27 novembre 2011
Nicole Ricalens
Dans quelles dispositions accueillons-nous l’Avent? Comme tout grand événement, Noël se prépare à l’avance et dès aujourd’hui. Préparer cette fête, ce n’est pas seulement s’apprêter à commémorer; cela doit être beaucoup plus pour chacun de nous : nous devons faire un effort d’intériorité et nous demander comment accueillir Celui qui vient. Ce doit être pour nous l’occasion d’un éveil, de faire un retour sur nous-mêmes, d’approfondir notre vie intérieure pour nous faire prendre conscience que nous devons d’abord nous accueillir avec nos défauts et nos faiblesses – si je ne sais pas qui je suis, qui le saura? – Alors seulement, nous nous sentirons capables d’ouverture et saurons comment accueillir le Christ dans cet autre qui nous ressemble, notre frère, notre sœur; nous sommes porteurs auprès d’eux d’une parole et d’une espérance qui se manifeste dans une attente active, une attente devant unifier et orienter toutes nos énergies et tous nos désirs vers un seul but qui est, comme le dit Saint-Paul aux Corinthiens, de voir « se révéler notre Seigneur, Jésus-Christ ». Cette révélation, ce sont des cieux nouveaux et une terre nouvelle où régneront justice, amour, paix et compassion. N’est-ce pas ce monde nouveau qu’attendent aujourd’hui ces « éveilleurs de conscience » qui nous interpellent, ces Indignés, ces laissés-pour-compte, ces pauvres, ces jeunes qui troublent notre quiétude et qui manifestent un désir profond de changement, un changement incarnant nos grandes traditions spirituelles. Sommes-nous prêts à les accueillir et à les aider à bâtir ce royaume qu’ils réclament?
Qu’est-ce qui fait chez nous obstacle à l’accueil? Sans doute, des sollicitations de toutes parts qui nous forcent à nous disperser en nous faisant oublier l’essentiel, et sûrement aussi une routine bien tranquille, tellement plus sécurisante que l’imprévu et la marche vers l’avant! Mais, sachons-le, nous n’avons pas le droit de dormir : il faut que l’Avent dérange notre repos, que chacun de nous se sente interpellé par la proximité de Noël. « C’est le moment, l’heure est venue de sortir de votre sommeil », dit Saint Paul (RM 13, 11) pressant les Romains de sortir de leur torpeur. Pourquoi? Parce que Noël approche et Dieu vient!
Il vient… mais où? Quand? Comment? Impossible de répondre à ces questions. C’est un mystère. Nous ne savons rien ou si peu! Nous restons dans le brouillard; nous savons seulement qu’il nous surprendra à un moment que nous ne l’attendons pas. Nous ne savons en effet ni le jour ni l’heure, mais restons vigilants. « Prenez garde, restez éveillés nous dit Marc, car vous ne savez pas quand le maître de la maison va venir… Ce que je vous dis, je le dis à tous : veillez ».
Pourquoi Dieu vient-Il? À cette question-là, nous pouvons répondre : au moment où il veut devenir comme nous, il nous propose de devenir comme Lui, il se fait enfant des hommes pour que nous devenions enfants de Dieu.
Le Christ est déjà venu pour nous sauver, mais nous croyons qu’il reviendra. Redisons-nous sans cesse qu’Il vient pour nous aimer, pour nous éclairer, pour nous donner la force nécessaire pour nous conduire vers Lui et vers nos frères qu’Il nous demande d’accueillir; Il vient pour nous remettre en face de l’essentiel et nous arracher à nos soucis et à nos rêves. Ne le cherchons pas mais trouvons-le, il est là! Trouver Dieu, ce devrait être savoir pour toujours que Dieu ne cesse de venir; Le trouver devrait être la grande aventure – la seule qui importe vraiment – celle du don de soi à Dieu et aux autres. Il veut et vient nous surprendre : chacun de nous Le trouvera, Le trouve… ou L’a déjà trouvé. « Le Seigneur se tient à la porte et il frappe », nous dit l’Apocalypse (Ap. #, 20). Serions-nous de ceux qui entendent des coups frappés à la porte et ne reconnaissent pas Celui qui veut entrer?
Et si Noël était un autre jour chaque année? Imaginons! Que se passerait-il? Ne serait-ce pas, en effet, une occasion pour nous de changer nos habitudes et de réinventer l’ordonnance de ce jour et des semaines qui le précèdent? Ne nous faisons pas d’illusions, nous ferions les mêmes préparatifs, nous aurions un jour de congé, certes et nous retrouverions les mêmes célébrations, les rites de ce jour de fête… Mais soyez-en persuadés, cela ne changera absolument rien car il sera toujours question d’une attente dans l’espérance et de la venue du Christ dont le moment demeure une surprise, comme il nous l’a annoncé! À nous de le guetter et de l’accueillir!
C’est pourquoi, en cette période de l’Avent, rappelons-nous que l’important quand on attend le Christ, c’est de l’imiter; mettons nos pas dans les siens et avec amour, aidons les autres à en faire autant. Reconnaissons Dieu parmi nos frères en les accueillant, en les aimant de tout notre cœur et de toutes nos forces. C’est là le plus urgent; pour le reste, faisons confiance. Une des grandes différences entre l’espoir humain et cette attente des chrétiens tient à ce que la promesse de Dieu est en voie de réalisation.
Alors, que chacun de nous se tienne prêt! Comptons-nous parmi les « indignés » et soyons des « indignés » bâtisseurs d’un nouveau royaume!
Voici le jour de Dieu, car Dieu s’annonce et vient parmi nous!