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27e Dimanche du Temps Ordinaire (A)

2 octobre 2011

Le chant de la vigne

Christine Mayr

 Isaïe 5, 1-7

Matthieu 21, 33-43

Philippiens 4, 6-9

 

 

Aujourd’hui c’est le troisième dimanche de suite que les textes nous parlent d’une vigne et d’un vigneron. Nous avons appris que la vigne c’est le royaume de Dieu et le vigneron c’est Dieu : un Dieu bon hors mesure qui paye le dernier arrivé autant que le premier, un Dieu qui nous appelle à travailler dans sa vigne et qui nous laisse la liberté d’accepter, ou non, son invitation. J’aime ce Dieu. Même si je ne suis pas toujours capable de faire sa volonté, je l’aime.

Mais aujourd’hui tout en moi se révolte. Les deux textes me montrent un Dieu qui ne pense qu’à son profit, qui se fâche quand sa vigne ne porte pas de fruit; un Dieu vengeur qui punit avec dureté. — Ce n’est pas mon Dieu!
Et puis je m’arrête : si je ne peux pas accepter ce Dieu, si je n’aime pas la réponse que la Bible semble me donner, se peut-il que je n’aie pas posé la bonne question?

Ce peut-il que ce vigneron, qui ne ressemble pas à Dieu, en effet n’est pas Dieu? Ce vigneron ne ressemble-t-il pas plutôt à moi?

Combien de fois n’ai-je pas commencé quelque chose avec beaucoup d’élan et d’amour et cela n’a pas porté fruit. Alors, je ne me suis pas laissé décourager. J’ai essayé d’une autre façon… sans résultat encore une fois. Alors je me suis acharnée, j’ai fait tout mon possible avec tout mon cœur — et c’était encore l’échec, l’échec total. Et cela m’est arrivé plus d’une fois! —

À ces moments-là, le chant de la vigne et le mien : Je chante la beauté de mon projet et mes bonnes intentions. Je chante aussi ma déception et ma rage. Isaïe parle vraiment de moi — et il me console, car il me donne le droit de faire une brèche dans le mur de mon acharnement et de laisser tout derrière moi.

Jésus, dans l’Évangile, va même plus loin (Il a l’habitude de ça). Il me rassure que mon projet, s’il vaut la peine, sera donné à quelqu’un d’autre qui le mènera à bien. Et moi, j’aurai le droit de recommencer autre chose, qui sera probablement plus à ma taille.

Il ne me laissera pas seule. Il sera avec moi. Sa vie à lui, ne s’est-elle pas terminée dans un échec apparent, dans la mort même? N’est-il pas ressuscité? Le royaume de Dieu, ne continue-t-il pas?

Alors, monte en moi un autre texte que nous allons entendre plus tard : un extrait de la lettre de Saint Paul aux Philippiens qui dit à peu près ceci :
« Réjouissez-vous, oui, je le répète : réjouissez-vous, car Dieu est proche. Ne vous inquiétez de rien, mais portez tous vos prières et vos louanges devant Dieu. »

Croyez-moi : Jésus partage nos échecs et nos espoirs, nos morts et nos vies; plus encore : il partage sa vie avec nous dans le partage du pain et du vin, fruit de la vigne et de notre travail.

 

Communauté chrétienne Saint-Albert-Le-Grand de Montréal