Bandeau de la communauté

Imprimer

29e Dimanche du Temps de l'Église (B)

21 octobre 2012

Être ce que notre père céleste attend de nous

Hébreux 4, 14-16 

Marc, 10, 35-45

 

Daniel Pourchot

Mes amis, et sans doute devrais-je dire « frères et sœurs » puisque nous sommes réunis dans cette Communauté chrétienne St-Albert.

J’avoue que, après lecture des textes indiqués pour ce dimanche, je me sens quelque peu embarrassé. En effet, je me tiens seul, ici, près de l’autel, en somme, en une place que les fils de Zébédée ambitionnaient. Pour me rassurer, je me dis que je suis ici pour « servir », pour tenter de vous faire partager ce que je comprends, ce que nous pouvons comprendre de ces exhortations, pour ne pas dire des commandements du Seigneur à ses disciples que nous voulons être.

En fait, même s’ils sont familiers à la plupart d’entre nous, ces textes et ceux des dimanches passés sont extrêmement dérangeants et dans un certain sens déraisonnables. Ils vont radicalement à l’encontre de nos dispositions naturelles, de nos réactions spontanées, de nos ambitions quasi normales.

N’est-il pas vrai que, dès l’âge dit de « raison » nous ayons souhaité vivre en une aisance confortable et que nous ayons usé de moyens disponibles pour nous l’assurer : études, emplois intéressants, promotions attendues, pour aboutir peut-être à un poste de direction dans le domaine que nous avons choisi. Ces visions de notre présent et de notre avenir, ces ambitions nous semblent être fort normales, indispensables même si nous voulons nous respecter.

Dans ces conditions, comment ne pas suspecter que, dans la plupart des cas, les pauvres sont en partie au moins responsables de leur misère. Comment aussi ne pas souvent voir l’autre comme une partie des moyens qui nous permettront d’accomplir nos ambitions?

Je sais bien aussi que, nous les baptisés, n’avons pas oublié le commandement de l’amour du prochain, et qu’il nous arrive  de l’exercer, souvent même peut-être, mais qu’attendons-nous en retour de ces gestes?

Non, les instructions du Christ ne sont pas raisonnables dans un monde qui pense s’être libéré de son Créateur, dans un monde où chaque individu veut exercer cette liberté et souvent aux dépens de l’autre.

Alors, comment accepter, recevoir et surtout vivre ces exhortations du Christ, notre Seigneur, afin d’entrer en véritable communion avec Lui?

La réponse à cette question est sans doute donnée par l’Évangile que nous avons lu et le texte de l’épitre aux Hébreux également indiqué pour ce dimanche, 29ième du Temps de l’Église. D’abord, il nous exhorte : « Tenons donc la foi que nous proclamons. » Certes, la foi. Mais qu’est-ce que la foi? Ce n’est pas simplement une conviction qui répond à des arguments raisonnables. C’est cet événement assez mystérieux qui peut surgir dans la vie de chacun de nous, au moment qui lui est propre et où nous sommes littéralement possédés par l’assurance que ce que la Bonne Nouvelle nous révèle sur le Christ, Fils de Dieu, et sur ce qui nous unit à lui, devient Vérité vitale pour notre vie désormais. La foi n’est pas le produit de notre initiative, elle est un don que nous recevons « du trône de Dieu, où règne la grâce » (toujours épitre aux Hébreux). C’est cette grâce qui fait surgir la foi en nous et nous transforme au point que nous devenons capables de suivre les traces du Christ, de vivre d’une vie qui obéit à ses commandements et rend témoignage à la Bonne Nouvelle du Salut promis à tous nos frères et sœurs humains.

La joie que nous pouvons éprouver alors d’être ainsi reçus et possédés par notre  Seigneur ne nous préserve pas des épreuves que nous devons subir comme Il le fit Lui-même : Renoncer parfois à certaines ambitions, partager et servir ce prochain auquel nous n’accordons peut-être que peu d’estime. Être associé aux souffrances du Christ ne nous convient pas toujours, si bien que nous revenons souvent à ce que nous pensons être notre liberté et nos choix raisonnables. Ce qui veut dire, et vous le savez bien, que nous ne sommes pas toujours habités par la foi qui transforme.

Lorsque nous sommes conscients de cet échec et le regrettons, nous pouvons et devons même avoir recours à la prière par laquelle nous invoquons la grâce de Dieu qui fait revivre en nous la foi et l’unité.

Cette unité, il nous est donné de la vivre pleinement alors que, rassemblés autour de la Table du Seigneur, nous partageons Son Corps et Son Sang. Il vit alors en chacun de nous et en nous tous ensemble.

Éprouvons profondément, j’oserais même dire jouissons de cette extraordinaire communion au sein de laquelle nous devenons capables d’être ce que notre père céleste attend de nous. C’est la grâce que je nous souhaite.

 

Communauté chrétienne Saint-Albert-Le-Grand de Montréal