Il était une foi(s)…

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24 décembre 2006
La nuit de Noël

Guy Lapointe
Guy Lapointe
Isaïe 9, 1-6

Luc 2, 1-14

Même si la neige n’est pas au rendez-vous de la fête, les chants, et le chant du Gloria, nous traversent le corps et le cœur. Oui, c’est bien Noël!

Nous avons pris le temps, au milieu de la fête, de venir célébrer la naissance de Jésus, réentendre ce récit, chanté d’une voix magnifique, de partager le pain et le vin de la fête. Ce n’est pas rien… et ça ne va plus de soi… Car les significations que l’on donne aujourd’hui à Noël ne sont plus les mêmes d’une personne à l’autre.

Ce récit de naissance aurait pu commencer comme toutes les histoires : « Il était une foi(s)…! » Cette phrase  a quelque chose  de magique. Quand ils l’entendent, les yeux des enfants se mettent à briller. Même racontée des dizaines de fois, la même histoire nous surprend toujours, nous étonne. Avec un imaginaire à peine retenu, ce récit raconte que Dieu naît du ventre d’une femme. Il vient du dedans de l’humanité, de cette humanité des siècles passés comme de celle d’aujourd’hui.

Jésus, comme nous tous, est né fragile, vêtu de lumière comme le sont tous les enfants naissants. Ce Fils de Dieu est humain comme vous et moi. Cette humanité de Dieu reste toujours à découvrir. Devant la naissance d’un enfant, ce sont d’abord, les pleurs, les cris  d’émerveillement, et puis le silence… Un vieux sage, saint Éphrem, au 4e s. a écrit ceci : « Lorsqu’on t’annonce la naissance de Dieu, observe le silence ». Mystère d’une unique et immense nativité : Dieu avec nous, une nativité qui, de nos jours, reste plus nocturne que jamais. Il faut bien avouer, que depuis ce silence de la nuit, soutenu par la voix des anges, le silence a parlé à travers les siècles jusqu’à nous.  

 Noël, à son meilleur, n’est-ce pas la célébration qui nous fait sentir les grandeurs et les limites de notre humanité? N’est-ce pas la fête et le temps de nos désirs, de nos souhaits et de nos fragilités humaines, de la fragilité de Dieu dans cet enfant de Bethléem? Imaginez, depuis tant de siècles, on se rassemble pour s’en souvenir, pour ne pas perdre la mémoire.

Noël, tant de poèmes, comme celui, superbe, qu’on a entendu pour ouvrir cette célébration, poèmes qui disent la fragilité de la naissance et la force de vivre. Noël annoncé depuis tant de siècles par les prophètes : « Un peuple qui marchait dans les ténèbres a vu une très grande lumière ». Noël, une naissance vécue simplement  à Bethléem, mais raconté, comme toutes les belles histoires, dans une sorte d’ouverture poétique.

On a créé tout un folklore, des chants comme on en chante dans cette célébration, qui nous font sourire par les paroles un peu naïves, mais qu’on aime reprendre ensemble, comme si on  voulait se communiquer quelque chose qui nous échappe.

On se rassemble autour de la table pour partager des mets de Noël. Les drames de la vie en cette nuit et en ce temps de Noël sont souvent mieux partagés entre parents et amis. Mais que les trêves de Noël ne nous empêchent pas de voir les drames humains. Et que les drames qui font les manchettes de nos journaux ne nous fassent pas oublier les petits drames  qui nous entourent. Bien des coins de la planète et de nos vies sont dans « le pays de l’ombre » (Isaïe) en quête de paix et de lumière. Aucune fête n’est aussi rassembleuse.  

Noël, fête de la naissance, celle de Jésus bien sûr, mais aussi fête de toutes nos naissances et renaissances. Noël nous reconnecte dans notre humanité : rencontres, pardon, réconciliation, désir de paix, attention aux pauvres. Noël, pour reprendre le poète Aragon, n’est-ce pas « redonner leur immensité aux choses humaines »?

Noël, fête ouverte et  offerte à tous. Espérons que personne, cette nuit et demain, n’aura été oublié, que tout le monde aura été invité. Oui, cette fête est elle même invitation à nous rencontrer, à vivre, à nous laisser interroger à même nos gestes de tendresse et les gestes des autres. Chaque fois que nous nous tendons la main, n’est-ce pas quelque chose de Dieu et de nous qui vient au monde? Combien de fois nous refusons-nous de naître? Ou bien refusons-nous à l’autre une naissance? Le visage de Dieu dans cet enfant est étonnant en ce qu’il nous ressemble, la vie aussi.

Noël, ce sont les lumières dans la nuit. Telle une promesse, la nuit peut  illuminer la vie, nos vies.

Alors Fêtons… Joyeux Noël à chacune et à chacun et souhaitons-nous que l’humanité soit meilleure, cette nuit,  demain et dans les jours à venir!

 


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