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4e Dimanche de Pâques (A)

15 mai 2011

Pasteur bon et porte ouverte

Daniel Cadrin

Daniel Cadrin

Jean 10, 1-10

L’Évangile de Jean nous propose aujourd’hui une parole énigmatique, une parabole, qui parle de Jésus lui-même, de qui il est, mais dans sa relation à nous. Le ton est solennel : Amen, Amen, je vous le dis, ce qui souligne l’importance de ce qui suit. Deux images, différentes et emmêlées, sont utilisées pour donner accès au mystère de Jésus : Il est le pasteur, il est la porte.

La figure du pasteur évoque d’abord la relation personnelle entre Jésus et son disciple. Le pasteur est caractérisé par sa voix, qui appelle chacun et chacune des siens par son nom, voix unique à écouter, à reconnaître, voix qui établit une connaissance et une confiance mutuelles. Ce n'est pas une voix qui aliène, qui serait étrangère; elle est fiable. Elle permet de faire le passage vers l'extérieur, elle fait sortir dehors, au petit matin, après la nuit, dans un espace de liberté, où nous pouvons aller et venir et aussi trouver de quoi nous nourrir.

Cette relation entre le berger et les brebis est faite de confiance, de fiabilité, car ce pasteur est bon. Il n'est pas là pour utiliser les siens à son profit ou les conduire vers la destruction mais pour donner la vie, cette vie au grand air, en plein jour, une vie surabondante.

Cette figure du pasteur bon est mise en contraste avec d'autres, toujours actuelles, qui n'offrent ni liberté ni nourriture mais aliénation et violence. Voix des brigands qui viennent de nuit. Ces autres voix, nous entendons chaque jour leurs échos dans les médias, voix qui incitent au mépris, à la haine, qui appellent à vivre hors de toute solidarité, chacun pour soi, à nous enfermer dans nos petits mondes et à y rester, sans sortir dehors, prisonniers de nos peurs et de nos ressentiments. Voix qui exaltent les racismes et fanatismes de toutes sortes. Face à ces voix des brigands, la piste est claire : ne pas les suivre, s'enfuir loin d'elles, ne pas les écouter.

L'image de la porte est elle aussi inspirante. Elle dit autre chose que celle du pasteur. C’est une porte pour entrer dans un monde de confiance et de liberté, pour y découvrir d'autres qui nous y attendent. Une porte qui est une médiation car nous avons besoin de signes pour nous guider un peu; nous ne pouvons entrer dans le mystère directement. Une porte ouverte et identifiable, offerte à quiconque cherche et qui lui permet d'éviter l'égarement.

Cette porte donne accès à une nourriture, à un Royaume où la vie est donnée en abondance. Porte qui est celle du Messie, par où entrer dans la ville sainte pour célébrer l'arrivée d'une libération. Porte pour entrer dans un salut et sa dynamique d'espérance.

Les murs sont omniprésents autour de nous, créant des frontières et séparations étanches, fermant l'accès au mystère de l'autre. Mais cette porte qui est quelqu'un, Jésus le vivant, rend possible une libre circulation. Porte de maison, porte de ville, porte du pâturage, porte ouverte et offerte au passant en quête de pain et de rencontre, pour que le passant continue de vivre les passages vers la vie en abondance.

Pasteur et porte, ce sont des figures de Jésus proposées à notre méditation, pour mieux saisir et nourrir notre relation à lui. Mais aussi nous pouvons reprendre ces images pour nous-mêmes, puisque nous sommes le Corps du Christ vivant aujourd’hui, son visage. Comment pouvons-nous être des pasteurs bons, fiables, pasteurs les uns pour les autres et pour tant de gens que nous côtoyons, pasteurs qui aident à passer au grand air, avec confiance, qui cultivent un lien personnel avec les autres, qui donnent accès à une vie en abondance.

Comment pouvons-nous être ces portes ouvertes, portes battantes, qui favorisent l'entrée en d'autres univers, la circulation d'un lieu à l'autre, qui font des brèches dans les murs pour que des rencontres adviennent…

Dans la première lecture des Actes, des gens entendent la Parole et sont remués en eux-mêmes. Ils se demandent : que faire ? Ils entrent dans une dynamique de conversion, avec plusieurs étapes. Et la communauté grandit. Que faire ? Devenir des pasteurs bons, des portes ouvertes, accueillir et soutenir ceux et celles qui sont en chemin avec et vers le Christ, comme ces premiers communiants aujourd’hui, et rendre grâces au Dieu de la vie en abondance.

 

Communauté chrétienne Saint-Albert-Le-Grand de Montréal