacun le goût de vivre  

Où l’Évangile devient lieu de ressourcement et ligne de conduite?    


Suffit-il d’un homme, le mieux intentionné du monde, d’un seul pour permettre d’espérer ce monde nouveau? UN seul Homme nouveau pour un monde nouveau ?  

Nous aussi devons collaborer, construire ce monde nouveau, un monde que nos enfants ne contesterons plus, un monde où chacun trouvera sa place. Et du temps pour aimer, des lieux pour vivre, et du pain sur la table. Un monde de paix, d’amour et de solidarité.    


Pareil monde nouveau serait-il possible?        


L’apôtre Pierre, séduit par le Seigneur, voulait à son tour défier les vagues de la mer de Galilée, mer du monde. Pierre a pris peur et s’est enfoncé. Et nous ?           


Le monde d’aujourd’hui a désintégré l’ordre existant, trop conservateur, selon nous, pas assez d’avant-garde.   


Le passé a sans doute toujours certaine valeur, mais l’avenir est dans le souffle de l’Esprit. Pas uniquement sur Rome, la Cité éternelle, ou sur les hauts lieux de la science, le Chili, la Suisse, et leurs possibilités de percer le secret des débuts de l’humanité.     


Édifier un monde nouveau :        


Un monde que nul ne pourra plus contester parce que non seulement défini selon le dictamen de la raison, mais non moins celui de la foi, et non selon les caprices de la sensibilité, fruit de l’individualisme, expression du relativisme.           


Bâtir un monde nouveau pour notre temps : 


Où la justice ait tous ses droits…       

Où la miséricorde compatit à la misère des autres…  

Où l’homme et la femme se sentent responsables de l’enfant…        

Où les dénigreurs se retirent les uns après les autres, les improvisateurs d’un bonheur à la carte ne trouvent plus auditeurs faciles…    

Où chacun se sent responsable du bonheur de l’autre…       


Encore faudrait-il que les grandes préoccupations de notre temps résonnent dans le cœur de tout croyant et deviennent objet de ses revendications publiques.       

Jean XXIII avait demandé de dépoussiérer l’Église et de ramener en plein jour des trésors oubliés. Le Cardinal Martini avant de mourir accusait l’Église de 200 ans de retard.     

Mais l’Église, c’est nous aussi. Non seulement le pape, les évêques, mais tous et chacun des croyants.    

La société, la famille et chacun ont besoin d’une nouvelle évangélisation. À chacun de redire, de proclamer l’Évangile en des termes séduisants parce que sources de bonheur pour tous.          

Si des jeunes sont capables de sacrifier une semaine de vacances pour vivre l’expérience de la foi, pourquoi ne serions-nous pas disponibles pour quelques instants, quelques heures, quelques jours de réflexion à cette fin? 

Être chrétien, c’est exigeant. C’est plus que la messe ou quelque dévotion. On ne peut être d’authentiques chrétiens sans vivre sa foi, sans partager sa foi, sans crier sa foi plus fort que les contestataires.      

L’important pour nous qui croyons est de vivre quotidiennement l’amour, la paix, la fraternité et la solidarité, pour un monde où l’effort ne connaîtra pas de limite. « Je ne suis pas encore au but, écrit l’apôtre Paul, mais je poursuis ma course pour saisir tout cela comme j’ai été moi-même saisi par le Christ ».


Un monde nouveau pour lequel l’on entendra l’invitation du Christ à ses disciples.         

« Venez et voyez… Suis-moi. »          

De cette invitation, François, pasteur simple et pauvre, en est pour chacun de nous, rempli d’admiration, l’incarnation vivante : Viens, suis-moi, n’aie pas peur… La vie, le monde, l’espoir sont là devant toi ! 

Communauté chrétienne Saint-Albert-Le-Grand de Montréal