Un souhait : faire confiance

Je sais que le passage de la lettre de Paul n’est pas ce qu’il y a de plus facile à entendre pour un matin du Jour de l’An. Paul rappelle à sa façon la naissance de Jésus : « Lorsque les temps furent accomplis, Dieu a envoyé son Fils… ». Il nous redit que Dieu  a assumé notre humanité. Il nous présente ses vœux pour le présent et l’avenir de notre vie de foi,  en nous rappelant que nous sommes des fils et des filles de Dieu et il  souhaite que nous continuions à le devenir. À bien y penser, ce n’est pas rien comme souhait. Il dit  aux chrétiens de Galates et il nous dit aujourd’hui : n’oubliez pas que le Fils de Dieu qui vient de naître de cette femme, Marie, c’est aussi chacun et chacune de nous qui naissons. Dieu s’est fait l’un de nous. Cette naissance, c’est nous qu’elle transforme. C’est d’une nouvelle relation à Dieu dont il s’agit.

Aujourd’hui, la parole de Dieu telle qu’elle se manifeste dans la naissance de Jésus, ne peut plus être entendue de la même façon. Quelque chose a profondément changé. Cette naissance nous manifeste le visage de Dieu, un Dieu se fait enfant, avec toutes ses grandeurs et ses limites humaines. Donc n’ayons plus peur de Dieu, sortons d’une attitude de soumission pour vivre vraiment. Dieu à la fois père et fils comme tous les pères…

Avec ce souhait de Paul,  comment ne pas continuer chaque jour à approfondir le sens de Noël, surtout à la lumière du parcours de la vie de Jésus. Comment, aux jours heureux comme aux jours de souffrance,  ne pas continuer à vivre de cette nouvelle : Dieu est né au monde, tel un enfant qui naît et qui ne demande qu’à grandir et vivre. Un enfant nous est donné, un nouveau visage de Dieu se dévoile à nous. Nous vivons la joie de Noël. La naissance de Dieu au monde nous aura donné la vie et la vie en abondance, cette naissance nous rend libre et vivant… Elle nous révèle Dieu comme un père.

Paul va même jusqu’à parler d’adoption. Nous laisser adopter par ce Dieu qui est né  au monde et en même temps adopter ce Dieu incarné. Pas n’importe quel Dieu, mais ce Dieu qui est devenu l’un de nous en suivant notre itinéraire comme une traversée. Et laisser Dieu s’incarner en nous. C’est aussi pour nous l’ouverture de notre humanité à la vie et à la résurrection. Entrer dans un monde, non un monde qui est marqué par la peur de Dieu ou du mal, mais un monde de désir, un monde qui croit que l’humanité y a gagné dans la naissance de Jésus. L’humanité est ouverte.

Que cela inspire notre entrée dans la nouvelle année : travailler constamment à chercher, parmi les milles visages de Dieu qu’on nous présente, le visage de Dieu, manifesté dans la naissance de Jésus à notre humanité, à en vivre et à en dire la pertinence aujourd’hui et demain et de le retrouver comme un père, Abba, qui nous accompagne et vit au milieu de nous. C’est cela Noël. C’est ce que Paul essaie de dire à ses contemporains et à nous ce midi.

Je nous souhaite que dans tout ce qui nous arrivera au cours de l’année, dans tout ce que nous vivrons de beau, de triste aussi, puissions-nous révéler ce Dieu, dans nos façons d’approcher les personnes et de les regarder. De ces attitudes et de ce regard, une image de Dieu pourra émerger qui puisse nous sortir des visages si ambigus qui traversent la planète pour défendre les causes les plus contradictoires.

Il faut se faire confiance comme Dieu nous fait confiance, comme Marie s’est fait confiance. Il  fallait d’abord qu’elle ait confiance en elle-même pour faire confiance à son enfant, aux autres. Voilà le défi de la vie qui grandit, un long apprentissage à la confiance. Ne pas laisser le temps user notre temps.


Je nous souhaite une confiance ouverte en ce Dieu-parmi-nous, cette sorte de confiance obstinée avec toutes les surprises que cela  réserve pour mettre Die
u au monde aujourd’hui et demain.


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