La Bonne Nouvelle : appel des premiers disciples
On dirait un courriel ou une carte postale à la manière
dont l’Évangile est condensé! Que s’est-il passé qui
a interpellé les futurs disciples de façon si urgente? Qu’ont-ils
vu, qu’ont-ils entendu pour tout laisser tomber et suivre Jésus? Leur
choix était-il aussi radical que le laisse entendre Marc ou ont-ils
vécu une démarche? Ont-ils eu le temps de faire connaissance
avec la personne et le message de Jésus avant de s’engager? Marc
nous donne une seule piste : Jésus est venu proclamer la Bonne
Nouvelle.
* * *
Entendre une bonne nouvelle, la ressentir
au plus profond de soi incite à une
action. Au-delà de l’écoute, le désir naît
de la partager avec d’autres, de répandre la joie qu’elle
a causée en nous. Changer son regard, peu importe si c’est à Ninive,
en Galilée ou ici, est une Bonne Nouvelle. Avec ou sans hésitation,
Jonas et les disciples l’ont accueilli, ils se sont levés, ils
se sont mis en chemin, ils ont laissé ce qu’ils avaient toujours
connu : travail, famille, ville… pour suivre la route, les voies
que le Seigneur leur avait fait connaître.
* * *
Mais avant que les disciples
ne soient appelés, Jésus s’est levé et s’est
mis en marche. À l’appel de Dieu qu’il a lui-même
reçu, à sa propre écoute de la Bonne Nouvelle, il a laissé ce
qu’il avait toujours connu pour suivre sa voie. Il est parti pour
la Galilée, terre de toutes les nations, en proclamant que les temps
sont accomplis, que le règne de Dieu est tout proche. Jésus
s’est senti interpellé par une mission, par un avenir qui changea
non seulement son regard, mais toute sa vie. Désormais, il transmettra
le message de Dieu et invitera tous ceux et celles qu’il côtoie à se
convertir, à changer leur regard, à croire à la Bonne
Nouvelle.
Entendre une Bonne Nouvelle, c’est s’exposer à recevoir
un appel, à le partager à notre tour et à se mettre en
chemin. Marc présente l’appel des disciples comme un événement
rapide et sans dialogue. En peu de mots et sans pêche miraculeuse,
un étranger interpelle Simon, André, Jacques et Jean. Aussitôt,
sans discussion, sans le moindre doute ni la moindre hésitation ils
laissent tomber leurs filets, abandonnent leur travail, leurs responsabilités
et leur famille pour le suivre. L’intensité de cette réaction
est-elle exclusive à des personnes faisant partie de ce qu’on
pourrait décrire comme une élite vocationnelle?
Pourtant, chacun, chacune
de nous s’est déjà trouvé dans une situation où nous
savions quelque chose hors de tout doute, où nous avons vu la voie à suivre
avec une grande clarté, même si des années peuvent s’écouler
avant d’en reconnaître la raison ou la logique. Pour en arriver à cette
transfiguration, à ce moment particulier, une préparation, une
ouverture existait déjà en chacun et chacune de nous, que nous
en ayons pleinement conscience ou non.
Dans leur cheminement personnel, à cette étape
de leur vie, chacun des futurs disciples que Jésus a appelé était
mûr pour entendre le message du Christ, à le reconnaître
comme Bonne Nouvelle, à le recevoir et à passer à une
action. Ils ont accueilli la Parole car elle a parlé à leur
cœur. Le temps a fait le reste, confirmant le choix des uns et
infirmant celui des autres.
* * *
Entendre la Bonne Nouvelle,
la ressentir au plus profond de soi réclame notre réponse. Pour
nous soutenir, célébrer ensemble permet de rencontrer celui qui
nous fait vivre et qui, par sa Parole et par son pain, refait nos forces pour
marcher à sa suite. Mais au-delà de cette célébration,
comment accueillerons-nous la Bonne Nouvelle et la mettrons-nous en pratique?
Jésus lui-même était un homme d’action.
Sommes-nous de ceux et celles qui trouvent notre voie dans l’investissement
actif à une
Cause — avec un C majuscule? Sommes-nous de ceux, de celles qui
mettent la Parole en pratique d’une manière plus difficile à cerner
ou moins éclatante, mais combien nécessaire puisque notre action
est quotidienne? Ou sommes-nous encore à la recherche de notre
mission, de notre vocation, de ce vers quoi nous nous sentons appelés
et qui nous fait vivre à la suite du ressuscité? Peu importe. C’est à travers
notre prochain que la Bonne Nouvelle, incarnée en Jésus-Christ,
peut continuer à vivre, ici, au milieu de nous.