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13e Dimanche du Temps Ordinaire (B)

1 juillet 2012

Jésus est attentif aux détails

Bruno Demers

Livre de la Sagesse 1,13-24

Marc 5,21-43

« Puis il leur dit de la faire manger. »
« Tu vois bien la foule qui t’écrase et tu demandes qui t’a touché? »
Jésus est attentif aux gens, à des détails.
Même après le miracle il garde les pieds sur terre
et s’assure que la jeune fille ait quelque chose à manger.
Bruno Demers
C’est rafraîchissant de lire ce genre de détail dans un récit comme celui d’aujourd’hui.
Parce que, quand nous faisons nous-mêmes l’objet de telles attentions
de la part des autres, nous l’apprécions beaucoup.
Mais, chez Jésus, est-ce seulement une belle qualité personnelle
ou cela ne viendrait-il pas dire davantage?

« Dieu n’a pas fait la mort. Il ne se réjouit pas de voir mourir les êtres vivants.
Dieu a créé l’être humain pour une existence impérissable. »
L’attention de Jésus à chaque personne, aux réalités terre à terre de sa vie,
est la façon que Dieu a choisie de lutter contre le mal, la souffrance, la mort.
Dieu n’est pas un Dieu vengeur qui punirait les humains pour avoir désobéi à des lois.
Non, il n’a pas fait la mort ni la souffrance.
Il vient à notre rencontre, nous rejoindre dans notre quotidien afin de faire reculer avec nous les limites, les finitudes, les puissances de mort qui existent dans notre monde.

Depuis les tout premiers débuts Dieu a résolument pris le parti de la vie.
« Dieu a créé l’être humain pour une existence impérissable. »
Si nous sommes des êtres mortels, et nous le savons bien,
nous sommes aussi des êtres promis à la vie.
C’est pour cela que Jésus fait des miracles,
mais pas des miracles comme on l’entend spontanément.
Jamais ses guérisons ne cherchent à «épater la galerie».
Jamais ils ne servent à faire étalage de sa puissance «surnaturelle».
Ce qui est intriguant d’ailleurs chez Jésus, c’est justement qu’il n’en ait pas fait plus.
Touché qu’il était par la souffrance des gens, pourquoi n’en a-t-il pas fait davantage?
Non, les miracles sont plus que des bienfaits ou des sauvetages inattendus.

Dans les récits d’aujourd’hui Jésus n’utilise que des paroles :
« Ma fille, ta foi t’a sauvée. » ou encore « Je te le dis, lève toi. »
Dans ce dernier cas, il s’agit du même mot que les premiers chrétiens utiliseront pour parler de la résurrection : « Il s’est levé d’entre les morts. »
Par ses paroles, Jésus dévoile la grande puissance mystérieuse de la vie.
Les miracles sont des signes qui nous entraînent plus loin.
Ils nous rappellent que,
malgré les avancées scientifiques que nous apprécions par ailleurs,
le réel demeurera toujours plus grand que ce que nous pourrons en connaître.
Les miracles sont des signes qu’on peut dépasser les seuils et les limites de notre monde.
Des possibilités imprévues demeurent toujours ouvertes.

Des possibles qui commencent dans des détails,
qui sont perçus par des gens attentifs aux petites choses de la vie
et qui gardent les pieds bien sur terre.
Afin de les percevoir, nous sommes invités à nous aider mutuellement.
Si Jaïre n’avait pas demandé la guérison de sa fille,
Jésus ne se serait pas mis en route,
et la femme aux pertes de sang n’aurait pas eu l’occasion de toucher,
avec foi, au vêtement de Jésus.
Si Jaïre n’avait pas entendu Jésus confirmer la guérison de la femme aux pertes de sang,
il se serait découragé en apprenant la mort de sa fille.
Mais la foi de la femme aux pertes de sang a relancé la demande de foi de Jaïre.

L’action de Dieu s’inscrit dans l’histoire d’une manière discrète, dans des détails.
Nous n’arriverons jamais à connaître complètement le fonctionnement de l’univers.
Les miracles, qu’ils aient été grossis ou multipliés par les premiers chrétiens,
nous rappellent essentiellement
que les seuils et les limites de notre monde sont dépassables.
Des possibles demeurent toujours ouverts dans un monde habité par Dieu
Les miracles sont comme des cailloux blancs qui nous indiquent le chemin de la foi.
En nous relançant mutuellement sur ce chemin, nous sommes entraînés
du signe vers Celui qui fait signe,
du visible vers l’invisible,
du bienfait vers le Bienfaiteur.

Communauté chrétienne Saint-Albert-Le-Grand de Montréal