Choisir c'est être libre?
Notre ami, notre frère Jésus, obtient un certain
respect de la part des pharisiens de son temps, parce que, disent-ils, " tu
ne te laisses pas influencer par personne, tu ne fais pas de différence
entre les gens ". Puis une question piégée : " Permis,
oui ou non, de payer l'impôt à l'empereur? ". Réponse
du Seigneur : " Rendez à César ce qui est à César,
et à Dieu ce qui est à Dieu ". Ces quelques mots ont
fait le tour du monde religieux et politique. Ils n'ont pas fini de nous interroger.
Personnellement et socialement. Que penser à la veille des élections
attendues ou possibles de nos engagements face à César? Notre
goût de la confrontation et des sondages est tel que trouvons-nous le
temps d'écouter la question. Nous préférons parfois opposer
plutôt que vraiment écouter et distinguer. Dieu, nous dit-on,
c'est la religion. César, c'est la politique. Dieu c'est l'Eglise. César,
le gouvernement. Dieu à la maison : César dans la rue. Dieu :
le clergé César les laïques… Et caetara!
Une question demeure : qu'est-ce que concrètement, rendre à Dieu ce qui est à Dieu? Rendre à César, en 2005, ce qui est à César? N'est-ce pas se mettre au service de l'état? et du pouvoir? Parfois nous résistons. Et pour cause. Qui personnellement s'engage dans la vie politique risque sa réputation, celle de sa famille, sa santé. Le pouvoir médiatique fait que souvent la politique devient un spectacle, en résumé un combat de coqs… ou de poules. Soyons charitables! C'est qu'il en faut du nerf et des motivations pour s'y risquer.
Pourtant, il le faut. Les besoins de la société sont tels qu'il faut s'en mêler. Cependant, il y a des principes et des motivations qui viendront tout droit d'une lecture attentive de la Bible et en particulier des évangiles.
Des principes : Il est plus noble de donner sa vie au
bien général qu'à ses seuls petits intérêts
personnels; le temporel peut devenir le lieu du spirituel; le bien commun est
plus divin que le bien particulier. Nécessité de société à s'engager
vis à vis de la vie publique est affirmer son sens social, sa générosité,
voire et souvent son c œur, un cœur élargi.
Quoi de plus noble que de donner ainsi sa vie à plus
grand que soi. Nous n'oublions pas que notre frère Jésus s'est
fait chair et qu'aussi il a été citoyen romain, qu'il a vécu
dans un pays occupé, qu'il a quitté Nazareth pour monter à Jérusalem.
L'éducation publique se réalise souvent à travers la vie
tumultueuse de la politique et des partisanneries. La politique est le lieu
où l'on apprend parfois malgré soi, à vivre ensemble.
Qui rend à César ce qui est à César, solidaire
et concerné, cherche à sa manière des chemins d'avenir.
César ne survit qu'à cause de nous, qui nous mêlons de
politique et de bien public. Une parole d'un vieux pape (…je comprend
les vieux) confirme. C'était dans les temps de Mussolini, " La
politique, écrit Pie X1, est le domaine de la plus vaste charité ".
En rendant à César ce qui lui revient, je rends à Dieu
l'hommage de ma propre liberté; je lui rends hommage à cause
de mon droit de décision, de mon droit d'interroger, de discuter, voire
de blâmer… et je respecte ma conscience.
De ce point de vue, l'exemple du Christ est beau : il vivait en territoire occupé sous un empereur dont on disait qu'il était divin : il est un être libre, prêt à donner sa vie pour exprimer ses convictions personnelles, " Ma vie, je la donne de moi-même ", disait-il. Il nous donne sa vie, en même temps qu'il s'offre à son Père, et suit sa conscience. Même s'il vit sous l'occupation romaine, s'il accepte que la monnaie soit celle de César, cela ne l'empêche pas d'être cet homme engagé qui aime les pauvres, les oubliés, les non-rentables, les malades… le temporel, lieu spirituel! Ce que nous nous souhaitons : qu'il se trouve encore des gens libres, hommes, femmes, prêts à rendre à César ce qui appartient à César dans le but d'une meilleure appréciation du bien public.