Homélie de la première communion

 

Nous venons d’entendre deux beaux récits. Abraham qui accueille trois inconnus et qui les invite à partager un repas. Une histoire, toute simple comme il y  en a tant dans nos vies, depuis que le monde est monde. C’est le beau côté de la vie; c’est le beau côté des êtres humains, de nous-mêmes, lorsque nous risquons l’accueil des autres.

L’esprit qui descend sur les disciples.On se souvient que Jésus a fait la même chose au soir du jeudi avant sa mort. Il a invité ses disciples à partager le pain. Il voulait, par ce geste, leur apprendre à se souvenir et à partager. Jésus voulait leur signifier que la vie n’a de sens que si on apprend le partage. C’est ce que les jeunes qui se mettront à la table auront à apprendre toute leur vie : l’accueil de l’autre le partage. C’est là que Dieu peut être rencontré. Mais une fois Jésus absent, toutes les peurs de vivre semblent avoir envahis les disciples : ils s’enferment, comme on le fait, nous aussi, à certains moments parce qu’on a peur de la vie et peur des autres…

Mais Jésus ne laisse pas ses disciples dans cette situation de peur; il ouvre leur vie. L’Esprit, comme le vent, souffle si fort qu’il renvoie les disciples aux risques de la vie. L’histoire de la Pentecôte, que nous venons d’entendre raconter, c’est celle de l’Esprit ouvre la vie, ouvre les portes…Le texte de l’Évangile frappe l’imagination. Pour reprendre une  vieille chanson : cela ressemble au début d’un temps nouveau. Oui, les premiers disciples ont essayé de vivre et de faire vivre aux autres ce sens de la vie que Jésus leur avait montré: partager, revoir la qualité de des relations humaines, rompre le pain ensemble en mémoire de Lui… et tout cela, parce que l’Esprit de Jésus, il le sentait au milieu d’eux. Ils sentaient qu’ils avaient du souffle pour vivre et faire vivre…

Au cours des âges et jusqu’à nous, des femmes, des hommes, des  enfants  ont aussi voulu vivre de cet Esprit. Et cette expérience se continue. C’est pour cela que nous nous retrouvons de temps en temps en famille autour  de la table pour nous rappeler l’esprit de Jésus et pour partager le pain et le vin pour nous redire que la vie n’a de sens qu’à partager avec les autres.

Les enfants, ce midi,  se mettront à  table  pour la première fois. Ils et elles y viennent avec toutes sortes de motifs, des plus profonds au plus simples. Nous les accueillons tels qu’ils sont; et Dieu aussi les accueille comme ils sont avec leur compréhension du geste qu’ils et elles posent. Jésus a bien demandé à ses disciples au moment du repas « Comprenez-vous ce que j’ai fait avec vous; c’est à vous de le faire maintenant… » C’est la question que nous devons nous poser constamment : Comprenons-nous ce que nous faisons ? »

Faire sa première communion, c’est se rapprocher de cette personne, Jésus. Dieu en nous, proche de nous; on le dit dans un geste du quotidien .C’est autour de la table que se vivent les joies, les peines, les chicanes, les réconciliations;, en somme, les grands enjeux de la vie.

Si on se fie à ce que ces enfants ont écrit, ils ont bien des motifs de faire leur première communion. Pour certains, « c’est parce qu’ils se sentent assez grands et que ce geste va les rapprocher de Dieu et de Jésus ». Pour d’autres, « c’est qu’ils veulent faire partie de la famille des chrétiens ». L’idée de  se  rapprocher de Dieu revient très souvent. C’est un gros défi…Ils parlent d’amour, de paix, autant de rêves qu’ils et elles auront à relever.

Ou encore, parce qu’ils veulent aider les autres ou « parce qu’ils veulent être comme leur frère ou leur sœur, ou pouvoir rencontrer des amis ». Ou encore « parce qu’ils veulent aider le prêtre à servir le pain de vie ». Certains ont écrit : « c’est à mon tour d’aller en avant et je ne veux plus rester assis ».  Un enfant a écrit : « parce que je veux goûter le vin blanc ». Un  dernier motif exprimé : « parce que ma mère m’y a obligé… » Voilà autant de manières d’aborder cette expérience de se  mettre à table, de partager le pain  et le vin dans le souvenir de Jésus, de cet homme qui nous fascine encore, parce que, à quelque part,  il nous dit que à Dieu a pris les routes de notre humanité.

Pour ces enfants, faire leur communion, c’est se mettre à table avec la famille des chrétiens; c’est un repas de fête. J’ose espérer que ce geste, ils auront le goût et le plaisir de le reprendre de temps en temps et de revenir s’asseoir à la table… Et j’ose espérer que ce geste prendra d’autres significations ou dimensions : apprendre autour de la table à partager, à pardonner en se souvenant de cet homme Jésus qui a qui passé toute sa vie à vouloir nous ouvrir à la vie. Je crois que ces enfants ont eu plaisir à se préparer et qu’ils trouveront plaisir à partager de temps en temps le pain de la vie, dans le souvenir de Jésus. Alors peut-être que dans leur vie naîtra un goût de pain et de vin à partager et aussi un goût de la vie, grâce au souvenir de cet homme Jésus. En quelque sorte,  un goût  qui ressemble à l’Évangile.


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