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27e Dimanche du Temps Ordinaire (B)

7 octobre 2012

L’AUTRE…?

Benoît Lacroix

Mc 10, 2-26

Gen 2, 18-24

À la lumière des textes entendus et même chantés, nous essayons ensemble de réfléchir sur les autres, notre prochain… L’autre que j’aime, l’autre que j’aime moins, l’autre que je fuis, l’autre que je devance… L’autre? Un étranger, un immigrant, un parent, un frère, une sœur, mon conjoint, ma conjointe… Qui est l’autre?

L’autre pour moi un ciel, un purgatoire, un enfer?

Benoît LacroixLes faits sont les faits. Qu’il est difficile d’aimer! Même Jésus éprouve de la difficulté avec ses apôtres de la première heure. Il aura vécu des amitiés tumultueuses. Avec Judas c’est le divorce…

Bien sûr, l’idéal est là, nous le savons. Mais comme on dit parfois : entre le dire et le faire, il y a la mer. Comme entre le rêve et la réalité, il y a la mer.

Mais Jésus, ni notre dieu, le Dieu de l’Alliance n’abandonnera pas le goût, ni l’espoir d’aimer encore. Comme dans la nature, on sait que les nuages, voire les orages peuvent conduire à la lumière au soleil.

Reprenons. Malgré toutes les promesses, malgré toutes les déclarations sur FaceBook ou ailleurs, l’amitié sous toutes ses formes est en crise. Le vivre ensemble, devenu de plus en plus inévitable depuis la mondialisation, reste un défi. La technique, si prodigieuse soit-elle, ne réussira jamais par elle-même à assurer l’avenir des amitiés et en quelque sorte des mariages et même des unions libres. Qui dit proximité « technique » ne dit pas nécessairement pas communion d’esprit de cœur. Entre la communication technique et la communication amoureuse, il y a la mer.

Y aurait-il des précédents, des modèles, des principes pour ce qu’on appelait autrefois et parfois encore l’Art d’aimer l’autre? Le moment s’impose de nous demander comment un chrétien, une chrétienne, baptisé, pense l’autre, l’amitié, la communion ?

Notre référence, c’est Jésus, Jésus de Nazareth… Jésus en amour, Jésus de Joseph, Jésus de Marie, Jésus de Pierre… Jésus, des apôtres, voire Jésus de Judas… de Pilate… Jésus de la Samaritaine, Jésus de Marie-Madeleine, Jésus de Marthe.

Voici exactement la perspective première de Jésus : « Dieu nous a aimés le premier… Si nous nous aimons les uns les autres, Dieu demeure en nous, en nous son Amour atteint la perfection » (Jean 4, 16-17)

Qu’en est-il de l’amour selon l’idéal judéo-chrétien? Plus concrètement, pour rejoindre les mots d’un récit célèbre de la Genèse : « L’homme quittera son père, sa mère, il s’attachera à sa femme et tous deux ne feront plus qu’un ». Unité en tout premier mystique à sa source. Ne moralisons pas, lisons-les comme des paroles-mystères. Le mystère de l’amour dit conjugal, le mystère de tout amour, y compris l’amour divin. Il s’agit d’aimer, le premier, l’amour antérieur. Comment s’aimer le premier, être fidèle à ses amitiés dans un contexte pareil?

Il faut des raisons profondes pour aimer et aimer le premier selon ce que nous suggère cette liturgie de la Parole…

Aimer le premier, c’est aimer à la source, c’est aimer de l’amour même que Dieu nous porte, répondent les mystiques. Dieu est à la fois la source, la rivière, l’océan… Le lien avec Dieu demeure essentiel.

C’est que Dieu lui-même a créé le pouvoir d’aimer. Notre capacité personnelle d’aimer vient de Lui, comme la lumière vient du soleil. Et ce, même si nous n’y pensons pas.

On pourrait épiloguer longtemps au nom de l’histoire de l’amour selon le projet de Dieu. Ici, les enfants, les adolescents encore davantage sont d’excellents imitateurs ; ils aimeront à la manière première dont ils sont aimés par leurs proches. Et ainsi de suite…

Selon les récits de la même liturgie de la Parole en ce dimanche, et comme pour rafraichir l’atmosphère quand nous parlons de ces sujets, Jésus s’entoure d’enfants, comme tout à l’heure quand des petits vont venir nous rejoindre. Et il leur dit : « Laissez-les venir. Le royaume de Dieu est aux personnes pareilles », ET il les embrasse, les bénit, leur impose les mains…

Voilà pour l’essentiel pour ce midi. L’essentiel est d’aimer, voire ré-aimer, aimer les premiers, accepter, donner qui est mieux que recevoir, aller au bout de son cœur. Comme font les enfants, les maîtres de l’amour instantané…

Confiance! Confiance! Car éternel est l’amour!

Communauté chrétienne Saint-Albert-Le-Grand de Montréal