À la recherche de l’Enfant-Mystère

« Il vous est né, aujourd’hui, dans la ville de David, un Sauveur ; voici le signe : vous trouverez un nouveau né » (cf. Luc 2, 11-12). Étrange histoire, presque trop belle. C’est l’histoire d’un enfant-mystère. Que vient faire cet enfant ? Il vient dire, nommer Dieu. Mieux, l’incarner. Le Verbe Créateur s’est fait chair d’enfant.

Incroyable mais textuel. Celui, qui depuis longtemps s’appelle, ici et là, le Très-Haut, le Dieu fort, le Prince de la Paix, le Tout-Puissant, le voici comme transmigré avec nous en enfant. 

Un enfant, c’est déjà divin en soi, ou presque.

Un enfant, c’est là pour aimer, pour être aimé, pour faire aimer l’amour, pour nous faire rire, sourire, réagir, chanter.

Tel est le dessein mystérieux de Dieu : se présenter sur cette terre d’Orient, en enfant. Et pourquoi ? Pour nous inciter à ne plus avoir peur de Dieu. Le Tout-Puissant s’appellera désormais, Dieu-avec-nous. D’abord il vient nous enseigner la divinité de la vie et de sa transmission. Et de plus, il vient nous rappeler nos idéaux familiaux de solidarité et de partage hors desquels il est difficile de survivre comme peuple et comme société. 

Qu’il vienne en enfant, cela signifie aussi l’avenir, l’espérance qui nous permet de rêver au bonheur malgré toutes les tragédies de notre temps.

Qu’en plus, le Seigneur naisse biologiquement de Marie de Nazareth, première fille de ces temps nouveaux, voilà qui situe encore une fois la femme dans l’histoire, comme personne privilégiée. 

Et cela n’est pas tout. Celui qui s’est présenté à nous en enfant, dira plus tard sur l’enfance spirituelle, possible à chacun et chacune de nous, des mots incisifs : « Qui se fait petit comme un enfant, est le plus grand… Laisser venir à moi les petits enfants… Le royaume de Dieu est à ceux qui leur ressemble… » (cf. Mt 18,3 ; Mc 10,14 ; Lc 18,16)

Peut-être faudrait-il s’arrêter un instant, vous, toi, moi, ici ou là et où vous êtes, où nous sommes, pour exulter, chanter joyeusement avec les enfants d’ici et d’ailleurs :

Chant :           Il est né le divin enfant

Jouez hautbois résonner musettes !    

Mystère du temps de Noël ! Mystère de ce que les mystiques appellent l’instant éternel, l’instant divin, l’aujourd’hui de Dieu pour qui mille ans est comme un jour. Ce jour de Noël, c’est avant tout, en tout premier, le Jour Éternel de Celui qui est « le même hier, aujourd’hui et demain. » (Héb. 13,8) Pour Dieu, tout est présent, tout est maintenant.  L’Éternel s’adapte au temporel. Dieu chez nous ! Dieu avec nous ! Et si proche qu’il devient l’un de nous. Emmanuel, tel est aussi son nom.

Né d’en haut, comme de la lumière naît la lumière, comme du soleil naît la clarté du jour, n’est-il pas nommé aussi, cet enfant « Soleil levant qui vient nous visiter » (Lc 1,78) ?

À la manière de Noël qui se renouvelle chaque année, Jésus naît et renaît dans nos souvenirs et dans nos esprits. Profitons de ces instants sacrés.

Une lointaine tradition veut même qu’à Noël tout le ciel s’en mêle, et la lumière du matin, et la lune, et aussi les anges, beaucoup d’anges qui chantent. Entrons à notre tour, joyeusement, dans la fête des anges. Chantons l’instant éternel comme si nos montres s’arrêtaient. Gloria in excelsis Deo. Gloire à Dieu au plus haut des cieux. Avec nous, avec toi, moi :

Chant :            Les anges dans nos campagnes

Noël ! Chaque année pour plusieurs d’entre nous reviennent les souvenirs et le goût de la fête à dire et à partager.

Temps prophétiques. Temps rêvé d’une société idéale ! Temps d’imaginer voire de créer, fussent-ils provisoire, des espaces sacrés de rassemblements. D’ailleurs cet Enfant-Dieu cet enfant tant désiré par tant de prophètes, présent à notre réflexion depuis le grand Isaïe, depuis les évangiles en particulier, cet enfant se présente comme un rassembleur : «  Qui me suit ne marche pas dans les ténèbres… Si quelqu’un m’aime, nous l’aimerons… (nous nous aimerons) nous viendrons à lui et nous nous ferons en lui notre demeure. «  (Jean, 14,23)

Ainsi, chacun, chacune en route sur le chemin ouvert de la vie, et quelque soit notre âge, ou même notre condition présente, pauvre, malade, berger, bergère sur les collines de la vie, assemblons-nous, allons à notre façon, chacun respecté, à la recherche de cet enfant-mystère.

Jamais il ne nous laissera tomber malgré tous les chemins déviants de nos libertés, peut-être mal apprivoisées. C’est donc Noël ! Crèche, sapin, lune, soleil et les anges, cette « troupe céleste innombrable qui loue Dieu » (cf. Luc 2,13), tout nous invite à communier à Celui qui nous rassemble. Aussi aimerions-nous rejoindre tous les oubliés, tous les malmenés, tous les réfugiés, immigrés, immigrants de dernière heure, tous les enfants de tous les âges, pour le grand rassemblement de Noël à travers le monde.

Dans l’amour, le respect, dans la solidarité, et avec nos rêves divins d’aimer et d’être aimés à jamais, joyeusement, encore chantons :

Chant :            Ça bergers assemblons-nous…

Et cherchons cet enfant si doux.