Quand
Noël nous rejoint
En entendant encore une fois ce récit de naissance,
j’ai le goût de dire : Noël est là, à nous
de le voir! Au milieu des souhaits et des cadeaux, des cantiques et des
chants, nous nous retrouvons dans cette église, jeunes et moins jeunes,
comme on le fait ou comme on le fera autour de la table en famille; nous
nous retrouvons pour entendre la voix de la naissance d’un enfant à Bethléem.
Noël est là, à nous de le voir! À nous de le
voir aussi dans les yeux émerveillés des enfants; dans
les doutes de certains; à nous de le voir dans les gestes
de tendresse, dans les efforts de réconciliation et d’attention
aux personnes que nous voyons autrement en ces temps. Même les arbres
de Noël, les décorations comme celles de notre église inspirent
la joie et la réflexion. Cette fête, qu’on le veuille ou
pas, est un moment qui donne à penser, qui nous invite à revoir
nos attitudes, nos façons d’être et de vivre : ranimer
l’amitié, faire renaître la vie. Qu’on le veuille
ou non, Noël est un moment sacré…
Quelles que soient nos situations de vie, nous n’en
finirons donc jamais, à chaque Noël, de nous étonner, de
nous émerveiller,
de chanter Les anges dans nos campagnes, ou le Ça bergers,
assemblons-nous… Chants qui nous habitent, chants qui nous dépassent,
mais qui disent la joie de cette naissance; chants qui disent le goût
de vivre, même si on sait qu’ils sont souvent bien naïfs.
Ils sont à nous, ils se transmettent encore aujourd’hui de générations
en générations. C’est une sorte de miracle… ils
nous disent la naissance de cet enfant qu’on a jamais fini de découvrir
et de croire.
Le récit de naissance de Jésus, que raconte
l’Évangéliste
Luc, est très évocateur. D’abord une naissance où on sent
l’émotion, comme le sont toutes les naissances : la naissance
de l’enfant de Marie et de Joseph. Une naissance ordinaire dans un lieu
de passage. Puis Luc met en scène les bergers, les anges et les étrangers
qui vont venir à la crèche. Ce récit de naissance a pris
une dimension extraordinaire. C’est la naissance de Jésus, et
on finira par le dire et le croire: c’est la venue de Dieu qui a rejoint
notre histoire. C’est un peu tout cela que Luc essai d’exprimer
dans son récit.
(Cette naissance est une déclaration de paix, sans attendre que la
terre n’ait cessé toute violence. C’est à nous de
travailler à instaurer cette paix dont on a tant besoin, dont le monde
a besoin. Même avec tout son folklore, le cœur de la fête,
Noël, c’est l’appel à la nouveauté, à sentir
chez nous et dans le monde touché par Noël qu’il se passe
quelque chose de neuf. Noël permet de vivre dans la joie, le rapprochement
des personnes. )
Cet enfant, fragile comme tout enfant, c’est un cadeau;
il est Dieu parmi nous. À travers toutes les manifestations du temps
des fêtes,
laissons-nous le temps d’entendre la voix d’un être qui naît.
C’est toujours le même récit de naissance et jamais le même,
puisque qu’on le veuille ou non, nous naissons toujours avec l’enfant
qui naît. Entendons dans cette fête, les échos de nos vies. Quelle
mère, quel père qui a mis un enfant au monde, ne connaît
cette expérience? Une lumière a resplendi
au cœur de la nuit. Cela ne parle t-il pas de vie et de joie.
D’ailleurs, quelle naissance n’apporte
pas la joie! Toute naissance est un grand moment d’espoir; un moment
de doutes aussi. Que va devenir cet enfant? La naissance d’un enfant
nous donne la chance d’entendre un chant passionné : celui
de la vie. La naissance d’un enfant jette un pont vers la famille, la
société;
il jette un pont vers l’amour. Ici la naissance de Jésus jette
un pont entre Dieu et nous. Dieu est devenu l’un de nous, disaient
les Anciens, pour que nous devenions Dieu…
Sur les chemins de Bethléem, qui sont aussi les nôtres, on voit
marcher des femmes, des hommes, des enfants : des êtres qui cherchent,
malheureux de leur vie ou heureux, pauvres ou riches, distants de la vie comme
les bergers, des chercheurs de vérité et de joie. Espérons
que ces personnes marchent vers leur naissance. Et voilà on leur annonce
une grande joie : Dieu est né au monde à la naissance de
Jésus…
Sur les chemins de Bethléem, qui sont aussi nos chemins, on peut, depuis
cette nuit de joie, trouver l’amour… Qu’ils soient mages
ou bergers, les êtres qui cherchent marchent côte à côte.
Souhaitons que ce chemin de Bethléem ne se soit pas trop encombré.
Il y a encore des pauvres, des sans espoirs, mais espérons qu’au
fond d’eux-mêmes ils cherchent quelque chose, ils cherchent un
sens à leur vie qui se rencontrent en cette nuit. Ici, ou ailleurs,
ils sentent un moment de joie comme on sent un moment de joie à la
naissance d’un enfant.
Noël est là, à nous de le voir! C’est
une bonne nouvelle, comme une invitation à laisser émerger au
fond de nous-même
cet émerveillement de la naissance : nous sommes vivants, nous
sommes nés; et si cela veut encore dire quelque chose, nous sommes nés à Dieu
et de Dieu. Cette bonne nouvelle qui permet de retrouver l’autre à nos
côtés pour lui dire, les yeux dans les yeux, les mains dans les
mains, que nous l’aimons. Bonne nouvelle comme une invitation lancée à faire
confiance à la vie qui ne peut que susciter la vie.
Noël est là, à nous de le voir! Et si
le plus beau des cadeaux de Noël cette année se résumait à puiser à cette
lumière dans la nuit qui habite en chacune et chacun. Et si le
plus beau de nos cadeaux se traduisait par la vérité d’un
pardon accordé, d’un temps partagé, d’une main tendue
avec tendresse. Si nos cadeaux avaient la simplicité de la vie. Faire
qu’il y ait quelque chose qui naisse et qui renaisse en nous et
chez les personnes que nous rencontrons.
Quels que soient nos âges, souhaitons-nous une Joyeuse
Naissance! Et que ce goût de naissance nous rejoigne et nous parle là où nous
en sommes dans la vie…