Baptême d’Éléonore Lacroix-Rousseau
Pourquoi cet Évangile? Pourquoi avons-nous choisi ce texte? Laissez-moi
vous dire ce que nous y voyons, la force qui s’en dégage. Qui
ne s’en souvient pas? Pourtant, trop souvent on le lit rapidement, on
a l’impression de savoir à l’avance ce qu’il va nous
dire.
Les disciples sont d’abord dérangés, ennuyés par
les enfants et leur présence.
Le brouhaha des enfants les perturbe.
Tout à l’écoute de Jésus, ils sont concentrés
sur ses propos dont ils ne veulent rien perdre.
Ils sont là, sérieux, sages; tout leur corps traduit sans doute
leur écoute respectueuse du maître.
Ils sont dans la pensée, dans le travail de l’esprit.
Tout à coup surgit l’inattendu, le désordre, le trivial,
l’enfantin.
Quel adulte n’a jamais ressenti cet agacement, ce choc d’être
ramené à la vie dans ce qu’elle a de plus imprévisible
? Ce brutal retour dans l’urgence du présent…
Les disciples croient bien faire en tenant les enfants à l’écart,
or Jésus sait qu’on ne saurait discipliner l’énergie à l’état
brut, qu’il ne faut pas essayer de séparer l’esprit et la
vie, qu’il faut accueillir l’enfant tel qu’il est. Même
si cela déroute, défait tous nos plans, si rassurants. Il faut
laisser venir les petits enfants.
Cela veut aussi dire amener les enfants vers l’esprit, leur apprendre
la Parole, leur apprendre le sens de la communauté.
Nous vous amenons Éléonore, pour que vous nous aidiez à faire
sortir tout le soleil qu’il y a en elle.
Amener l’enfant dans la famille, dans le groupe, dans la société,
c’est aussi chercher à faire briller toute la lumière qui
est en chacun de nous, faire souffler l’esprit de la communauté.
Le baptême, geste d’accueil, marque le départ, la grande
initiation.
Avec l’eau lustrale, baptismale, coule la source première, vers
le fleuve, vers la mer.
De là commence le périple.
Amener l’enfant dans la communauté, c’est vous dire, aidez-la à accomplir
son voyage.
La communauté est un vaisseau qui porte chacun de l’enfance vers
l’âge adulte.
Le baptême d’Éléonore est pour nous le symbole de
notre engagement à l’ouvrir à l’esprit, sous toutes
ses formes, à l’amener à ce qui la dépasse, à lui
apprendre à se laisser porter par le souffle de l’esprit, vers
le monde, vers les autres.
Par le baptême, nous, parents, nous engageons.
Nous donnons un signe clair de notre foi, que nous désirons transmettre.
Comme mettre un enfant au monde est un acte de foi,
Le baptême, par l’eau et l’esprit, signifie notre foi.
Nous donnons à Éléonore des clés pour ouvrir les
portes de la communauté,
Nous lui faisons le don d’une appartenance.
En retour, l’enfant donne à la communauté du sens.
Le sens de sa continuité, le sens de l’héritage.
L’enfant questionne la communauté, la renvoie à l’essentiel.
L’enfant est un rappel des commencements.
L’enfant dérange.
Force vive, l’enfant oblige à un réarrangement.
Perturbateur, l’enfant remet en cause
L’enfant insuffle de la vie.