Communauté chrétienne Saint-Albert-Le-Grand à Montréal

Premier dimanche de l’Avent.

Joseph-Arthur Bergeron

Voici venu le temps des Fêtes, temps du solstice d’hiver, de la fin et du commencement. Temps qui se veut aussi un arrêt du temps, une pause pour reprendre souffle et repartir avec le temps. Temps de réjouissances qui font se réunir les amis et les familles autour de l’arbre de Noël, afin de chanter et de danser, de partager de bons plats et des vins capiteux, d’échanger des cadeaux et des vœux de santé de prospérité et de bonheur.

Voici venu aussi le temps où les forêts se dépouillent de leurs plus beaux sapins pour orner nos foyers, où les magasins se vident de tous leurs inventaires pour remplir les bas de Noël et les boîtes à cadeaux, où les bouchers plument leurs dindes les plus grasses pour remplir nos assiettes et où les pâtissiers mélangent farine et chocolat pour sucrer les palais les plus fins. Voici venu le temps de jouer aux cartes de crédit et de vider nos poches.

Voici donc venu le temps des ambiguïtés. Ce temps où nous entrons dans une période de turbulence, à la fois inquiets et curieux. Ce temps où nous avançons un peu à reculons, mais aussi à toute vitesse pour arriver à temps le soir de Noël ou le Jour de l’An. Ce temps qui nous soulève comme une rafale de vent l’hiver et qui parfois nous fait perdre pied sur la glace de nos désirs. Ce temps des appréhensions, des attentes, des plaisirs partagés ou déçus, des courses folles, de la dépense, de la surenchère, des épuisements et des encombrements de toutes sortes.

Et dire que ce temps revient chaque année. Nous l’attendons avec impatience et nous en sortons tout aussi impatients. Y a-t-il une façon de le vivre autrement? La période de l’Avent ne peut-elle pas servir à nous interroger sur nos vieilles attitudes, à trouver d’autres façons d’agir? Sans revenir à la simplicité du nouveau-né de la crèche qui n’a besoin que de langes et de lait pour célébrer, qui se chauffe à l’haleine du bœuf et de l’âne et se réjouit du chant des bergers, pouvons-nous inventer une simplicité et une sobriété qui soit de notre temps et qui nous permettent de rejoindre autrement le cœur de nos parents, de nos sœurs, de nos frères et de nos amis? Y a-t-il un autre chemin vers le bonheur et la paix que ce labyrinthe obligé du temps des Fêtes?

Voici arrivé l’Avent, ce temps du silence et de la réflexion, temps privilégié pour trouver de nouveaux moyens de sortir de tous nos encombrements. Un peu à la manière de ce sapin de Noël dont les branches ploient péniblement sous le poids des cadeaux, pourquoi ne pas tenter, d’alléger notre existence, comme nous allons le faire, au cours des prochaines semaines, pour cet arbre que nous allons libérer progressivement de ces artifices, afin d’en apercevoir toute la beauté naturelle et tout l’éclat de sa verdure.