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Dimanche de la Sainte Famille (B)

1er janvier 2012

Quatre phrases surprenantes

Hubert Doucet

Alban Gautier

Colossiens 3, 12-17

La parole qui vient de nous être adressée me paraît tout à fait correspondre à l’esprit du premier de l’An. N’est-ce pas la journée où nous nous offrons des vœux de bonheur et où nous prenons même quelques bonnes résolutions? La Parole que nous venons d’entendre me semble pleine de belles suggestions pour des souhaits et des résolutions. Les attitudes que la Parole nous suggère, les comportements qu’elle nous propose de mettre en œuvre, les vertus, pour reprendre un mot quelque peu dépassé ces années-ci, qu’elle nous invite à pratiquer expriment le souhait d’un monde profondément humain.

Au cours de la dernière année, pour ne reprendre que celle-là, des femmes et des hommes d’un peu partout dans le monde se sont révoltés contre leur condition inhumaine et exigé d’être respectés dans leur humanité. La Parole qui nous est adressée aujourd’hui nous ouvre des pistes pour participer à réaliser l’humanité rêvée. On y parle de tendresse et de bonté. On y parle d’humilité, de manière à ne pas se prendre pour un autre.  On nous invite à la solidarité, à la vertu du pardon et à la grâce de la patience. Le vœu que nous lance cette Parole et qui fait l’unité de toutes ces différentes pistes, c’est que chacun, chacune accueille l’autre comme un semblable, mais paradoxalement, un semblable qui est reconnu comme étant autre, autre que soi.

Cette capacité d’accueillir le semblable comme un autre et de l’accompagner dans son aventure rend possible une vraie communauté, par opposition à un agrégat d’intérêts où chacun ne cherche que soi-même.      

Comment être à la hauteur de cette invitation de la Parole dans notre quotidien, particulièrement dans notre vie familiale, le thème de notre rencontre d’aujourd’hui? Dans la partie qui suit l’extrait que je vous ai lu, le texte tente de répondre à cette question. Alban et Alexandra vous offriront maintenant quelques réflexions à ce propos.

Hubert Doucet



Avant d'aller plus loin, faisons un pas en arrière. Vous l'avez certainement remarqué, il n'y a pas d'évangile dans le nouveau testament qui parle de la famille, des enfants  et de leur  rôle dans l'accomplissement du message de Dieu.

En creusant un peu dans le nouveau testament, on note cependant deux faits intéressants :
D'abord, Dieu nous envoie son enfant, un fils, pas un envoyé ou un messager.

Un fils qui vit avec Père et Mère, avec Marie et Joseph, qui après l'épisode de la fuite au temple tel que Luc le raconte  « leur  est de nouveau soumis ».

Et Luc de continuer « Jésus grandit en sagesse, en stature et en grâce devant Dieu et devant les hommes ».
Ensuite, un peu plus tard dans l'Evangile, Jésus va laisser venir à lui les petits enfants, « Laissez les enfants venir à moi. Ne les empêchez pas, car le royaume de Dieu est à ceux qui leur ressemblent ».

On conviendra  que c'est un peu insuffisant pour se forger une idée claire. La suite de la lettre de saint Paul aux Colossiens apporte des éclairages bienvenus. La voici :

18 Femmes, soyez soumises à vos maris, comme il convient dans le Seigneur.
19 Maris, aimez vos femmes, et ne vous aigrissez pas contre elles.
20 Enfants, obéissez en toutes choses à vos parents, car cela est agréable dans le Seigneur.
21 Pères, n'irritez pas vos enfants, de peur qu'ils ne se découragent.

Ces quatre phrases surprennent n'est-ce pas? Certains aspects semblent vieillis alors que d'autres apparaissent résolument modernes.
Ces quatre phrases résument pourtant bien ce que sont les deux piliers d'une cellule familiale depuis des millénaires : la relation de couple et la relation des parents à l'enfant.

Commençons par le premier pilier : la relation de couple. Les deux premières assertions ne peuvent aller l'une sans l'autre. Ce qui ressort, c'est l'équilibre nécessaire dans le couple entre droits et devoirs réciproques dans le respect l'un de l'autre. Et pas un asservissement à sens unique comme la première phrase, sortie de son contexte, pourrait le laisser penser.

