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Premier dimanche du carême (C)

17 février 2013

LES TENTATIONS AU DÉSERT

Dominique Boisvert

Dt 26, 4-10

Rom. 10, 8-13

Luc 4, 1-13

 

Frères et sœurs de ma communauté,   

C’est ma première homélie à St-Albert.      

Si j’ai accepté de « plonger », c’est parce que je crois que notre communauté chrétienne de St-Albert-le-Grand doit continuer de se prendre en charge, de plus en plus.    

Dominique BoisvertEt que la communauté chrétienne, c’est nous tous, avec nos forces et nos faiblesses. Ce n’est pas l’ancien prêtre responsable ni le nouveau prêtre répondant; ce n’est pas non plus le prêtre qui nous accompagne en présidant chaque semaine notre eucharistie (comme Jacques, aujourd’hui, que je tiens à remercier en notre nom à tous); ce n’est même pas notre président, ou notre comité exécutif, ou notre conseil de pastorale. Notre communauté chrétienne, c’est seulement nous tous, rassemblés ici pour ce début de Carême. 

C’est ma première homélie. 

Qu’est-ce à dire? Une homélie, c’est le service de la Parole de Dieu. Cette Parole qui, comme nous le rappelle St-Paul ce matin, « est en nous, dans notre bouche et dans notre cœur ». Une homélie, c’est se mettre à l’écoute de cette Parole, essayer de l’accueillir dans sa vie et d’en faire sa nourriture, puis de la partager avec vous, les gens de ma communauté.     

C’est ma première homélie et c’est aussi le premier dimanche du Carême. Durant l’Avent, nous avons prié et médité autour du thème de la Naissance. Tout au long du Carême qui commence, nous allons prier et méditer autour du thème de la Re-Naissance : cette nouvelle naissance qu’est la Résurrection.

Alors, nous venons d’entendre le récit que fait Luc des tentations de Jésus au désert, un récit bien connu raconté aussi par Marc et par Mathieu.   

Depuis que Luc l’a écrit, des centaines de milliers de Pères de l’Église, de grands saints, de théologiens, d’exégètes et de simples prédicateurs l’ont commenté dans leurs homélies.    

Et si c’était Jacques ce matin, ou Guy Lapointe, ou Laurent, Yvon, Bruno, Hubert, Daniel ou un autre qui faisait l’homélie, chacun en dirait quelque chose de différent.    

Alors moi, qu’est-ce que j’ai à partager avec vous de cette Parole de Dieu ce matin? Qu’est-ce qu’elle me dit à moi pour vous? Qu’est-ce qu’elle veut vous dire d’unique à chacun et à chacune ce matin, puisque le Parole est comme le grain qui tombe en terre et que chaque terreau est différent?

Vous pensez bien que si Dieu vous parle aujourd’hui par sa Parole, ça ne dépendra pas vraiment de moi, mais bien de Lui! Surtout que je n’ai que huit minutes en tout, chronométrées! C’est pourquoi depuis plusieurs semaines déjà, je Lui demande d’être Celui qui vous parle à travers mes pauvres mots…  

Venons-en donc aux tentations. Jésus, qui vient d’être baptisé par Jean, est conduit par l’Esprit au désert où, pendant 40 jours, il est mis à l’épreuve par le démon.     

Au désert pendant 40 jours. Comme les 40 ans de désert du peuple juif, après sa sortie d’Égypte, avant de pouvoir entrer dans la Terre promise. Comme si la libération de l’esclavage et l’accès à une nouvelle naissance devait nécessairement passer par un temps de désert, de recul, de mise à l’épreuve. Car pour Luc, les tentations de Jésus ne sont pas seulement les trois exemples qu’il situe à la fin des 40 jours de jeûne au désert : Luc dit bien que « pendant les quarante jours, il fut mis à l’épreuve par le démon ». 

Notre carême de 2013 nous propose 40 jours de désert à nous aussi, comme invitation et lieu de renaissance dans nos propres vies. Et comme les magnifiques tableaux d’Élisabeth Roussel nous le rappelaient l’an dernier, les déserts de nos vies sont multiples, et bien autre chose que du sable, l’immensité ou la chaleur. Tous ces déserts ne sont bien sûr pas un objectif mais un moyen, un passage nécessaire ou privilégié vers plus de vie, vers une vie renouvelée.    

Et les trois tentations de Jésus racontées par Luc? Que faut-il y comprendre? La transformation des pierres en pain symbolise la tentation du confort, de la sécurité : nous préférons tous être assurés du lendemain, et si possible d’un lendemain agréable et sans effort. Pourtant, Jésus puise dans les trésors de la Parole pour répondre que « l’homme ne vit pas seulement de pain ».    

La tentation des royaumes de la terre c’est, comme le dit Luc lui-même, la tentation du pouvoir et de la gloire. Pas besoin de regarder bien loin dans nos vies pour y trouver ce besoin de « pouvoir » et de contrôle, même dans nos relations personnelles ou familiales. Pourtant, Jésus puise encore dans sa Tradition la réponse que le véritable pouvoir n’appartient qu’à Dieu seul.

Quant à la tentation de se jeter en bas du Temple pour que les anges interviennent et empêchent son pied de heurter une seule pierre, c’est la tentation des miracles, des exploits hors de l’ordinaire qui viendraient prouver l’autorité indiscutable de Jésus et nous dispenseraient du risque qu’est la foi. Mais là encore, Jésus trouve dans la Parole la réponse à Satan : « Tu ne mettras pas à l’épreuve le Seigneur ton Dieu ».    

Les tentations, dans nos vies, c’est souvent de chercher des solutions simples à des problèmes complexes, c’est de s’en remettre à d’autres pour régler les choses à notre place, c’est de rêver un monde meilleur qui se ferait tout seul. L’exemple de Jésus nous invite à trouver, nous aussi, nos réponses dans la Parole de Dieu : il semble bien que le Royaume, comme la renaissance, se préparent patiemment à travers 40 jours ou 40 ans de désert.   

Bon carême à chacun et à chacune!    

Communauté chrétienne Saint-Albert-Le-Grand de Montréal