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26e Dimanche ordinaire (C)

 

Lazare et le riche

 

26 septembre 2010

Jacques Sylvestre


Deux remarques introduiront ce bref commentaire :

Dans l’esprit du texte, il n’est nullement question d’un « mauvais » riche. Aux yeux du Seigneur et de l’évangéliste Luc, pour qui la pauvreté était un des thèmes essentiels de leur enseignement, il n ’y a pas de mauvais riche, mais une utilisation égoïste des richesses. C’est l’usage de la richesse qui rend mauvais. Les riches sont comme les gérants au nom de Dieu des richesses qui, à leurs yeux, leur appartiennent, d’où qu’elles proviennent.

À remarquer en second lieu que le pauvre a un nom, alors que le riche n’en a pas. On peut en déduire à quel point les pauvres peuvent être importants aux yeux du Seigneur.

« Il les connaît par leur nom ». Pour Luc, les membres de la communauté chrétienne primitive étaient appelés à la mise en commun, au partage (Ac. 2. 43+). Saint Jean Chrysostome traduisait en termes percutants : « Riches! Ce que vous possédez sans vous en servir, vous le volez aux pauvres! Ils n’ont même pas le nécessaire pour vivre. » Il n’est pas immoral d’être riche, mais ce l’est de ne pas partager sa richesse de quelque nature qu’elle soit. Heureusement notre société est témoin d’une croisade pour le moins inusitée : Bill Gates et Buffet, les 2e et 3e milliardaires les mieux nantis de notre planète, ont décidé de donner aux pauvres une part substantielle, 90% de leur avoir aux pauvres, et ils envoient leur message aux 350 milliardaires de notre monde. Ils sont présentement en Chine, pour inviter les 60 milliardaires chinois à partager eux aussi. L’accueil, dit-on, est plutôt distant.

Ce que le Seigneur reproche au riche, c’est de ne point voir le pauvre à sa porte, de faire la sourde oreille à ses demandes et de ne pas lui tendre une main généreuse.

Un enfant s’amuse et se traîne dans la grande allée de l’église. Sa maman veille sur lui, elle le suit de près, l’entend et un moment viendra où elle le prendra dans ses bras.

Des pauvres, nul ne peut se donner bonne conscience en croyant qu’il n’habite point parmi les pauvres ou qu'il n'en est pas responsable.

Pauvre, on ne l’est pas que financièrement; on peut l’être spirituellement, psychologiquement, etc. Pensons à tous ces ados, les « gangs de rue » par exemple, qui se plaignent de n’avoir personne pour les entendre et leur tendre la main. Les ados ont tant besoin d’être compris même si leurs valeurs diffèrent quelque peu des nôtres, quelle que soit l’heure de leur appel au partage. Tantôt, ce sera un ami, un proche…

Voir, entendre et tendre la main, voilà l’usage que tout riche devrait faire de ses richesses financières, intellectuelles, spirituelles, affectives ou autres.

Dieu nous fasse la grâce de nous sensibiliser à cette présence parfois invisible à nos côtés!

Prenons un moment et faisons le tour de notre jardin pour voir si quelque pauvre ne s’y serait pas blotti à notre insu.


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