Un équilibre qui permet l'épanouissement du couple. Et les moyens d'y parvenir tiennent dans les préceptes exposés aux Colossiens : Montrez de la bonté, de l'humilité, de la douceur, de la patience aux autres en particulier avec ceux qui partagent votre vie. Supportez-vous aussi, et pardonnez.

Voyons maintenant le 2e pilier : la relation des parents à l'enfant.
Antoine de St Exupery a dit : « on est de son enfance comme on est d'un pays ».
Et c'est vrai que la relation des parents entre eux comme la relation des parents avec les enfants va conditionner leur vue du monde lorsqu'ils vont devenir adultes, ce qui est bien ou ce qui est mal, ce qu'on doit faire ou ne pas faire, ce qu'on peut accepter ou qu'on ne peut pas accepter.
Encore une fois et pour être comprises, les deux assertions relatives aux enfants doivent être prises ensemble. Ainsi, le même équilibre nécessaire dans la relation de couple doit s'établir entre parents et enfants. Je pense qu'on peut même aller plus loin : l’obéissance des parents prend son sens dans l’amour que les parents se portent l’un à l’autre au quotidien.
En effet, serait-il juste d'exiger des enfants un respect sans condition à des parents qui ne se respectent pas et qui ne les respectent pas? La réponse est non.

J'aimerais revenir sur la dernière phrase qui me semble étonnement moderne : Pères, n'irritez pas vos enfants, de peur qu'ils ne se découragent. Ce que j'y lis, c'est qu'en tant que parents, nous devons aussi accepter pour nos enfants que l'apprentissage  comme  la mise en pratique des messages du Christ sont un long chemin, qu'on ne peut exiger d'eux une excellence immédiate et imperfectible, pas plus qu'on ne peut l'exiger de nous-même, sous peine que les enfants « s'irritent et ne perdent courage ».
Alors être un couple solide et de bons parents est il aussi simple que ces quatre phrases? Non.

Est-ce que des dangers nous guettent sur ce long chemin d'apprentissage? Oui.
Renaldo parlait lors du deuxième dimanche de l'Avent du fléau moderne des quatre E, Eparpillement, Encombrement, Enervement, Epuisement. Ils sont désormais notre pain quotidien à toutes et à tous, au travail et en famille. Ils brouillent notre vue et nos cœurs, au point que parfois, la lumière du phare disparaît.

Laissez-moi vous partager un petit guide de route que j'aime à relire dans ces moments-là et qui complète notre lecture d'aujourd'hui : « 36 manières d'aimer, aux Editions des Béatitudes ».

Enfin, j'aimerais terminer en vous laissant sur cette pensée un peu folle, en guise de vœux pour cette nouvelle année.
Qu'est-ce que le Paradis? Le Paradis, c'est peut-être tout simplement l'insouciance. A quel âge somme-nous le plus insouciant : à l'enfance, sous la protection et la bienveillance de nos parents.
Alors peut-être que le Paradis c'est tout simplement « Vivre heureux son enfance ». Si nous, les parents faisons l'effort et avons le courage d'aimer nos enfants dans l'amour du Christ, alors nous pourrons dire : « nous sommes les gardiens du Paradis ».

Alban Gautier


Intentions de prières

Seigneur, aujourd'hui nous te prions pour qu'à l'écoute de ta Parole,  nos familles deviennent des êtres vibrants  qui guident leurs enfants dans tes pas.

Seigneur, tout au long de cette nouvelle année, accompagne notre Communauté dans ses chemins de vie pour que nos joies comme nos peines, nos espoirs comme nos désillusions, nos rencontres comme nos rendez vous manqués, nous aident à grandir en toi.

Seigneur, dans ce monde d'agitation et d'immédiateté, aide ton peuple à prendre le temps de  prier, aide nous tous à être lucide sur les talents que nous pouvons exploiter pour devenir acteurs de ton changement.

 

Communauté chrétienne Saint-Albert-Le-Grand de Montréal