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3e Dimanche du Temps Ordinaire (B)

22 janvier 2012

Comment allons-nous faire l’unité des chrétiens?

 

Jonas 3, 1-5.10

Marc 1, 14-20

 

Bruno Demers

Bruno Demers

À chaque année, vers la fin de janvier, l’Église propose à notre prière la préoccupation de l’unité des diverses confessions chrétiennes. Comment allons-nous faire cela concrètement?

En demandant aux autres de revenir au « tronc » catholique?
Ce serait mettre de côté beaucoup d’expériences, de réflexions et de pratiques développées et accumulées au cours de plusieurs siècles.

Bruno DemersPar une sorte de négociation où, par exemple, les catholiques abandonneraient la dévotion aux saints ou à Marie en échange de la reconnaissance du rôle du pape par les protestants?
Ça ressemblerait beaucoup trop à une négociation syndicale!

Comment faire, donc? Quels efforts déployer? Quel type de stratégie élaborer? L’Évangile d’aujourd’hui vient remettre en question toutes nos planifications en nous présentant un point de départ très intéressant.

« Les temps sont accomplis, le Règne de Dieu est tout proche, Convertissez-vous et croyez à la Bonne Nouvelle! »
Ça y est : l’appel à la conversion, me direz-vous! Faisons tous des efforts pour nous convertir et l’unité des chrétiens, comme le Règne de Dieu, arriveront. Ce n’est pas mauvais, évidemment, mais on passe à côté de la nouveauté de Jésus Christ. En effet, pour bien saisir l’originalité de l’approche de Jésus Christ il faut la situer par rapport à la façon de faire de Jean-Baptiste.
Qu’est-ce qu’il disait Jean-Baptiste? «  Retirez-vous au désert, faites pénitence, jeûner, convertissez-vous, dépouillez-vous, vous préparerez ainsi l’arrivée du Règne de Dieu »…

Or, que dit Jésus par rapport à Jean-Baptiste? Il renverse la perspective : « Les temps sont accomplis, le Règne de Dieu arrive, Convertissez-vous et croyez à la Bonne Nouvelle! »
Le Règne de Dieu est maintenant arrivé. Accueillez-le, recevez-le, laissez-vous atteindre, transformer, rejoindre par cette Bonne Nouvelle. L’Évangile n’est pas d’abord, une morale, une série de choses à faire pour mériter le Règne de Dieu. C’est d’abord la révélation de la présence de Dieu parmi nous : l’histoire a un sens, notre monde est habité par un projet de bienveillance. Laissez-vous façonner par son Esprit, c’est ainsi que le Règne de Dieu grandira parmi nous. Par rapport à ce qu’annonçait Jean-Baptiste, c’est un renversement complet de perspectives.

Ce ne sont pas nos efforts qui vont préparer le Règne de Dieu. Ce sera plutôt l’accueil de Jésus Christ. Parce que Dieu est un Dieu de bienveillance et de miséricorde. C’est justement ça que Jonas n’accepte pas : « Je savais bien que tu es un Dieu bon et miséricordieux. » Il n’acceptait pas que Dieu puisse montrer une telle bienveillance à l’égard des Ninivites, des non-juifs! C’est pour ça que Jonas refuse, dans un premier temps, cette mission, et, qu’après coup, il se fâche parce que sa mission a réussi!

Puisque notre Dieu est ainsi, l’important ce n’est pas nos pratiques d’ascèse ou de mortification. C’est plutôt notre capacité d’accueillir la Bonne Nouvelle. Et quand on pense à l’unité des chrétiens, l’important ce n’est pas les stratégies que nous pouvons élaborer. C’est plutôt notre capacité à nous laisser rejoindre, de façon authentique, par la Parole de Jésus Christ. C’est dans la mesure où nous nous laisserons transformer, changer, convertir par lui que nous nous rapprocherons les uns des autres. L’unité des chrétiens ne résultera pas, premièrement, de nos efforts calculés. C’est Dieu lui-même qui fera l’Unité, comme il le veut. Nous sommes conviés à nous ouvrir à cette perspective.

De ce grand projet mené par Dieu lui-même nous sommes invités à être les apôtres, les témoins. Pas des fonctionnaires qui exécuteront un plan quinquennal élaboré par un conseil de stratégie. Plutôt des témoins d’une expérience de rencontre. Une rencontre entre une Parole de bienveillance, de miséricorde, de sens et un humain en quête d’accomplissement, de bonheur. Des témoins d’une promesse car, depuis la Résurrection, le cycle de la fatalité a été brisé : le pardon triomphera de la haine, la paix l’emportera sur la guerre, la vie aura le dernier mot sur la mort.

L’eucharistie est justement le moment de nous remémorer son initiative. Disposons nos esprits et nos cœurs à nous laisser rejoindre par son projet.

Communauté chrétienne Saint-Albert-Le-Grand de Montréal