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5e DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE – A

6 février 2011

La lumière du monde

Jacques Sylvestre

Isaïe 58, 7-10 

Matthieu 5, 13-16 

Corinthiens 2, 1-5

La seconde lecture de ce 5e Dimanche ordinaire, extrait de la lettre de l’apôtre Paul aux Corinthiens, fait une allusion à peine voilée à l’échec d’Athènes. L’apôtre Paul avait alors, devant l’Aréopage, déployé tous les ressorts de sa culture et tenté d’offrir aux Athéniens un discours plein de sagesse. Mais au moment de proclamer Jésus ressuscité, l’échec s’était avéré lamentable. Tous ont fui.

Fort de cette expérience, je voudrais sans les artifices du langage, très simplement et brièvement réfléchir sur le mot de Jésus après les Béatitudes : « Vous êtes la lumière du monde ». Je ne vais pas faire appel ici à tous les diplômes universitaires ou autres dont vous pourriez justement vous targuer. Le seul diplôme de 7e année, comme on disait autrefois, devrait suffire.

Le Seigneur venait de terminer le Sermon sur les béatitudes, charte du christianisme, engagement social plus que religieux : «  Bienheureux les pauvres, bienheureux les pacifiques, bienheureux les miséricordieux, bienheureux les assoiffés de justice… » Il conclue alors, s’adressant à ses disciples : «  Vous êtes le sel de la terre, vous êtes la lumière du monde.  » Cette dernière expression mérite une attention particulière.

Le terme « lumière » revient maintes fois dans notre célébration. Dès la première lecture tirée du prophète Isaïe : « Partage ton pain, recueille chez toi le malheureux, couvre celui qui est sans vêtement, ne te dérobe pas à ton semblable. Alors, ta lumière jaillira comme l’aurore, ta justice marchera devant toi et la gloire du Seigneur t’accompagnera. Alors, si tu appelles, le Seigneur répondra, si tu cries, il dira : Me voici ».

Le lien que l’évangéliste Matthieu fait entre les Béatitudes et la Lumière est on ne peut plus logique. Comment être « lumière du monde » et vivre la pauvreté, la simplicité si la poursuite du luxe et de l’avoir nous obsède et si le besoin ne justifie pas nos spéculations? Comme être « lumière du monde » si tout entichés de miséricorde que nous soyons, nous nous avérons intolérants, sévères dans nos jugements, radicaux dans nos condamnations? Comme « être lumière du monde » si la violence et toute entorse aux droits stigmatisent nos actions? En ces jours où en bien des contrées de ce monde, la contestation règne en maître et l’impatience de changements nous exaspère, ne serions pas à même de faire le procès de nos attitudes?
« Vous êtes la lumière du monde ».

Deux petits souffles pourraient lever la mèche de cette flamme : l’amour et la parole.

Si, nous inspirant du prophète Isaïe, nous savions aujourd’hui poser un geste d’amour, nous rapprocher de l’autre, savoir l’écouter, ne pas le juger, lui porter secours, le soutenir dans ses épreuves… La lumière entrerait dans sa vie comme celle que nous tamisent abondamment nos verrières.

Et si nous profitions de l’occasion pour lui faire entendre la Parole retenue au cours de cette célébration, tout au moins en être l’expression vivante.
« Vous êtes la lumière du monde. Une ville sise sur une montagne ne peut qu’éclairer ». Assemblés en cette église pour célébrer et nous disperser par la suite, nous ne pourrons qu’être de façon lumineuse cette parole vivante : « Vous êtes la lumière du monde ».Ainsi deviendrez-vous « sel de la terre » pour notre monde, votre petit monde.

« Alors si tu appelles, le Seigneur répondra; si tu cries, il dira « Me voici ».

Communauté chrétienne Saint-Albert-Le-Grand de Montréal