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La Toussaint (C)

et la commémoration des morts

31 octobre 2010

Christine Mayr


C’est la fête aujourd’hui, la fête de tous les saints : au-delà du Frère André, au-delà de ceux que l’Église a canonisés. Nous célébrons aujourd’hui les saints d’hier — ceux que nous avons connus et aimés et qui nous ont quittés — les saints d’aujourd’hui et ceux de demain.

Qui sont-ils, ces saints?

Voilà ce que disent les textes du jour : L’Apocalypse nous parle d’une foule innombrable — en vêtements blancs — qui reviennent de la grande épreuve. Et l’Évangile évoque ceux qui pleurent, ceux qui cherchent le royaume de Dieu, la justice et la paix, les miséricordieux, les purs de cœur — des gens simples, des gens comme vous et moi?

Alors, ça veut dire quoi le mot: « saint »?

Pour St. Paul s’est simple : quand il écrit une lettre, il l’adresse « à tous les saints » de telle ou telle ville. Il ne leur demande pas de faire des miracles ou d’autres choses extraordinaires. Non, pour Saint Paul il suffit qu’ils aient choisi de suivre le Christ, ou d’essayer au moins. C’est tout.

Saint Paul est Juif; Pour les Juifs avant lui, qu’est-ce que « saint » veut dire?
Ils utilisent le mot « cadosh », et la racine de ce mot hébreu est « autre, différent ».
Sont saints alors, tous ceux qui ne suivent pas bêtement la foule autour d’eux, mais qui cherchent autre chose.
Sont saints certainement tous ceux qui cherchent L’Autre avec un grand L :
Ce Dieu qu’ils ne peuvent même pas nommer, car il ne donne pas son nom.
Tout ce qu’Il dit de lui même c’est : « Je suis celui que je serais ». Je suis un Dieu du devenir, un Dieu Autre, toujours différent de ce que vous imaginez.

Enfin, j’interroge ma langue maternelle, L’Allemand, (j’ai cet avantage) : Saint, en allemand, se dit « heilig »; et la racine de ce mot est heil, le verbe : heilen. Et ça veut dire guérir.
Ça ne dit pas être parfait, non, ça veut dire : avoir été blessé et guéri — être revenu de la grande épreuve avec tous ses défis et ses blessures. — La boucle est bouclée.

Et pour moi-même c’est quoi, être saint?

Dieu nous a rêvés et Il nous a créés selon son rêve.
Il nous aime tel que nous sommes, avec nos forces et nos faiblesses, avec ce que nous avons de trop et ce qui nous manque, avec nos limites et avec nos désirs de dépasser ces limites. — Il nous a créés comme ça!

Alors j’ose rêver, moi aussi, questionner et espérer au-delà des limites :

Pour être saint suffirait-il d’accepter d’être en recherche continuelle? Suffirait-il de ne jamais arriver, mais de toujours rester en route?
« En marche » dit la traduction des Béatitudes par Chouraqui : en marche les artisans de paix, en marche ceux qui luttent pour la justice, en marche vous qui pleurez … N’arrêtez pas!

La vie m’a appris que chaque fois que j’ai réussi quelque chose, soit l’enfance, l’adolescence, le choix d’un bien-aimé, d’une carrière, le vieillissement même… chaque fois que j’avais réussi quelque chose, il a fallu recommencer. Dieu, ce Dieu du Devenir, me propose toujours autre chose encore. — Parfois ça peut faire très mal — et pourtant chaque fois un nouvel horizon inattendu s’ouvre.
. . . . .
Et si, pour être saint, il ne nous était demandé rien que de faire un pas de plus?
Rien de spectaculaire, rien au delà de nos capacités — juste faire un pas, un seul pas vers l’inconnu; et le faire dans une espérance et une confiance folle.

Être saint pourrait se dire rien d’autre, que de vivre ma vie à moi, devenir, moi-même, tel que Dieu m’a rêvé? . . . . .

Quel défi — quel beau défi — quel défi possible!
Bonne et heureuse Toussaint à nous tous!

Et que Jésus, le plus saint parmi les hommes, nous accompagne dans ce parcours et nous nourrisse dans le partage du pain et du vin — et de sa vis en nous.


Commentaire

 

Madame Mayr,

Quel message à la fois simple et intense, centré sur l'essentiel, sur l'espérance, la confiance.
Simplement MERCI d'avoir accepté de partager avec nous, et de façon aussi limpide, cette réflexion qui fait vivre.

Suzanne Lavigueur


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