La Bonne Nouvelle : appel des premiers disciples

On dirait un courriel ou une carte postale à la manière dont l’Évangile est condensé! Que s’est-il passé qui a interpellé les futurs disciples de façon si urgente?  Qu’ont-ils vu, qu’ont-ils entendu pour tout laisser tomber et suivre Jésus?  Leur choix était-il aussi radical que le laisse entendre Marc ou ont-ils vécu une démarche?  Ont-ils eu le temps de faire connaissance avec la personne et le message de Jésus avant de s’engager?  Marc nous donne une seule piste : Jésus est venu proclamer la Bonne Nouvelle.

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Entendre une bonne nouvelle, la ressentir au plus profond de soi incite à une action.  Au-delà de l’écoute, le désir naît de la partager avec d’autres, de répandre la joie qu’elle a causée en nous.  Changer son regard, peu importe si c’est à Ninive, en Galilée ou ici, est une Bonne Nouvelle. Avec ou sans hésitation, Jonas et les disciples l’ont accueilli, ils se sont levés, ils se sont mis en chemin, ils ont laissé ce qu’ils avaient toujours connu : travail, famille, ville… pour suivre la route, les voies que le Seigneur leur avait fait connaître.

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Mais avant que les disciples ne soient appelés, Jésus s’est levé et s’est mis en marche. À l’appel de Dieu qu’il a lui-même reçu, à sa propre écoute de la Bonne Nouvelle, il a laissé ce qu’il avait toujours connu pour suivre sa voie. Il est parti pour la Galilée, terre de toutes les nations, en proclamant que les temps sont accomplis, que le règne de Dieu est tout proche. Jésus s’est senti interpellé par une mission, par un avenir qui changea non seulement son regard, mais toute sa vie. Désormais, il transmettra le message de Dieu et invitera tous ceux et celles qu’il côtoie à se convertir, à changer leur regard, à croire à la Bonne Nouvelle.

Entendre une Bonne Nouvelle, c’est s’exposer à recevoir un appel, à le partager à notre tour et à se mettre en chemin. Marc présente l’appel des disciples comme un événement rapide et sans dialogue. En peu de mots et sans pêche miraculeuse, un étranger interpelle Simon, André, Jacques et Jean. Aussitôt, sans discussion, sans le moindre doute ni la moindre hésitation ils laissent tomber leurs filets, abandonnent leur travail, leurs responsabilités et leur famille pour le suivre. L’intensité de cette réaction est-elle exclusive à des personnes faisant partie de ce qu’on pourrait décrire comme une élite vocationnelle?

Pourtant, chacun, chacune de nous s’est déjà trouvé dans une situation où nous savions quelque chose hors de tout doute, où nous avons vu la voie à suivre avec une grande clarté, même si des années peuvent s’écouler avant d’en reconnaître la raison ou la logique. Pour en arriver à cette transfiguration, à ce moment particulier, une préparation, une ouverture existait déjà en chacun et chacune de nous, que nous en ayons pleinement conscience ou non. 

Dans leur cheminement personnel, à cette étape de leur vie, chacun des futurs disciples que Jésus a appelé était mûr pour entendre le message du Christ, à le reconnaître comme Bonne Nouvelle, à le recevoir et à passer à une action. Ils ont accueilli la Parole car elle a parlé à leur cœur. Le temps a fait le reste, confirmant le choix des uns et infirmant celui des autres.

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Entendre la Bonne Nouvelle, la ressentir au plus profond de soi réclame notre réponse. Pour nous soutenir, célébrer ensemble permet de rencontrer celui qui nous fait vivre et qui, par sa Parole et par son pain, refait nos forces pour marcher à sa suite. Mais au-delà de cette célébration, comment accueillerons-nous la Bonne Nouvelle et la mettrons-nous en pratique? 

Jésus lui-même était un homme d’action. Sommes-nous de ceux et celles qui trouvent notre voie dans l’investissement actif à une Cause — avec un C majuscule? Sommes-nous de ceux, de celles qui mettent la Parole en pratique d’une manière plus difficile à cerner ou moins éclatante, mais combien nécessaire puisque notre action est quotidienne? Ou sommes-nous encore à la recherche de notre mission, de notre vocation, de ce vers quoi nous nous sentons appelés et qui nous fait vivre à la suite du ressuscité? Peu importe.  C’est à travers notre prochain que la Bonne Nouvelle, incarnée en Jésus-Christ, peut continuer à vivre, ici, au milieu de nous.