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26e Dimanche du Temps Ordinaire (B)

30 septembre 2012

Sectarisme et scandale

Mc 9, 38-43. 45. 47-48

Jc 5, 1-6

 

Jacques Sylvestre

Il y a 50 ans, à l’ouverture du concile Vatican II, Jean XXIII avait déclaré : « Une fenêtre ouverte sur le monde », tel devait être l’esprit du Concile.

Ce devoir de rapprocher l’Église des hommes de notre temps, disons faire entendre à toute l’humanité le message d’amour, de paix et de justice, bien des prophètes s’en étaient chargés. Et ces prophètes ne se prévalaient pas tous de l’Esprit du Christ, tous n’étaient pas chrétiens.

Parmi ces prophètes de tous les temps, il suffit d’évoquer ici le souvenir de Martin Luther King, l’évêque anglican Desmund Tutu, notre compatriote Claude Ryan, Doroty Day, Simone Weil sans oublier Nelson Mendela, qui atteint ces jours-ci 93 ans, et combien d’autres. Mais auparavant, avant le Christ, les voix des prophètes Amos, Isaie et autres, avaient proclamé la vraie religion (Is. 1; Amos).

La mission ne fut guères facile pour chacun. Jérémie, avant le Christ, Martin Luther King après, eurent à subir les foudres des tous ces impénitents qui ne cessaient de fourvoyer à leur avantage le droit et la justice : Martin Luther King qui, au prix de sa vie, tenta de partager avec tous son « rêve » de fraternité devenu mémorable.

À tous ces hérauts de paix, de justice et d’amour, disciples du Christ ou pas, s’applique en ce jour la parole de Jésus : « Celui qui n’est pas contre nous est pour nous ».

Le verre d’eau donné au pauvre ou la chute provoquée d’un seul de ces petits qui croient en moi, deviendra pour tous justice du jugement.

Ne l’oublions pas, le Christ condamnait sans recours possible celui qui n’entend pas ou ne voit pas le pauvre à sa porte. Dans cet esprit, l’apôtre Jacques, ce dimanche, sermonne sans merci tous ceux et celles qui font la sourde oreille aux revendications des sans voix.

« Il est venu vers les siens et les siens ne l’ont pas reçu », dénonçait l’apôtre Jean au tout début de son Évangile, mais  « à tous ceux qui l’ont reçu, il a donné de devenir enfants de Dieu. » Tels les prophètes auxquels faisaient allusion Moïse et l’apôtre Paul.

Les textes de la liturgie de ce jour sont durs, mais ils demeurent sans ambiguïté. Les messagers pour un réveil à l’intégrité, la justice et la paix, sont là, pour nous, depuis toujours; prophètes de toutes croyances, de toutes cultures, ils parlent sans équivoque. Entendons-nous leur message? Peut-être serait-il temps de nous laisser interpeller? Qu’ai-je fait pour l’avènement d’un monde juste, alors que le fossé entre riches et pauvres ne cesse de s’élargir et de s’approfondir ?

Pourtant, comme on le disait au début de la célébration : Ça brasse tout autour de nous :

- une mobilisation populaire questionne les mensonges, les abus de pouvoir;

- les revers de l’économie pénalisent tant de familles;

- la présidentielle américaine sous la mouvance des riches, susceptible d’un impact chez-nous;

- le gouvernement syrien que rien ni personne ne semble pouvoir arrêter dans la répression sanglante de son peuple;

- et toutes ces différences religieuses et culturelles sources fréquentes de guerres insensées;

- ce printemps arabe sans trop d’espérances;

- et nous avec nos graves petites querelles intestines…

Certes, d’aucuns semblent préoccupés par ces injustices. Mais, nous, ça nous fait quoi pareilles situations? Nous dérangent-elles plus que le message chrétien des prophètes de notre temps? Combien de temps allons-nous continuer notre petit bonhomme de chemin comme si de rien n’était, sans entendre des appels désespérés, sans penser — peut-être — à réviser nos modes de vie, nos attitudes, nos comportements, aujourd’hui même? Rejeter sur les épaules de quelqu’un d’autre toute la responsabilité?

Ce que Jésus nous dit en ce jour :  « un verre d’eau donné au nom de notre appartenance au Christ ne restera pas sans récompense… » : Mais il ajoute aussi : « Malheur à celui qui en raison de sa cupidité deviendra objet de scandale, obstacle à une vie humaine… Si ton œil ne voit rien, si ta main se ferme, si ton pied se détourne… »

Puissions-nous persévérer dans nos saines attitudes concernant toute forme d’injustice, et comme tant d’autres devenir prophètes, porteurs de paroles d’amour, de justice et de paix que faisait entendre Jésus décrivant le Royaume qu’il était venu établir.

Le Christ a besoin de nous. Un prophète, ce n’est pas un sondeur d’avenir, mais un réalisateur, un bâtisseur d’un présent humain et fraternel. « N’aimons pas seulement en paroles, mais par des gestes ». Le plus petit de ces gestes sera récompensé ici bas et dans l’éternité.

Communauté chrétienne Saint-Albert-Le-Grand de Montréal