BIEN vs MAL
PARDON vs FAUTES

Les rapports entre le bien et le mal, comme entre la vertu et le vice, comme entre la culpabilité et la faute ne sont pas d’aujourd’hui. Ni faciles, non plus. Évidemment si nous consultons tout de suite le livre de la Parole, le peuple choisi n’en finit pas de discuter avec son Dieu, notre Dieu, le Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob. Dieu lui-même n’hésite pas à avertir celui qui enfreint ses lois. Cependant, la même tradition biblique affirme et Isaïe nous le dit ici, aujourd’hui même :  ton  Dieu n’est pas un adversaire, il n’est pas contre toi, c’est ton cœur qu’il désire et non ta perte. Plus tard Jésus voudra expliciter le même message jusqu’à nous offrir sa vie pour indiquer jusqu’où il  peut aller pour négocier avec nous "ses collets blancs".

Mais puisqu’il s’agit d’Isaïe, c’est à Lui en tout premier que nous demandons des explications sur la ou les manières dont Dieu parle du mal et discute de nos fautes. Épris d’images plutôt que de discours accusateurs, Isaïe me dit, vous dit ce qui suit. Presque textuel : Dieu, notre Dieu, ton Dieu, mon Dieu peut  effacer nos péchés comme le vent disperse les nuages (44, 32); il blanchit nos fautes comme la neige blanchit un paysage (1, 18). Ou encore : il jette nos fautes au feu (6, 6).  Même davantage : Isaïe raconte à 43, 25 qu’il arrive à Dieu d’oublier mes fautes, si je les regrette bien sûr, jusqu’à en perdre la mémoire.  Dieu Alzeimer!

Mieux encore, pour nous rassurer ici, aujourd’hui même, voici cette page magnifique à propos de la guérison d’un paralytique. Jésus thaumaturge!

Reprenons. Jésus voit la foi des gens, même s’ils sont paiens, Jésus est ému. Ils sont là 4 porteurs à ouvrir un toit, à descendre un brancard… Quelle preuve de confiance! Quelle foi! Mon fils tes péchés sont pardonnées "Lève-toi, prends ton brancard et marche"…

Ici même un confrère, Jean-Claude Breton a beaucoup insisté il y a quelques mois  dans une homélie sur l’efficacité de la parole, une parole qui conduit à une double guérison, physique et morale  (cf.  Au lever du soleil. Homélies pour l’année B  Évangile de Marc, sous la direction de Guy Lapointe et Simon Paré. Novalis, 2005, 123-126).

Le plus étonnant pour nous qui ré-entendons le récit du paralytique demeure le lien que Jésus en personne établit, explicite entre guérir et pardonner tel que les premières communautés chrétiennes autour de Marc l’évangéliste l’ont perçus. Les scribes et les pharisiens  n’ont pas vu parce que trop attachés à leurs idéologies de droite. Ce lien est perçu dès les premiers siècles de notre ère : où le Seigneur qui guérit est le même Seigneur qui pardonne. Le Verbe fait chair s’appelle : la Miséricorde faite chair.

On dirait — et c’est probablement exact — que pour Jésus la réconciliation est plus importante que la guérison,  ou que la guérison d’une âme est plus importante qu’une seule guérison corporelle.

Voilà pourquoi ensemble nous célébrons la générosité divine dès qu’elle rejoint l’esprit, l’âme, le cœur. Ni le mal, ni le péché, ni l’échec du paralytique n’ont eu le dernier mot… qui appartient à la grâce de guérison.

Aussi ce midi nous invitons à cette célébration toutes les personnes blessées dans leur cœur à faire confiance au pardon, à la réconciliation, cest-à-dire à l’amour.

Tout à l’heure, à la suite de cette célébration du paralytique  pardonné nous prendrons le chemin de la communion, encore grâce à  Lui,  Guériseur émérite, Jésus Mort et Ressuscité.

Ensemble saluons cette miséricorde faite chair.

Que la musique de Couperin confirme à sa manière la générosité divine et la joie du paralytique guéri et pardonné.