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La Sainte Famille et le premier de l'An (C)

30 décembre 2012 

 L'amour est le plus fort

Osée 11.1.3-4

Luc 2, 41-52

Colossiens 2, 11-13

Denis Tesson

Denis Tesson

« Comment se fait-il que vous me cherchiez? » : premier malentendu dans la Ste-Famille.          

« Comment se fait-il que vous me cherchiez? » demande le jeune fugueur? Interloqués, les parents se maîtrisent et ne le chicanent pas.        

Denis TessonCe jour-là, à Jérusalem, des parents pleins d’émotion se disent : « Comme il a grandi! Et comme il est loin le Noël de sa naissance! Notre enfant pratique déjà la rébellion et l’insolence! » …

Des parents taisent leur colère… Ils veulent lui organiser une vie de famille exemplaire pour que l’enfant puisse grandir ‘en âge et en sagesse’.        
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Je ne suis pas naïf, je sais qu’il y a des parents qui maudissent leur enfant, je sais que, pour des raisons d’honneur, certains parents organisent le meurtre de leurs filles, mais je n’arrive pas à y croire. Ce qui nous ramène à la première lecture, où le prophète Osée montre Dieu qui hésite : « J’ai élevé Israël comme un nourrisson et il a refusé de revenir à moi… Non, je n’agirai pas selon ma colère, je n’exterminerai pas Israël, car je suis Dieu et non pas homme. »         

Le prophète Osée a donc une haute idée de Dieu mais une piètre opinion de l’humain. Tous ici, nous jurons que, notre enfant, nous ne l’abandonnerons jamais – nous pouvons évoquer notre ex-conjoint, mais pas notre ex-enfant – notre enfant pourra toujours compter sur notre amour et notre indulgence. Au retour de l’enfant prodigue, ce sera toujours la joie comme premier sentiment et notre enfant le sait. Et même le criminel le plus ignoble est probablement convaincu que sa maman ne lui a pas retiré son affection.  

Pour ma part, c’est à travers mon expérience de parent que je parviens à imaginer qui est Dieu, sa générosité infinie et son amour de notre liberté. Être père (et grand-père), c’est le meilleur de moi-même. Être Dieu, ce serait en quelque sorte être le meilleur de moi – je veux dire de n’importe lequel d’entre nous - mais tout le temps… Être père ou mère à son meilleur, tout le temps et pour chacun des membres de la famille humaine. Dieu du ciel, c’est un amour de père vaste comme les cieux!         

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La Sainte-Famille que nous célébrons, celle de Jésus, c’est un papa, une maman, un enfant. Nos familles à nous, nos « sacrées familles », c’est déjà plus compliqué et, souvent, c’est dans nos familles que nous vivons les incompréhensions et les rancœurs les plus tenaces. Par ailleurs, c’est souvent l’enfant qui cimente les familles et nous aide à accueillir le « membre rapporté ». Et c’est pour le bonheur des enfants que nous surmontons nos querelles et nos inimitiés dans les réunions de famille : famille « folle de ses enfants ».        

C’est dans ces réunions de famille, lors des Fêtes de fin d’année, que nous sentons que chacun fait un effort. Car les enfants perçoivent les perturbations et les réticences qui plombent l’ambiance et nous voulons leur montrer que la famille forme autour d’eux et pour eux un cocon protecteur et indestructible. Le neveu timide et l’oncle malade à qui vous faites la conversation, la belle-sœur pénible dont vous écoutez attentivement les conseils, le grand-père diabétique que vous ne priverez pas de sa deuxième ration de gâteau, les enfants qui se sentiront autorisés à danser et courir comme des fous.  

Il y a ces extraordinaires épisodes de générosité, pour et autour des enfants, ces jours-ci, dans nos familles. Il y a ces temps de fête et le reste de nos vies : les jours ordinaires où l’exclu et le sans-voix sont laissés à leur place, où je prends ma revanche sur la collègue qui joue au p’tit-boss, où je gaspille sans souci des générations à venir. Les jours ordinaires où, égoïste et vaniteux, je ne me ressemble pas!     
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Ces jours ordinaires, j’aurais besoin de me reconnecter avec ce père qui, en moi, est le meilleur de moi-même. Prier pour retrouver la tendresse et la vulnérabilité. J’essaie d’imaginer Jésus priant son Père. Peut-être des paroles du genre : « Père très aimant, donne-moi le don de regarder tous ceux que je croise avec tes yeux de père attendri. » Ensuite, au hasard des routes, sous ce regard de Jésus, le muet retrouvait le goût de parler et le paralysé essayait de danser…        

Pour le Nouvel An, je ne prendrai pas de bonnes résolutions. Ça ne marche pas : je suis trop faible, trop inconstant - et j’aime trop le chocolat - pour tenir mes résolutions au-delà de quelques jours. Ne pas se contraindre, mais se laisser aller : s’abandonner à la tendresse, au nom du père et de la mère en nous. Demeurer simplement fidèle au meilleur de nous-mêmes, pour savoir regarder la famille humaine avec les yeux de ce Père dont l’amour est tellement au-delà du nôtre.        

Ce Père dont l’Esprit agira en nous pour faire le reste : mettre nos paroles et nos actes en harmonie avec nos cœurs de père et mère. Ainsi, la fête durera toute l’année, tous y prendront part, et les enfants continueront de croire que l’amour est le plus fort.
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Du plus profond de mon cœur, je souhaite une bonne année 2013 pour toutes nos familles.      

Communauté chrétienne Saint-Albert-Le-Grand de Montréal