Communauté chrétienne Saint-Albert-Le-Grand de Montréal

Jésus commence a rassembler ses disciples. La publicité que Jean-Baptiste a faite à l’Agneau de Dieu a attiré bien des curieux. Parmi eux, Simon et André ont rejoint Jésus et Simon éprouve ce qui arrive lorsque Jésus prend en charge la vie d’une personne. Il change le nom, donne une nouvelle identité à Simon sans même que celui-ci l’ait demandée. C’est à quoi doit s’attendre quiconque rencontre le Christ.

Le récit – dépourvu de note dramatique – est remarquable de simplicité. Jésus dit seulement : Suis-moi. Il ne cherche pas à persuader habilement; il commande. Sa Parole crée une nouvelle réalité. Après tout, n’est-il pas le Verbe qui créa toutes choses au commencement?

L’attitude de Nathanael nous intéresse en ce qu’elle est celle de l’homme ou de la femme, comme chacun de nous, qui veut rester maître de sa vie, de son destin : Son attitude méfiante, sinon hostile, – Quelque chose de bon peut-il venir de Nazareth? – est un refus de l’ordre que Jésus lui donne de le suivre et qui priverait Nathanael du pouvoir dont il jouit sur sa propre vie.

Mais voici que Jésus fait faire un tour complet à l’opinion et à la vie même de Nathanael. Pourquoi le fait que Jésus ait vu de loin Nathanael sous le figuier impressionne tant ce dernier – ce n’est pas très clair, mais c’est un fait qui l’amène à croire que ce Jésus est ce que Dieu a de mieux à offrir. Il doit être le Messie, le roi d’Israel, et cet unique Fils de Dieu que David avait été. Ce faisant, Nathanael demeure aux commandes, donnant à Jésus l’identité qui lui convient. Mais le Seigneur fait sauter cette opinion pourtant fort noble, qui ferait de lui le Libérateur de la descendance de David.

À Nathanael Jésus réplique donc que sans avoir eu tort, il n’avait saisi qu’une partie de la vérité. Car Jésus est même plus que le Messie, Il est le Fils de l’Homme. Par cette référence à une tradition qui remonte au prophète Daniel, Jésus s’identifie à cette figure humaine qui possède pourtant les caractères auxquels Dieu seul peut prétendre : On lui donna la domination, la gloire et le règne; et tous les peuples, les nations et les hommes de toutes langues le servirent. Sa domination est une domination éternelle qui ne passera pas, et son règne ne sera jamais détruit. Daniel avait annoncé que Dieu se ferait connaître dans la forme humaine et Jésus affirme être ce Fils de l’Homme sur lequel les anges de Dieu montent et descendent.

La frappante simplicité du récit de St Jean est tout aussi marquée dans la conclusion même de ce texte. Jésus affirme être Dieu dans la chair de l’homme et Jean poursuit en annonçant : Trois jours après, il y eut des noces à Cana en Galilée. Lorsque Jésus affirme être notre Dieu, point n’est besoin d’ajouter de pieux commentaire ou de bons sentiments.

Nous ne pouvons rien ajouter à, ou soustraire de sa Parole alors qu’elle perce au cœur de notre vie, frappant à mort notre vieil Adam, nous débarrassant de nos désirs non émondés et nous libérant de nos idées fausses sur Dieu et la vie humaine; nous rappelant enfin qui assume la responsabilité et qui nous sommes dans cette relation. Comme ce fut le cas pour Simon, une nouvelle identité, une vie nouvelle et une façon nouvelle de la vivre nous sont données.

Nous sommes tous de ces Nathanael dont le nom traduit de l’hébreu signifie : don, ou cadeau de Dieu. En tant que tels, ce que nous pouvons faire, c’est de nous rendre aux noces et vivre comme ces créatures nouvelles que Dieu a fait de nous. D’ailleurs, dans un instant, les noces seront pour nous célébrées autour de la table dressée par le Seigneur ou, dans le partage du pain, Son corps, et du vin, Son sang, est accomplie cette unité à laquelle, en ce dimanche particulièrement, nous aspirons tous. Ainsi soit-il.