Restons debout, célébrons la résurrection
Je me permets une confidence. Je ne sais pas si c’est
le fait de vieillir, mais je n’ai jamais eu, autant que cette année,
le goût de fêter la vie, célébrer la résurrection… Il
me semble que, jour après jour, la résurrection est devenue
pour moi une véritable quête de sens de ma vie. Et j’associe
l’expérience d’aimer au passage de la mort à la
vie. Désir de résurrection… pas seulement à ma
mort, mais maintenant. Je sais que le contexte actuel, la conjoncture sociale
et mondiale y est pour quelque chose. On sent que plusieurs cherchent une
autre façon de vivre. Pour ma part, je sens que j’ai besoin
de ce chemin de la résurrection de Jésus. Cette nuit, c’est un appel à nous situer, chacune et chacun,
qui sommes ici à célébrer, avec nos désirs
de vie, un appel aussi à dépasser toutes nos morts. En venant
célébrer la résurrection, nous souhaitons sortir de
nos peurs, sortir de nos tombeaux, de nos enfermements. C’est à ce
lieu de vie en pleine nuit que nous avons rendez vous. Rendez-vous avec
Celui qui, au cœur même de toutes les obscurités, fait
jaillir la lumière. Cette nuit-là se bat avec le jour;
la mort s’ouvre sur la résurrection… Il est vivant.
La mort est toujours là, mais elle est dépassée.
La nuit de Pâques, ces chants, parfois exaltés, de la résurrection
du Christ, rejoignent la situation de la vie qui est la nôtre. Dans
les remises en question que nous vivons, à quelque profondeur qu’elles
soient, et quelle que soit la conscience que nous en ayons, cette résurrection
célébrée nous dit : restez debout! Ne pensez
pas retourner en arrière, marcher en avant. Nous ne serons plus
jamais les mêmes; nous sommes invités à changer. Restons
debout, soyons vivants. Passons à travers la nuit et toutes les
nuits de nos vies, passons à travers les difficultés. Un
homme mort est aujourd’hui vivant. Il ressemble à Dieu… J’y
crois et si nous sommes ici, c’est que nous y croyons, à notre
façon peut-être…
Par les temps qui courent, les médias nous rapportent tant de drames
humains qui sont comme autant d’échecs à la vie.
Combien de personnes, aux prises avec des difficultés familiales
ou autres sont incapables de reconstruire leur vie, et entraînent
des proches dans la mort. Cette nuit nous dit : à la suite
de Jésus, reconstruisons nos vies et passons à travers les échecs.
Non, la résurrection de Jésus n’a pas encore
traversé le monde…
Dans l’évangile de Marc, c’est au matin que les femmes
sont allées au tombeau. C’est déjà le jour,
pourtant elles ont encore peur, nous dit l’évangéliste,
peur de la mort, peur de la vie aussi, arriver à croire qu’Il
est vivant. Marchons en avant. Pour les croyants que nous sommes, la résurrection
du Christ est une ouverture. Elle nous dit qu’il n’y a jamais
rien de désespéré. Comme le dit une chanson connue :
toujours plus haut, toujours plus loin, je veux aller encore plus loin.
La résurrection, n’est-ce pas d’aimer, d’aimer
la vie, d’aimer les autres et d’arriver à s’aimer
soi-même, malgré nos limites. Cette nuit est une invitation,
un appel à prendre la vie à bras le corps pour passer à travers
et ne pas attendre que cela revienne comme auparavant. On a à ressusciter
et à renaître.
Cette nuit, on en appelle à nous, croyants et croyantes; nous sommes
l’Église, dont on parle tant ces jours-ci. À nous d’ouvrir
cet espace de vie et de résurrection, un rappel que seul l’amour
permet à la vie de passer. On souhaite que cet élan d’Évangile
que doit susciter l’Église, tout autant chez nous que
dans ses responsables, nous entraîne dans cet espace de résurrection.
Qu’il y ait un nouveau regard, une nouvelle approche pour que nous
puissions traverser nos drames humains, convaincus que la vie reste plus
forte que la mort et qu’il faut toujours, telle une résurrection,
se relever pour travers toutes nos morts.
On fête les 50 ans de la convocation du Concile Vatican II. Ce fut
un long souffle de renouveau de vie dans le monde et dans l’Église.
Il faut retrouver ce souffle, reprendre la route dans cet esprit, vivre
la liberté de la résurrection, cesser d’avoir peur
et de chercher ensemble à même la diversité de chacune
et de chacun.
Reconnaissons la vie là où elle est et que notre communauté St-Albert,
nous tous ici rassemblés, devienne, avec tant d’autres groupes,
un chemin de résurrection qui nous aident à traverser les
nuits.
Christ est vraiment ressuscité, avons-nous chanté! Qu’est-ce
que cela change réellement dans nos vies? À nous d’y
répondre… Joyeuses Pâques à chacune et à chacun
et à toute l’assemblée!