Is 49, 1-6

 

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Fête de saint Jean-Baptiste (B)

24 juin 2012

Le vieil homme et l’enfant

Is 49, 10-6

Luc 1, 5-17

Guy Lapointe

Guy Lapointe

On pourrait intituler ce passage d’Évangile selon Luc : le vieil homme, la vieille dame, et l’enfant. En effet Zacharie et Élisabeth sont d’un grand âge. Ils sentent tous les deux qu’ils vivent un moment de vie étonnant. C’est un passage. On sait que cet enfant aura un destin particulier. Ses parents ne veulent pas lui donner le prénom de son père, comme c’était la tradition pour un premier-né. L’ange leur avait dit : « il s’appellera Jean et il sera grand devant le Seigneur ». Au moment de la circoncision, au grand étonnement Guy Lapointede tous, sa mère insiste : il s’appellera Jean. Et son père Zacharie, jusque-là muet, écrit sur une tablette : « Son nom est Jean ». On le nommera plus tard, Jean le baptiseur, homme de désert, homme de parole, homme d’humilité. Il ouvre la route à Jésus. Il sera un laboureur. À sa suite, je dis bien à sa suite, Jésus sera un homme de terrain, proche des plus pauvres. Jean lui a ouvert un chemin de liberté. Cet enfant aura un rôle important à jouer pour l’avenir de l’Évangile et même pour l’avenir du monde.         

J’ouvre ici une parenthèse pour nous rappeler que la fête de la nativité de Jean-Baptiste était déjà célébrée au temps de s. Augustin (IVe s.). On rappelle sa naissance intimement liée à celle de Jésus. Un lien de parenté très fort. Le choix de la date de la fête est significatif. À Noël, le soleil reprend sa course (solstice d’hiver), on célèbre la naissance de Jésus. En juin, le soleil commence à baisser, (solstice d’été) c’est la naissance de Jean Baptiste. Je ferme la parenthèse. Pensez maintenant à cette phrase dans l’évangile de s. Jean. Parlant de Jésus, Jean-Baptiste disait : « Il faut qu’il grandisse et que moi, je diminue (Jn 3). Jean Baptiste et Jésus ont vécu ensemble. Une belle histoire, pleine d’humanité et d’espérance… Le vieux Zacharie laisse tout l’espace de vie à son fils. Il sait que son fils est appelé à quelque chose de grand. Il est ouvert à tous les commencements et recommencements.         

 Et pour nous qui, en cette fête de la Saint-Jean Baptiste, écoutons ce récit, n’avons-nous pas l’impression, et plus que l’impression, la conviction de vivre un moment d’Évangile très significatif. « Que sera donc cet enfant? » C’est la question de toutes les naissances. C’est le début d’une aventure humaine, au grand étonnement de tous les participants à cette célébration dont on connaît la suite… Il connaîtra un parcours bien singulier, ce Jean le baptiseur. Non seulement il baptisera Jésus, mais, c’est lui qui pointera du doigt la nouveauté de cet événement Jésus. On sait ce qu’il a fait de sa vie : un précurseur.

À quoi est-on appelé? À faire confiance et agir en conséquence; faire confiance à la différence de l’autre, comme Zacharie le fait pour son fils. Tout comme Jean-Baptiste fait confiance pour annoncer un passage, un changement profond. Il est un précurseur.          

Comme au temps de Jean Baptiste, nous avons besoin d’accueillir de nouveau cette annonce d’Évangile dans un contexte social et d’une approche évangélique en mouvance. Faire confiance à notre présent et à notre avenir. Bien sûr, on est moins nombreux à témoigner de notre foi en l’Évangile. Les assemblées dominicales se rétrécissent; elles doivent prendre de la profondeur. Elles exigent notre participation. Nous sommes responsables de la qualité de nos expressions de foi. Il s’agit de nous, de ce que nous voulons vivre et comment nous voulons vivre notre foi, comment vivre cet Évangile dans notre société. Notre communauté, loin d’être parfaite, n’est-elle pas vivante et inspirante? Et Il y en a bien d’autres. Nous vivons un passage d’un christianisme fort à une expérience chrétienne qui gagnerait à être plus inspirante. Pour ce faire, il faut lâcher prise… Comme le vieux Zacharie à l’égard de son Fils Jean.     

À quoi est-on appelé? À faire confiance, à agir en conséquence. Faire du neuf, risquer l’inventivité. Redevenir des précurseurs, oser des chemins nouveaux; nous interroger sur les valeurs de solidarité si présentes dans l’Évangile. Jean Baptiste, et Jésus à sa suite, ont ouvert un chemin de liberté, en écoutant le monde, ses espoirs, ses désespérances. Écouter, n’est-ce pas être en marche?          

Voilà, célébrer la Saint Jean, c’est faire mémoire de ce qui a été et de ce qui est. C’est aussi comme Jean Baptise, labourer le terrain pour que l’Évangile, tel un espace de liberté, rejoigne ce qu’il y a de meilleur dans les générations qui nous ont précédés et dans celles qui viennent et qui nous accompagnent.        

En somme, la saint Jean, c’est la fête de nos racines, de nos projets et de nos retours. Soyons vivants. Bonne fête de la Saint-Jean!          

Communauté chrétienne Saint-Albert-Le-Grand de Montréal