« Il vous précède
en Galilée : là vous le verrez… »
Un récit de résurrection pour le moins bruyant : « Il
y eut un grand tremblement de terre…». Au fond, tous ces
récits de résurrection, sont là pour dire l’étonnement
des premiers disciples. Étonnement devant l’éclair de
vie qui les aveugle, étonnement lié aussi à la crainte
et même à la peur. Cet étonnement nous rejoint toujours,
en pleine nuit comme en plein jour. Nous sommes de cette nuit de la résurrection.
C’est à nous maintenant, dans un travail de foi, travail au
quotidien, de dire cette résurrection, de la vivre, de la repérer
dans les moindres coins de vie où elle se manifeste, de renouer avec
le feu qui nous habite à certains moments de notre vie.
Vous aurez, je l’espère, remarqué la finale du récit
de Matthieu: « Allez annoncer aux autres qu’ils doivent
se rendre en Galilée, c’est là qu’ils me verront ».
Au fond, Jésus dit aux femmes : « Mobilisez-vous
pour la vie, cessez de me chercher ici, retournez à votre vie, à vos
préoccupations, c’est là que vous me rencontrerez, c’est
là que ma vie de ressuscité pourra vous rejoindre. En vous
souvenant de ce que j’ai fait, situez-vous dans la société pour
en faire un lieu où les gens ressuscitent, se réveillent, aient
le goût de se mettre debout pour construire la vie. Cette parole, de
quelle nuit se lève-t-elle? Son éclair allume les regards,
son regard ouvre les oreilles…La résurrection est une vraie
nouvelle. Les vraies nouvelles annoncent ouverture, vie, invention.
Et nous, où sommes-nous dans la suite du récit? Dans ce village
global qu’est la terre, les prises de conscience deviennent inévitables,
nos façon d’agir ont des répercussions au près
comme au loin; elle sont interdépendantes. Posons-nous la question:
est-ce que, trop souvent nous n’aimerions pas mieux rester dans nos
tombeaux? Dans le tombeau, ne nous sentirions-nous pas à l’abri?
Nous pouvons reposer en paix? Oserons-nous en sortir de nos tombeaux, relever
les défis de cette résurrection, qui est, en fait, un
réveil de la vie…
À entendre ce récit, n’a-t-on pas le goût de partir à neuf? Lorsque
l’équipe de liturgie s’est réunie pour préparer
cette célébration, quelqu’un a dit : la résurrection,
je peux la voir, l’observer chez les autres, mais j’ai du mal à la
voir en moi... Une autre personne a dit : Le Christ ressuscité me
délivre de mes peurs, parce que je fais confiance et je me fais davantage
confiance. N’est-ce pas cela la résurrection? Faire confiance à cet
homme Jésus pour se faire confiance à soi-même
et faire confiance aux autres. C’est tout cela la foi… Tout
au long de notre carême, nous avons été soutenus par
cette image :
Raviver la flamme sous les cendres. La banderole est là pour
en garder mémoire. Cette nuit, le feu est réveillé.
Oui, malgré toutes nos difficultés parfois de vivre, nous sommes
de la lignée des ressuscités, des résistants à l’espérance
têtue. Nous sommes interpellés à voir dans nos vies personnelles
et dans la vie sociale des expressions de la résurgence de la vie.
Ce Jésus, qui est allé au bout de lui-même, au bout
de ses convictions, révèle, par le parcours de sa vie, un Dieu à proximité de
notre humanité, un Dieu passionné de la vie, un Dieu qui nous
fait confiance, Retournez en Galilée : « c’est
là que vous le rencontrez ». Retournons à notre
vie, le ressuscité n’est pas ailleurs. Ce récit de résurrection
n’est pas terminé, il devient en quelque sorte notre propre
récit. Tout comme les femmes et les premiers disciples, la foi en
la résurrection n’empêche pas les doutes, au contraire
suscite les questionnements jamais terminés. Qu’est-ce que tout
cela veut dire, comment la foi en la résurrection de Jésus
peut nous atteindre jusqu’à interroger nos façons de
vivre et de nous comporter. Je pense qu’on peut dire que l’aventure
de la foi commence toujours ou re-commence. Le récit était
mémoire, il se fait attente. Le récit reste ouvert, l’histoire
va se prolonger Il n’en tien qu’à nous. Acharnons-nous à ne
jamais laisser mourir la vie.
Si on nous interrogeait sur la résurrection que saurions-nous
dire? La parole de Jésus ressuscitée, donnée comme
fondatrice ne se suffit pas à elle-même : il n’y
a pour moi, comme pour vous, je l’espère, de résurrection
du Christ que dans l’invention permanente de la vie, d’une vie
en constant éveil et en interrogations. Nous marchons « De
souvenir en avenir… » Rejoindre toute l’humanité qui
est présente à travers ses luttes de toutes sortes,
mais luttes qui sont soutenus par ses désirs, ses goûts de vie
et de résurrection. Cela ressemble à l’espérance
têtue…
Cette nuit, nous avons la chance et la joie d’accueillir Marrika Menouche
qui poursuit une démarche de foi et qui demande à être
initiée dans le baptême, la confimation et une première
eucharistie. Sa démarche de foi est très liée à sa
vie personnelle, pleine d’interrogations en même temps que marquée
par le fait qu’elle ait retrouvé la confiance en elle, dans
les autres, grâce à la découverte de cet homme
Jésus. La vie, la mort et la résurrection de Jésus
sont comme en travail en elle. Ensemble et avec elle, nous chanterons notre
confession de foi…
Accueillons Marrika; elle est déjà, discrètement, de
notre assemblée depuis un certain temps. Nous la marquerons du signe
de la croix. Et ce sera notre façon de lui souhaiter Joyeuses Pâques!
Joyeux passage! Et à nous redire à nous-mêmes :
Il est ressuscité!