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Saint-Albert-Le-Grand de Montréal
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1er dimanche de l'Avent (A)

Dieu va venir parmi nous

28 novembre 2010

 

Nous entrons aujourd’hui dans l’Avent, cela veut dire : nous cheminons vers Noël, nous marchons vers une lumière dont nous sentons confusément, un peu comme les mages d’autrefois, qu’elle doit nous révéler quelque chose d’important, quelque chose qui peut changer nos vies. Cette marche à la lumière est nourrie d’attente et d’espérance, mais d’espérance de quoi, au juste? Qu’attendons-nous, qu’espérons-nous voir ou éprouver à la fin de ce parcours?

Le prophète Isaïe a une vision lumineuse, c’est le cas de le dire, d’un avenir radieux. Il entrevoit un temps de paix et de réconciliation entre les nations, où tous les peuples monteront à la montagne du Seigneur. Il faut l’avouer, nous avons bien du mal à recevoir et même à comprendre cette parole, qui nous semble bien utopique, presque un conte pour enfants. Notre situation actuelle, le monde dans lequel nous vivons, notre triste époque, disent certains, nous empêchent d’y croire. Nous vivons dans un climat de désenchantement, de désabusement et même de découragement face à notre société : sans parler des guerres qui ne cessent de faire rage sur la planète, plus près de nous on ne voit que scandales dans la construction et les affaires municipales, mainmise de la mafia sur les affaires publiques, inaction ou même recul des gouvernements quant à leurs responsabilités. Les citoyens eux-mêmes se détournent de ce monde qu’on juge vicié d’avance. Est-il possible de le réenchanter, ce monde? Beaucoup cherchent des « messies » de pacotille, des sauveurs dont on espère qu’ils feront tout à notre place. Mais nous, chrétiens, nous de la Communauté chrétienne Saint-Albert, qu’attendons-nous, qu’espérons-nous dans cette préparation à Noël que nous appelons l’Avent?

S’il y a une réponse possible à cette question, peut-être nous vient-elle de façon indirecte, par les paroles de l’Évangile d’aujourd’hui : « Veillez donc, dit Jésus, car vous ne connaissez pas le jour, où votre Seigneur viendra » et plus loin il précise : « Tenez-vous donc prêts. » Que signifie cette injonction? S’agit-il d’être sur ses gardes, dans l’éventualité d’un danger à venir, comme semble le suggérer l’analogie avec la venue, en pleine nuit, d’un voleur? Aurions-nous à nous barricader chez nous, en activant tous nos systèmes de sécurité? Et s’il s’agissait de tout autre chose, d’être attentif et vigilant, d’être à l’écoute des signes d’un changement inattendu, d’un renouveau, d’un nouveau commencement, dont la naissance d’un enfant, d’un petit d’homme, est peut-être l’image la plus lumineuse dans notre expérience humaine? Le renouveau, c’est peut-être, comme le dit Isaïe, quand on se met à forger des socs de charrue à partir d’épées ou des faucilles à partir de lances.

Mais dans notre vie de chrétiens, il y a, il devrait y avoir quelque chose de beaucoup plus nouveau, de radicalement nouveau, et c’est le fait que Dieu s’est fait homme, voilà l’extraordinaire « bonne nouvelle ». « Le dieu que j’aime, dit Olivier Le Gendre, ne cesse de me surprendre. » Il surgit là où on ne l’attendait pas, plus humble, plus effacé que ne l’imaginent nos stéréotypes de la divinité. L’extraordinaire, pour le Fils de Dieu, c’est d’être né comme un homme, ce qui est stupéfiant, et même pour certains un scandale, c’est la décision de Dieu de se faire homme, que celui que nous appelons Tout-puissant, Créateur et Maître du monde devienne homme réel et à part entière, commençant sa vie humaine, comme nous tous, dans la fragilité de la naissance et de l’enfance. Rien d’humain ne lui est étranger.

Réalisons-nous à quel point notre Dieu, le Dieu des chrétiens, le Dieu révélé par Jésus, le Dieu rendu présent à nous en Jésus, est un Dieu hors de l’ordinaire, radicalement différent des images que l’on se fait trop souvent de la divinité, des masques, fabriqués par nous, d’un être que nous imaginons complètement éloigné de nous, prompt à la colère et à la punition? Combien nous avons du mal à comprendre et croire que Dieu est proche, qu’il vient parmi nous, qu’il s’est fait homme totalement, sans jouer à l’homme, sans faire semblant. Et celui que nous appelons Fils de Dieu sur la terre, Jésus de Nazareth, ne parlait pas de lui-même comme Fils de Dieu, mais il se nommait, comme dans l’Évangile d’aujourd’hui, Fils de l’homme.

Pourquoi avons-nous tant de mal à croire à cette proximité de Dieu, à cet amour de Dieu pour nous, amour fou au point de vouloir assumer notre entière humanité? Ne serait-ce pas parce que nous avons du mal à nous assumer nous-mêmes, à nous aimer comme simples êtres humains? Dostoïevski, un prophète moderne à sa manière, le suggère : « Même être des hommes, cela nous pèse, dit-il – des hommes avec un corps réel, à nous, avec du sang; nous avons honte de cela, nous prenons cela pour une tache et nous cherchons à être des espèces d’hommes globaux fantasmatiques. » Il est difficile de s’accepter comme simple être humain, avec toutes les fragilités que cela comporte. C’est justement cette condition humaine fragile que Dieu a complètement assumée, en venant parmi nous, en étant l’un des nôtres jusqu’au bout, jusqu’à l’ultime fragilité.

Mais Dieu est-il venu parmi nous sans qu’on le reconnaisse? « Il est venu dans le monde, dit l’Évangile de Jean, et le monde ne l’a pas reconnu. » Et nous, pouvons-nous le reconnaître? À quoi croyons-nous le reconnaître? Quelle est notre réponse à sa demande : « Veillez! Tenez-vous prêts! »? Quels signes de sa présence cherchons-nous? Des signes de succès, de grandeur, de puissance dans ce monde? Nous risquons d’être déçus, trompés, fourvoyés. Où sont les témoins du Dieu vivant, du Dieu fait homme? En sommes-nous nous-mêmes, des témoins, engagés dans l’humilité et la simple humanité de nos tâches quotidiennes? Et si nous commencions simplement par l’accueil des enfants, cette image vivante du nouveau dans notre communauté?



Un grand merci à Germain Derome.
Son homélie fut particulièrement ajustée à notre réalité de ce jour.
Dieu qui embrasse notre humanité jusque dans notre vulnérabilité, cela nous
rejoint beaucoup.

Luc et Caroline Saint-Bonnet


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